Sarah Ettedgui Présidente du Centre Hillel-U.D.M.

De gauche à droite: Sarah Ettedgui, Présidente du Centre Hillel-U.D.M., Laurent Aflalo, Président sortant du Centre Hillel-U.D.M., et Tamara Ohnona, Coordonnatrice des Programmes offerts par le Hillel Montreal sur les Campus des Cégeps et des Universités mont­réalaises.

Décidément, depuis deux ans, les choses ont beaucoup changé au Centre Hillel -Association des étudiants Juifs francophones de Montréal. Les étudiants Juifs de Mont­réal, anglophones et francophones, sont désormais représentés dans les Campus des Universités et des Cégeps par un seul Organisme fédératif, le Hillel Montreal. Dans le passé, un étudiant universitaire anglophone présidait le Hillel Students’ Society et un étudiant universitaire francophone présidait le Centre Hillel. Ce modèle organisationnel est révolu. Depuis le début de l’année académique 2011-2012, un seul étudiant universitaire préside l’Instance représentative des étudiants Juifs de Mont­réal, le Hillel Montreal. Actuellement, c’est Ryan Peters qui assume bénévolement cette fonction.

Le Centre Hillel, sis sur la Rue Gatineau, dans le quartier Côte-Des-Neiges, conti­nue à accueillir et à offrir des Programmes socio-récréatifs et culturels aux étudiants Juifs fréquentant les Universités et les Cégeps francophones montréalais, rappelle Sarah Ettedgui, Présidente du Centre Hillel à l’Université de Mont­réal.

“Depuis sa fondation au début des années 70, le Centre Hillel a joué, et continue de jouer, un rôle important dans la vie étudiante juive fran­co­phone. Il est vrai que cette Institution, qui continue à desservir de son mieux les étudiants Juifs fréquentant les Cégeps et les Universités fran­co­phones de Montréal, est désormais confrontée à de grands défis, dit-elle.  Aujourd’hui, la majorité des étudiants Sépharades francophones pour­suivent leurs études post-secondaires et supérieures dans les Cégeps et les Universités anglophones. Un bon nombre d’étudiants Ashkénazes anglophones poursuivent leurs études universitaires dans des Institutions académiques francophones, notamment à l’Université de Montréal, en Droit et en Médecine. C’est un change­ment sociologique majeur que nous devons absolument prendre en considération.”

Sarah Ettedgui, 21 ans, est finissante au Programme de Baccalauréat en Psychologie de l’Université de Mont­réal et ­Assistante de Recherche au Centre de Recherche de l’Institut universitaire de Gériatrie de ­Montréal.

En effet, à Montréal, le modèle sociologique de la Communauté juive a connu des changements importants ces dernières années. Les clivages culturels et lingui­stiques qui séparaient jadis les Ashkénazes et les Sépharades se sont progressivement estompés. Le nouveau modèle organisationnel que le Hillel s’escrime à bâtir reflète ces changements sociologiques majeurs, précise Tamara Ohnona, Coordonnatrice des Programmes offerts par le Hillel dans les Campus des Cégeps et des Universités anglophones et francophones de Montréal.

“L’ancien modèle institutionnel du Hillel, qui séparait d’une manière très ostensible les Ashkénazes et les Sépharades, n’était plus fonctionnel. Aujourd’hui, les jeunes Sépharades et les jeunes Ashkénazes montréalais sont bilingues. Ils fréquentent  les mêmes Cégeps et Universités et se côtoient quotidiennement. Ils partagent la même vision de l’avenir. L’heure est désormais à l’unité. Les étudiants Juifs montréalais veulent s’exprimer d’une seule Voix”, ajoute Tamara Ohnona.

L’arrivée de plusieurs centaines d’étudiants Juifs étrangers dans les universités francophones du Québec est certainement “un grand atout” pour le Centre Hillel et pour la Communauté juive de Montréal, estime Sarah Ettedgui. 

“Les étudiants Juifs étrangers, ori­gi­naires de France, de Belgique, de Suisse, du Maroc… sont chaque année plus nombreux. Pour beaucoup d’entre eux, le Centre Hillel est un Foyer accueillant et chaleureux qu’ils aiment fréquenter. Ces derniers participent assidûment aux activités que nous organisons. Ils s’impliquent avec entrain dans nos Comités de travail.”

Y a-t-il actuellement des tensions entre des étudiants Juifs et Arabes à l’Université de Montréal et dans les Campus des deux Écoles affiliées à cette Institution académique mont­réalaise, l’École des Hautes Études Commerciales (H.E.C.) et l’École Polytechnique?

“Il y a eu un regain de tension pendant la dernière Guerre à Gaza qui a opposé Israël aux milices terroristes du Hamas. En général, dans les Campus de l’Université de Montréal, l’atmosphère est assez détendue. Les accrochages entre étudiants Juifs et Arabes sont assez rares. À l’Université de Montréal, le militantisme propalestinien a toujours été moins virulent que dans les autres Universités mont­réalaises, notamment l’Université Concordia”, a constaté Sarah Ettedgui.

Le militantisme et l’Advocacy pro-Israël ont-ils pignon sur rue dans les Campus de l’Université de Montréal?

“Nous essayons de transmettre des messages pro-Israël aux étudiants non-Juifs et non-Musulmans de l’Uni­versi­té de Mont­réal d’une manière intelligente, efficace et non agressive. La confrontation s’est toujours avérée une stratégie futile. Nous préférons expliquer à nos interlocuteurs non-Juifs ce qu’est réellement Israël, une démocratie vibrante qui défend vigoureusement tous ses citoyens et est contrainte de se défendre lorsqu’on remet en question la légitimité de son existence -quelle nation démocratique et civilisée ne réagirait pas de la même manière?-, dans le cadre d’un dialogue serein, franc et constructif”, explique Sarah Ettedgui.

Le Centre Hillel souhaite renforcer ses relations avec la F.A.É.C.U.M. -la Fédération des Associations étudiantes du Campus de l’Université de Mont­réal- et les différents Regroupements culturels établis à l’Université de Mont­réal.

“Ne nous leurrons pas! L’anti­sio­nisme n’émane pas uniquement des cénacles étudiants arabo-musulmans. L’hostilité affichée à l’endroit de l’État d’Israël sévit aussi dans les milieux étudiants non-musulmans. Les Juifs, le Judaïsme et Israël sont fort mal connus dans les milieux cégépiens et universitaires québécois, où l’on a souvent une image très caricaturale et tronquée de tout ce qui a trait au Judaïsme et à Israël. C’est pourquoi il est impératif pour nous de développer des relations étroites avec les membres de la F.A.É.C.U.M. et les Associations culturelles étudiantes actives sur les Campus de l’Université de Montréal. Un dialogue assidu entre étudiants Juifs et non-Juifs ne pourra être que bénéfique pour les deux parties, dit Sarah Ettedgui. Nous comptons convier prochainement les dirigeants et les membres de la F.A.É.C.U.M. à des conférences et des séances d’information sur Israël qui seront organisées par le Centre Hillel en étroite collaboration avec le Centre Consultatif des Relations Juives et Israéliennes (C.I.J.A.), Instance représentative officielle des Juifs du Canada pour toutes les questions concernant Israël.”

Est-il difficile de sensibiliser et mobiliser les étudiants Juifs de l’Université de Montréal pour qu’ils défendent la cause d’Israël sur les Campus de cette Institution universitaire?

“Il est vrai qu’à l’instar des autres étudiants universitaires québécois, les étudiants Juifs sont aussi très occupés par leurs études, auxquelles ils consacrent la majeure partie de leur temps. Mais, la majorité de ces étudiants ne sont jamais restés indifférents quand Israël est vilement dénigré sur les Campus. Les attaques contre la légimité existentielle d’Israël sont une exaction abjecte qu’ils n’acceptent pas”, a constaté Tamara Ohnona.

 

Sarah Ettedgui, Centre Hillel president at the Université de Mont­réal, talks about how Hillel helps bring together anglophone and francophone students, and welcomes students from other countries.