Un Dictionnaire du Cinéma israélien

Hélène Schoumann

Voici un livre unique et exceptionnel qui ravira tous les cinéphiles amateurs du 7ème Art israélien, qui sont de plus en plus nombreux dans les quatre coins du monde: Dictionnaire du Cinéma israélien. Reflets insolites d’une société (Éditions Cosmopole, 2013, 235 p.).

L’auteure de cet imposant Dictionnaire qui nous fait découvrir le Cinéma israélien sous tous ses angles et coutures: la journaliste française Hélène Schoumann.

Il n’existait pas jusque-là aucun ouvrage en français aussi complet sur le Cinéma israélien. Celui-ci n’a pas encore son équivalent en anglais, ni dans aucune autre langue étrangère, hormis l’hébreu.

Entrevue avec une grande passionnée du Cinéma israélien.

Canadian Jewish News: Qu’est-ce qui vous a motivée à écrire ce Dictionnaire du Cinéma israélien, fruit de nom­breuses années de recherche et d’une somme de travail impressionnante?

Hélène Schoumann: Je désirais écrire un Dictionnaire amoureux du Cinéma d’Israël, de ce pays magnifique et de ses gens. Ce livre n’est pas écrit comme un Dictionnaire ou une Encyclopédie. J’ai bâti patiemment ce livre hommage au Cinéma israélien selon mon coeur. Je relate mes rencontres avec des fi­gures de proue du Cinéma israélien, Ronit Elkabetz, Moshé Ivgy, Moni Moshonov… Je souhaitais que ce livre s’adresse au grand public. Je n’émets pas de jugements. J’avais juste envie de présenter chacune des pierres qui constituent l’édifice du Cinéma israélien. Je présente donc une chronologie croisée de grands films israéliens et je relate mes rencontres avec des réalisateurs et des acteurs israéliens renommés. Ce n’est pas un livre de cinéphile, mais d’amoureuse d’Israël. 

C.J.N.: Dans la Diaspora juive, nombreux sont ceux qui consi­dèrent que certains films israéliens ternissent substantiellement ­l’image d’Israël dans le monde. Cette cri­tique est-elle fondée? 

H. Schoumann: L’État d’Israël fait, en permanence, la une des médias du monde entier. Un vaste et déplorable débat sur la légitimité existentielle d’Israël, entretenu par des pans entiers de l’élite intellectuelle israélienne, a cours dans plusieurs milieux “bien-pensants” du monde occidental. Il est vrai qu’à un État fort, démocratique, sûr de son bon Droit, correspond une critique forte. Israël avec son Cinéma le démontre amplement. Ce qui caractérise particulièrement le Cinéma israélien d’aujourd’hui, c’est un vent de liberté. On peut tout dire, tout montrer, tout critiquer… souvent avec l’appui des Fonds publics israéliens. C’est ce qu’on a reproché par exemple au controversé, mais excellent, film d’Ari Folman, Valse avec Bachir. Dans la Diaspora juive, on fait grief souvent à Israël d’être une société ultra-démocratique qui finance et diffuse, par le biais de films réalisés par des jeunes cinéastes israéliens, en l’occurrence des documentaires tels que 5 Broken Cameras, The Gatekeepers… sa propre mise en accusation.

C.J.N.: Le Cinéma israélien d’aujourd’hui décrypte une société complexe et les problèmes qui la tourmentent.

H. Schoumann: Oui. Le principal credo du cinéma israélien d’aujour­d’hui est: “en dé­­mystifiant un pays et sa société, on parvient à réaliser des films plus puissants au niveau émotionnel”. Ce principe s’applique parfaitement à des films israéliens qui ont connu un grand succès ces dernières années, aussi bien en Israël qu’au niveau international: La visite de la Fanfare d’Eran Kolirin; Mariage tardif de Dover Kosashvili; Les Méduses d’Edgar Keret et Shira Geffen… Il y a deux metteurs en scène israéliens que j’adore, Avi Nesher et Eytan Green. Ils ont réalisé des films exceptionnels qui ne traitent ni de la guerre, ni du conflit israélien, ni des relations acrimonieuses entre Juifs orthodoxes et Juifs laïcs, mais qui re­latent avec beaucoup de brio des histoires ordinaires vécues par des gens ordinaires. Les films magistraux d’Avi Nesher et Eytan Green sont rarement diffusés à l’étranger parce que les thèmes abordés par ces derniers intéressent très peu les distributeurs de films israéliens européens, américains, asiatiques…

C.J.N.: Le Cinéma israélien connaît aujourd’hui un grand succès à l’échelle mondiale. Quels sont les principaux ingrédients de cette belle réussite?

H. Schoumann:  Israël a une production cinématographique très intense. Chaque année, une vingtaine de films sont produits. C’est énorme pour un petit pays qui compte à peine 8 millions d’habitants. Les grands atouts du Cinéma israélien d’aujourd’hui: son énergie; la grande originalité de ses scénarios; le jeu de ses acteurs; son humour, souvent corrosif; sa capacité à aborder des thèmes universels; son audace à traiter ouvertement des sujets encore tabous dans d’autres sociétés: l’homosexualité; la violence conjugale; les relations incestueuses… 

Le Cinéma israélien a de très beaux jours devant lui. De plus en plus de pays s’intéressent au Cinéma israélien. Pour preuve: le nombre de coproductions cinématographiques israélo-allemandes, israélo-américaines, israélo-fran­çaises… continue de croître. Depuis la fin des années 1990, le Cinéma israélien est devenu incontournable dans le monde du 7ème Art. Primés dans les plus grands Festivals de cinéma internationaux, les films de jeunes réalisateurs israéliens interpellent, fascinent et suscitent l’intérêt des critiques et du public dans le monde entier.

In an interview, French journalist Hélène Schoumann talks about her recent book, a “dictionary” of Israeli film.