Jérusalem. Cri du coeur ou Appel à la raison?

De gauche à droite: Jacques Sabbag, membre du Comité “Conférences” de la Congrégation Or Hahayim, le Professeur Julien Bauer, son épouse, Sarah Bauer, et Charles Barchechath, Président de Radio Shalom et du Comité “Conférences” d’Or Hahayim.

“Les décisions qu’on est en train de prendre aujourd’hui à Jérusalem seront capitales pour les générations et les siècles à venir. À Jérusalem, toute demeure érigée sur une colline par des Arabes, de façon légale ou illégale, appartiendra à ces derniers pendant des siècles et toute demeure édifiée sur une colline par des Juifs sera la propriété de ces derniers pendant des siècles. Si on ne comprend pas ça, on n’a rien compris!”

Le politologue Julien Bauer, Professeur à l’Université du Québec à Montréal, croit résolument que la “Bataille” qu’Israéliens et Palestiniens se livrent aujourd’hui pour le contrôle des “secteurs névralgiques” de Jérusalem est “très cruciale” pour l’avenir d’Israël et du peuple juif.

D’après ce spécialiste reconnu d’Israël et du conflit israélo-arabe, ce n’est pas par altruisme, ni par pur hasard, qu’en 1948, le Père bâtisseur de l’État d’Israël, David Ben Gourion, “un laïque invétéré insensible aux injonctions toraniques évoquant l’attachement viscéral, plusieurs fois millénaire, du peuple juif à Jérusalem”, donna aux soldats israéliens l’ordre de défendre fougueusement cette Ville sainte lorsque les Armées des pays arabes limi­trophes attaquèrent l’État juif naissant pour l’annihiler.

“David Ben Gourion aurait pu se limiter à défendre la plaine côtière s’éten­dant de Tel-Aviv à Haïfa, qui était le coeur du nouvel État juif. Il décida cependant que Jérusalem serait une priorité absolue pour les Forces de Défense d’Israël. David Ben Gourion avait parfaitement compris qu’Israël sans Jérusalem, c’était un corps sans coeur. Même lui qui n’était pas croyant, et ne sentait pas le Chana Haba’a BeYerushalayim, a compris que si Israël ne comprenait pas Jérusalem, il y aurait un trou massif”, rappela Julien Bauer au cours de la conférence, intitulée “Jérusalem. Cri du coeur ou Appel à la raison?”, qu’il a donnée à la Congrégation sépharade Or Hahayim de Côte Saint-Luc.

Julien Bauer, qui est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la société israélienne et le conflit israélo-arabe, a publié en 2012 un livre auto­bio­gra­phique remarquable et très captivant dans lequel il présente les multiples facettes, très méconnues, de Jé­ru­sa­lem par le biais de nombreuses expé­riences personnelles qu’il a vécues durant les sept années sabbatiques qu’il a passées dans cette Cité phare du Judaïsme -Sept années à Jérusalem (Éditions du Marais).

“Si les Juifs n’ont pas le droit à exercer pleinement leur souveraineté sur Jérusalem, ils n’auront aucune légitimité non plus à exercer leur souveraineté sur Tel-Aviv, car cette Ville sera considérée alors comme une colonie de peuplement juif”, souligna Julien Bauer.

Aujourd’hui, une “politique déli­bé­rée” issue d’une “Alliance bizar­roïde” forgée entre des gau­chistes, des paci­fistes, et même certaines élites politiques israéliennes, s’échine à “créer une division entre le peuple juif et sa Capitale historique et éternelle, Jérusalem”, soutient Julien Bauer.

Ces farouches partisans de la division de Jérusalem essayent de “mi­ni­mi­ser” l’attachement traditionnel des Juifs à cette Ville -l’An prochain à Jérusalem-, de “ridiculiser” les droits nationaux du peuple juif, de ne pas voir les problèmes de Sécurité -“supposez qu’il y ait des quartiers palestiniens indépendants à Jérusalem. Si un terroriste palestinien perpètre un attentat dans le Secteur juif de la Ville, Israël ne pourra plus poursuivre et arrêter ce tueur sur le Territoire d’un État palestinien indépendant”, nota Julien Bauer.

Parmi les plus ardents promoteurs de la division de Jérusalem, on re­trouve deux anciens Premiers Mi­ni­stres d’Israël: Ehoud Barak et Ehoud Olmert, rappela-t-il. 

“Israël est le seul pays au monde où un Premier Ministre peut non pas vendre, mais donner la Capitale nationale sans être condamné. Dans la majorité des pays, ce dernier serait passible de la prison à vie. Ehoud Barak a dit clairement que le Har Habayit -le Mont du Temple- appartient aux Palestiniens, mais que les Juifs sont les seuls détenteurs de la souveraineté céleste sur ce Lieu sacré pour la Tradition juive. Si Yasser Arafat avait accepté en 2000 la généreuse et démentielle proposition d’Ehoud Barak -offrir aux Palestiniens la moitié de Jérusalem-, les Juifs auraient été contraints de renoncer définitivement à leur souveraineté sur cette Ville socle du Judaïsme. C’est de la folie furieuse!”

Julien Bauer est fort pessimiste en ce qui a trait aux perspectives futures des négociations entre Israël et l’Autorité Palestinienne.

“Les Arabes palestiniens ne veulent pas d’un État palestinien, qu’on arrête de nous casser les pieds avec ça! S’ils le voulaient réellement, ils auraient pu avoir cet État depuis 1948. C’est ce que leur proposa les Nations Unies en 1947. Israël accepta le Plan de partage onusien de la Palestine, les Arabes le rejettèrent catégoriquement.  Supposez que tous les pro­blèmes entre Israël et les Arabes soient réglés, les Palestiniens s’entretueraient entre eux, comme d’autres Arabes le font aujourd’hui en Syrie, en Irak, en Tunisie… Ce qu’il leur faut c’est une excuse pour ne pas avoir un État palestinien indépendant. Jérusalem, c’est l’excuse idéale!”

Charles Barchechath, Président de Radio Shalom et du Comité “Conférences” de la Congrégation Or Hahayim, fut le modérateur de cette conférence.

 

Montreal political pundit Julien Bauer recently gave a talk on Jerusalem, looking at the city’s importance for Israelis and Arabs.