Un Film émouvant à la Mémoire d’Ilan Halimi

24 Jours, le nouveau film du réputé cinéaste Alexandre Arcady, est un thril-ler haletant et bouleversant sur la sinistre Affaire Ilan Halimi, un jeune Juif français kidnappé, martyrisé et cruellement assassiné il y a huit ans par un Gang de voyous virulemment antisémites.

Ce film très poignant, encensé unanimement par les critiques de Cinéma français, est basé sur le livre autobiographique écrit par Ruth Halimi, mère de la victime.

24 Jours. La vérité sur l’Affaire Ilan Halimi sera présenté en avant-première à Montréal le 2 juin, à 20h, au Cinéma Impérial -1430 Rue de Bleury.

Cet Événement est organisé par l’Alliance Israélite Universelle Canada.

Pour plus d’informations, appeler Philippe Elharrar au 514-345-2656. Billetterie : 514-733-4998.

Alexandre Arcady, qui sera présent à cette Soirée, a accordé une entrevue au Canadian Jewish News.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à porter à l’écran l’horrible histoire d’Ilan Halimi?

 

À l’hiver 2006, l’ignoble assassinat d’Ilan Halimi avait profondément bouleversé la France. On a tous été effarés et décontenancés par ce crime ignominieux. Comment est-ce possible qu’un jeune Français au motif qu’il était de confession juive ait été enlevé, supplicié et assassiné aussi cruellement à Paris pour des motifs invraisemblables? Au fond, 24 Jours, c’est un film sur la bêtise. L’antisémitisme étant une des formes de la bêtise humaine, basée sur des amalgames absurdes, tels que Juif=riche, Juif=solidarité communautaire…

 

Des stéréotypes antisémites tenaces.

 

Il suffit de jeter un coup d’œil aux statistiques nationales françaises sur le phénomène de la pauvreté pour constater que les motifs qui ont incité les bourreaux d’Ilan Halimi à perpétrer ce meurtre barbare sont totalement fallacieux. Aujourd’hui, environ 16% des Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Or, 16% des Juifs en France vivent aussi sous le seuil de pauvreté. On à affaire à des schémas antisémites qui sont d’une bêtise crasse et qui rappellent les pages les plus sombres du Nazisme et de la Shoah. J’ai fait ce film parce que je voulais que le martyr d’Ilan Halimi serve à donner l’alerte, à rappeler l’absurdité d’un acte aussi infâme. Ilan a été tué au nom d’idées nauséabondes et imbéciles.

 

L’Affaire Ilan Halimi n’est-elle pas la résultante d’une réalité délétère et très dérangeante qui sévit en France depuis plusieurs années: le déni de réalité de beaucoup de Français? 

 

En 2006, j’avais remarqué que bon nombre de Français non-Juifs percevaient l’Affaire Ilan Halimi avec du “recul”. On entendait alors: “Vous en faites trop vous, les Juifs”, “C’est une Affaire crapuleuse qui n’a rien à voir avec l’antisémitisme”… J’ai voulu aussi faire ce film parce que j’avais le sentiment qu’on allait vite oublier Ilan Halimi, ce qui malheureusement a été le cas, au profit de ses bourreaux, le “Gang des barbares” de Youssouf Fofana. Or, un pays qui garde en Mémoire les noms des bourreaux et oublie le nom de leur victime, c’est un signe patent que le pays en question va mal.

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Il a fallu que la famille d’Ilan Halimi mène un combat courageux et fougueux pour que la Justice française reconnaisse le caractère antisémite de ce meurtre odieux. C’est hallucinant!

 

Ruth Halimi et sa famille ont eu l’impression qu’Ilan était mort une deuxième fois quand le Magistrat chargé d’instruire cette horrifiante Affaire a refusé de reconnaître la circonstance aggravante d’antisémitisme. Outrée par cette décision, Ruth Halimi, encore en plein deuil de son fils, décida de monter au créneau pour contester cette décision judiciaire incompréhensible.

 

Pour quelles raisons, dans un premier temps, le Magistrat n’a-t-il pas voulu reconnaître le caractère antisémite, pourtant très évident, de l’assassinat d’Ilan Halimi?

 

Nous sommes là dans le terreau des suppositions. Le crime d’Ilan Halimi a été perpétré six mois après les émeutes dans des banlieues chaudes qui ont embrasé la France à l’été 2005. Le Magistrat en charge de cette Affaire a-t-il été influencé par un vieux principe: ne pas mettre de l’huile sur le feu, ne pas stigmatiser, ou désigner, des gens qui pourraient réagir violemment? On a l’impression que ce Magistrat ne souhaitait pas qu’on mette l’accent sur une réalité très hideuse qui sévit en France depuis le début des années 2000: la recrudescence d’un antisémitisme violent et débridé. Il aura fallu le courage d’une mère, la détermination du Ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, et l’exaspération d’un Premier ministre, Dominique de Villepin, pour que le Jugement soit revisité et qu’une peine pénale plus importante, du fait du caractère antisémitisme de ce forfait, soit infligée aux auteurs de ce crime odieux.

 

Espérez-vous que le film 24 Jours contribuera à contrer la banalisation de l’antisémitisme qui a cours en France aujourd’hui?

 

Je crois que non. Mais on ne peut pas rester inactifs. Il était nécessaire de faire ce film. Est-ce que ça changera les mentalités? Je n’en suis pas sûr. La France est aujourd’hui dans une situation assez difficile. L’antisémitisme, la xénophobie et l’exclusion sociale ne cessent de proliférer. La  banalisation de l’antisémitisme est alimentée par un amalgame très pernicieux entre Juifs et Israël. On l’a vu dernièrement dans une émission de Télévision ayant une très forte cote d’écoute -On n’est pas couché, diffusée sur France 2-, où un chroniqueur a mis sur le même pied le martyr et l’assassinat d’Ilan Halimi et le conflit israélo-palestinien. Ce type d’amalgame a des effets désastreux sur les mentalités, déjà détraquées, de certains esprits malformés. n

 

In an interview, filmmaker Alexandre Arcady talks about his latest film, 24 Jours. La vérité sur l’Affaire Ilan Halimi, which will be previewed June 2, 8 p.m., at the Imperial Cinema as a fundraiser for the  Alliance Israélite Universelle Canada.