Pourquoi faut-il retraduire en français Mordecai Richler?

L’un des plus prestigieux Éditeurs francophones du Québec et du Canada, les Éditions du Boréal, a annoncé récemment qu’il a acquis les droits en langue française de cinq romans du grand écrivain anglo-montréalais, feu Mordecai Richler, décédé en 2001. 

Ces cinq titres, Son of a Smaller hero (1955), St. Urbain’s Horseman (1971), Joshua Then and Now (1980), Solomon Gursky (1989) et The Apprenticeship of Duddy Kravitz (1959), feront l’objet de nouvelles traductions signées par deux réputés traducteurs de l’anglais au français, Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

La publication de cette nouvelle traduction de cinq oeuvres majeures de Mordecai Richler s’échelonnera de 2015 à 2017.

“Personnage public controversé, mais romancier unanimement acclamé, Mordecai Richler compte parmi les plus grands noms de la littérature canadienne, et il est certainement, avec Leonard Cohen, l’écrivain anglo-montréalais qui jouit de la plus grande renommée internationale. Même si les romans de Richler se déroulent à Montréal et comptent parmi les plus célèbres incarnations littéraires de la Métropole, plusieurs traductions faites en France reflétaient une grande méconnaissance du contexte montréalais et québécois. D’autres traductions, effectuées au Québec il y a quarante ans, ont beaucoup vieilli”, expliquent les Éditions du Boréal dans un communiqué de presse. 

Ces nouvelles traductions, réalisées par des traducteurs québécois parmi les plus reconnus, permettront aux lecteurs habituels de Richler de “retrouver les romans qu’ils connaissent déjà dans un texte français aux accents plus fidèles aux œuvres originales”, et aux lecteurs plus jeunes de “découvrir un auteur de premier plan, dont les œuvres n’étaient, pour nombre d’entre elles, plus disponibles en français”.

Les nouveaux traducteurs des oeuvres de Mordecai Richler, Lori Saint-Martin et Paul Gagné, ont réalisé en tandem la traduction de plus d’une trentaine de titres, signés par les plus grands noms de la littérature canadienne-anglaise: Margaret Atwood, Anne-Marie MacDonald, David Homel, Miriam Toews, Gil Adamson…

Le premier titre de cette série littéraire dédiée à Mordecai Richler, Solomon Gursky, dans sa nouvelle traduction, paraîtra en mars et sera suivi de L’Apprentissage de Duddy Kravitz à la fin du mois d’avril.

Publiés en France par les Éditions Albin Michel, les principaux romans de Mordecai Richler ont été traduits en français de leur version originale en anglais par un traducteur chevronné, Bernard Cohen. 

Mais, au Québec, de nombreux lecteurs francophones de Mordecai Richler ont reproché à Bernard Cohen de ne pas connaître du tout Montréal et le Québec et d’ignorer leurs particularismes linguistico-identitaires. Ces lacunes dans la traduction en français sont très ostensibles quand Mordecai Richler parle de hockey.  Les noms de rues sont également mentionnés en anglais, comme St Urbain Street au lieu de Rue Saint-Urbain. Or, dans la toponymie montréalaise, “Road” se traduit par “Chemin”.  

Par ailleurs, on ne peut traduire l’œuvre romanesque de Mordecai Richler en éludant le contexte sociolinguistique montréalais et québécois. En effet, le bilinguisme de Montréal constitue un thème majeur dans la trame fictionnelle des romans de ce grand écrivain anglophone montréalais.