‘La Conférence de Paris va exacerber la haine d’Israël’

Olivier Rafowicz

En parrainant et en organisant le 15 janvier à Paris une Conférence internationale sur le Proche-Orient, sans la participation des Israéliens et des Palestiniens, bien qu’ils aient été conviés officiellement, la France a de nouveau “trahi” Israël, lance tout à trac en entrevue depuis Jérusalem le Colonel de réserve de Tsahal, Olivier Rafowicz, ancien porte-parole de l’Armée israélienne auprès de la presse internationale durant la seconde Intifada palestinienne et la seconde guerre du Liban et aujourd’hui analyste politique sur la chaîne d’information continue franco-israélienne I24 News.

“Cette Conférence internationale, à laquelle participeront 70 pays, prendra les allures d’un “Tribunal” qui n’aura qu’une seule obsession: condamner Israël et contraindre le gouvernement de Jérusalem à faire d’énormes concessions aux Palestiniens en échange de strictement rien. Les buts de cette Conférence: diviser Jérusalem; entériner officiellement la résolution 2334 adoptée le 23 décembre dernier -un soir de Shabbat– par le Conseil de sécurité de l’ONU, condamnant la construction par Israël de nouveaux logements à Jérusalem et en Judée-Samarie… Chose certaine: cette Conférence, qui est très dangereuse pour la sécurité dans la région, veut imposer à Israël des résolutions inéquitables qui ne pourront pas être mises en œuvre dans le contexte acrimonieux qui sévit actuellement au Proche-Orient”, estime Olivier Rafowicz.

Cette Conférence internationale sur le Proche-Orient, organisée à l’initiative de la France, ajoute-t-il, va “exacerber la haine à l’endroit d’Israël” et “donner du carburant aux terroristes palestiniens qui auront le vent en poupe après cette Conférence de la honte”.

D’après Olivier Rafowicz, la Conférence de Paris sur le Proche-Orient n’est qu’une “grande tromperie” visant à “clouer au pilori Israël” et à “affranchir les gouvernants palestiniens de leurs responsabilités internationales”.

Le 15 janvier, Olivier Rafowicz a organisé une manifestation devant l’Ambassade de France à Tel-Aviv pour protester contre la tenue de cette Conférence internationale qui s’est fixé comme principal objectif de “sauver la solution des deux États”.

“Il y a aujourd’hui au Moyen-Orient et dans d’autres endroits du monde d’autres problèmes plus graves que le contentieux entre Israël et les Palestiniens. Avant de s’occuper d’Israël et des Palestiniens, la France devrait plutôt s’atteler à attaquer de front ses nombreux problèmes nationaux”, dit Olivier Rafowicz.

D’après cet ex-directeur de l’Agence Juive, la “campagne de dénigrement” menée actuellement contre le Premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahou, est “injuste” et “très dommageable pour la démocratie israélienne”.

“Ceux qui veulent absolument s’en prendre à Benyamin Netanyahou en Israël ou à l’extérieur du pays pensent avoir la science infuse pour trouver la solution aux problèmes d’Israël. La gauche israélienne n’a pas non plus une solution viable à proposer. À l’instar des autres nations démocratiques occidentales, Israël est aussi confronté quotidiennement au grand fléau du XXIe siècle: la violence de l’intégrisme islamiste.”

Les Israéliens, poursuit Olivier Rafowicz, n’ont pas le droit de commettre une seule erreur au chapitre de leur sécurité nationale, vitale pour leur survie.

“Les négociations avec les Palestiniens, c’est très bien. Les compromis, c’est très bien aussi. Mais si les garanties inhérentes à tout compromis ne sont pas satisfaisantes pour Israël, peu importe le gouvernement au pouvoir à Jérusalem, celui-ci ne doit d’aucune manière conclure un traité de paix creux qui ne sera jamais implémenté. L’échec des accords israélo-palestiniens d’Oslo est la concrétisation patente de ce sombre scénario politique. C’est pourquoi les Israéliens doivent être très prudents.”

D’après Olivier Rafowicz, la question des “implantations” israéliennes à Jérusalem et en Judée-Samarie n’est qu’un “exutoire” ressassé par les Palestiniens et certains pays occidentaux, notamment européens, pour forcer Israël à faire des concessions majeures aux Palestiniens.

“Est-ce que vous croyez sincèrement que l’accélération de la construction de nouveaux logements en Judée-Samarie et à Jérusalem est le vrai problème? En 2005, Israël s’est retiré unilatéralement de Gaza. Qu’est-ce qu’il a reçu en contrepartie? Des milliers de roquettes. En 2000, Israël s’est aussi retiré unilatéralement du Sud-Liban, avec l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU. Qu’a-t-il reçu en échange? Deux guerres au Liban. Aujourd’hui, les Palestiniens sont plus radicalisés que jamais. Ils nous prouvent chaque jour qu’ils récusent le moindre compromis avec Israël. Ce n’est pas parce que tu donnes que tu reçois la paix en échange. Jusqu’ici, les Israéliens n’ont reçu en contrepartie que des salves de roquettes destructrices et des coups de couteaux très meurtriers.”

Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, la droite israélienne la plus radicale, qui constitue une frange importante de la coalition gouvernementale dirigée actuellement par Benyamin Netanyahou, jubile.

Olivier Rafowicz ne partage pas du tout cet engouement.

“Il n’y a pas le moindre doute que la politique moyen-orientale de Donald Trump sera plus favorable à Israël que celle qui a été menée par son prédécesseur, Barack Obama, pendant huit ans. Mais considérer Donald Trump comme un “Messie politique”, c’est un grand leurre. Ce n’est pas à nous, Israéliens, de dire au nouveau président démocratiquement élu des États-Unis comment faire et quoi faire. C’est une très grave erreur. La seule chose qui doit nous rassurer c’est que dans la vision politique défendue par Donald Trump un terroriste est un terroriste, un islamiste est un islamiste, un assassin islamiste n’est pas un déséquilibré ou quelqu’un qui a des problèmes sociaux… Les Israéliens et les Américains mènent la même guerre contre le même ennemi: les islamistes intégristes.  Sur ce plan-là, Israéliens et Américains continueront à parler le même langage.”