Un grand leader nous a quittés, Jo Benarrosh

Joseph Benarrosh Z.’L.’ (à droite) en compagnie de son grand ami Yehuda Lancry, ancien Ambassadeur d’Israël en France et à l’O.N.U, à Casablanca, en 2010, à l’occasion d’un Colloque sur les Relations entre Juifs et Musulmans Marocains.

La Communauté Sépharade du Québec et du Canada est en deuil. Elle vient de perdre l’un de ses leaders les plus dévoués, dynamiques et charismatiques, Joseph Benarrosh Z.’L.’, décédé le 29 septembre.

Tous ceux et celles qui ont eu le privilège de côtoyer feu Joseph Benarrosh garderont de lui le souvenir indélébile d’un être affable, perspicace, très généreux, cultivé, doté d’un grand sens de l’humour, qui écoutait toujours attentivement ses interlocuteurs.

Pour son proche ami Michel Chokron, ancien Président de la Communauté Sépharade du Québec et de l’École Maïmonide de Montréal, qui le connaissait intimement depuis quarante-six ans, Joseph Benarrosh était “un leader communautaire hors pair” qui s’est toujours impliqué avec “une abnégation inouïe” dans de grands projets et causes communautaires.

“Joseph a été l’un des principaux bâtisseurs de la Communauté sépharade institutionnelle de Montréal. Il adorait profondément le Séphardisme et l’État d’Israël. Il était un Sioniste invétéré, rappelle Michel Chokron. Il avait une élégance humaine profonde. Pour moi, Joseph était un Noble Sépharade. Issu d’une Famille de grands communautaires, il a toujours été un leader très respecté dont on appréciait beaucoup son franc-parler, parfois tonitruant, et ses conseils très judicieux. Il était aussi très respecté dans la Communauté Ashkénaze de Montréal.”

Pour Sylvain Abitbol, actuel Président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec et ancien Président de la FÉDÉRATION CJA de Montréal, Joseph Benarrosh était un “leader entier, humble et très intègre” qui a toujours aimé “relever de grands défis communautaires”.

“Dans une Communauté, il y a ceux qui pensent et ceux qui agissent. Joseph Benarrosh était un leader très entreprenant qui pensait et agissait en même temps. Les écueils auxquels il pouvait se heurter ne l’ont jamais découragé.”

Au niveau communautaire, Joseph Benarrosh a assumé bénévolement des fonctions majeures: Président de la Communauté Sépharade du Québec; Président de la Campagne sépharade de l’Appel Juif Unifié de la FÉDÉRATION CJA; Président de la Fédération Sépharade Canadienne; Membre de l’Exécutif de la Fédération Sépharade Mondiale et de l’Organisation Sioniste Mondiale

Son ami Élie Benchetrit, qui a  travaillé très étroitement avec lui durant son mandat de Président de la Fédération Sépharade Canadienne, se rappelle très ému d’un “leader remarquable qui s’est toujours distingué par sa droiture, sa rigueur, sa vision communautaire et, surtout, son côté attachant”.  

“Si je devais définir Joseph Benarrosh en un mot, je n’hésiterais pas à dire “fidèle”. Fidèle à sa Famille, à ses Amis, à sa Communauté et, bien évidemment, à son Héritage judéo-marocain. Joseph était un homme qui visait l’excellence dans tout ce qu’il entreprenait, rappelle Élie Benchetrit. Exigeant envers ses collaborateurs, il l’était également envers lui. Je garde un souvenir inoubliable de sa chaleur humaine, de son humour cinglant et de son grand charisme. Joseph appartenait à cette race de Seigneurs, celle qui est la marque des grandes Familles juives marocaines. Une noblesse d’âme qui ignore l’ostentation et le désir de s’afficher à tout prix. Joseph était tout simplement un gentleman et un homme d’honneur. Il va cruellement me manquer.” 

Financier chevronné -il était Président de J.D.D.S. Capital Inc., une Firme conseil en financement d’entreprises-, Joseph Benarrosh était aussi un leader très respecté dans les milieux politiques et la société civile québécois.

En 1999, le gouvernement de Lucien Bouchard le nomma membre du conseil d’administration de Loto-Québec. En 2002, le premier ministre du Québec de l’époque, Bernard Landry, le nomma membre du prestigieux conseil d’administration d’Hydro-Québec

Deux nominations importantes, qu’il qualifia d’“immense privilège” et de “grand honneur”, qui, à ses yeux, “distinguaient aussi la Communauté Sépharade du Québec”.

Lors d’une entrevue qu’il accorda au Canadian Jewish News à l’occasion de la nomination de Joseph Benarrosh au conseil d’administration d’Hydro-Québec, le premier ministre du Québec, Bernard Landry, loua élogieusement les grandes qualités professionnelles et humaines de ce leader très engagé dans la société civile québécoise.

“Joseph Benarrosh est une synthèse réussie de ce que l’Orient et l’Occident ont de mieux à offrir. Le mariage de la disponibilité et de l’hospitalité avec la constance et l’efficacité. Joseph Benarrosh a tissé une merveilleuse toile entre sa nouvelle patrie, le Québec, son pays d’origine, le Maroc, et sa matrie, l’État d’Israël. Sa contribution au conseil d’administration de Loto-Québec est remarquable et remarquée. Je ne voulais pas me priver de sa contribution au développement d’Hydro-Québec”, déclara le premier ministre du Québec, Bernard Landry -entrevue publiée dans l’édition du Canadian Jewish News du 10 janvier 2002.

Son très proche ami et ancien collègue de travail, Daniel Amar, ex-conseiller des premiers ministres du Québec Bernard Landry et Pauline Marois et ancien directeur général du Congrès juif québécois, se rappelle avec une vive émotion d’un “homme exceptionnel qui dans ce monde de trahisons et de petites lâchetés incarnait la force des convictions, la dignité et l’intégrité”. 

“Je vis douloureusement le départ de celui qui a été mon associé, mon Ami et mon confident. Bernard Landry ne s’était pas trompé en nommant Joseph administrateur de Loto Québec et plus tard d’Hydro-Québec. Le premier ministre Landry avait même caressé l’ambition de le nommer ministre. Joseph avait décliné l’offre parce que ses enfants étaient sa priorité. Par discrétion et humilité, il a fait de cette histoire notre secret. Joseph en imposait par sa générosité, son sens de la solidarité et son humanité. Il y a moins d’une semaine, il avait accepté, malgré son extrême fatigue, de rencontrer ma fille, Laetitia, venue lui dire adieu. Simple témoin de ce dialogue intense entre Joseph et ma fille, où les larmes se mêlaient aux rires et aux taquineries, je lui ai avoué qu’il laisserait un vide immense pour ma Famille. Il m’a sobrement invité, avec un sourire discret, à économiser les superlatifs. Je respecte ici son dernier souhait. Mais je sais que mon commentaire d’aujourd’hui ne rend pas justice à la véritable dimension de mon Ami Joseph”, nous a confié Daniel Amar.   

Joseph Benarrosh laisse dans le deuil ses deux enfants, Jérémy et Sarah, sa mère, Messody, ses sœurs, Cécile et Penny, et ses frères, Ralph et Lucien Benarrosh.

Nous tenons à leur exprimer nos plus sincères condoléances.