Le Judaïsme et la Science politique

Dans la photo, de gauche à droite: Guy Bouthillier, Professeur émérite de l’Uni­versité de Montréal, le Professeur Vincent Romani, organisateur du Cycles de conférences du Département de Science politique de l’Uni­versité du Québec à Montréal, et le Professeur Julien Bauer de l’Université du Québec à Montréal, qui a présenté les grandes lignes de l’article qu’il vient de publier dans l’Encyclopédie internationale de Science politique

Julien Bauer, Professeur au Département de Science politique de l’Université du Québec à Montréal (U.Q.A.M.), a publié dernièrement un article intitulé “Judaïsme et Science politique” dans la nouvelle Édition de l’Encyclopédie internationale de Science politique. Cette publication de langue anglaise très prestigieuse est une référence incontournable dans les milieux académiques internationaux.

Le Professeur Julien Bauer a été désigné pour écrire cet article par le Comité éditorial de l’Encyclopédie internationale de Science politique parce qu’il est un spécialiste reconnu des rapports que le Judaïsme entretient avec la Politique en Israël et dans les pays occidentaux. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages très remarqués, publiés dans la réputée Collection “Que sais-je?” des Presses Universitaires de France, qui sont devenus des livres de référence dans les cénacles universitaires: Politique et Religion; Les Partis religieux en Israël; Le Système politique israélien; Le Système politique canadien; Les Juifs Ashkénazes…

Julien Bauer a présenté les grandes lignes de l’article qu’il vient de signer dans la nouvelle Édition de l’Encyclopédie internationale de Science politique dans le cadre d’un Cycle de Conférences organisé par le Département de Science politique de l’U.Q.A.M.

Dans son exposé, Julien Bauer brossa une rétrospective de la longue Histoire du Judaïsme, spécifia les principales caractéristiques identitaires de la première religion mono­thé­iste et identifia les courants prédominants qui ont faconné le Judaïsme au fil des siècles.

D’après Julien Bauer, le Judaïsme contemporain est confronté à trois grands paradoxes.

Premier grand paradoxe: il y a dans le Judaïsme des Textes religieux très anciens, certains datant de 3000 ans, qui sont “extrêmement modernes”. Les écrits et les réflexions toraniques du grand commentateur biblique Rachi de Troyes sont toujours d’une brûlante actualité. La Loi biblique du Talion, Oeil pour Oeil, est toujours au coeur de l’actualité politico-militaire. Certaines dimensions de la Tradition juive nous aident à composer avec les grands défis auxquels l’humanité est confrontée en cette deuxième décennie du XXIe siècle.

Deuxième grand paradoxe: le Judaïsme contemporain est confronté à la fois à un “phénomène centripète” et à un “phénomène centrifuge”. Bon nombre de Juifs pratiquent un Judaïsme “non rigoriste”, plutôt “folklorique”. Ces derniers ne sont “ni pour ni contre la continuité juive”. Dans certains milieux juifs, le Judaïsme suit certaines modes sociales très en vogue. Parallèlement, nous assistons aussi au renforcement d’un “phé­no­mène centrifuge”. Ces dernières an­nées, beaucoup de Juifs ont adhéré à des mouvements religieux ultra-orthodoxes qui pratiquent un Judaïsme très rigoriste. Ces phénomènes religieux et sociologiques majeurs ont eu des incidences importantes sur les Traditions inhérentes à la pratique du Judaïsme. Par exemple, dans les mouve­ments Réformés et Conservateurs juifs, des femmes peuvent as­su­mer la fonction de Rabbin. Ce modèle rabbinique est récusé par l’ortho­doxie juive. Mais, aujourd’hui, dans le monde orthodoxe juif, il y a aussi des femmes spécialisées dans les Lois juives du divorce, appelées Tohaniot Bet Din, qui sont acceptées comme avocates par les Tribunaux rabbiniques d’Israël.

Troisième grand paradoxe: un phénomène que l’on retrouve aussi dans les autres religions: le Judaïsme n’est pas seulement une religion mais aussi une expression identitaire.

D’après Julien Bauer, les perspectives démographiques moroses du peuple juif vont contraindre les Juifs non-orthodoxes, dont le nombre ne cesse de décroître, à trouver de nouvelles approches pour accommoder le Judaïsme dans ses expressions orthodoxes. Le nombre de Juifs orthodoxes a connu une croissance importante ces dernières décennies. Par ailleurs, les autorités religieuses juives vont devoir proposer leur leadership non seulement aux Communautés orthodoxes mais aussi à tous les Juifs qui ne s’identifient pas à la mouvance orthodoxe mais qui sont fortement attachés à des valeurs juives.

Quel type de rapport le Judaïsme entretient-il avec la Science politique?

“Le Judaïsme a beaucoup de choses à dire sur les questions de la légitimité et de la division des pouvoirs législatifs et exécutifs, mais il est complètement déphasé par rapport aux questions relatives à l’Admi­ni­stra­tion publique. Historiquement, la lé­gi­sla­tion juive religieuse traitait les problèmes d’une minorité vivant dans une société hostile. La gestion des Affaires publiques est un phénomène relativement récent dans le Judaïsme. Les lacunes du Système politique d’Israël, qui est une grande Démocratie, sont une preuve patente des difficultés que les Juifs éprouvent face à un cadre administratif public”, expliqua Julien Bauer.

Guy Bouthillier, Professeur émérite de Science politique de l’Université de Montréal, commenta quelques-unes des réflexions étayées par Julien Bauer dans son exposé. Depuis quelques années, le Professeur Guy Bouthillier s’intéresse au Judaïsme, à son Histoire et aux us et coutumes des Communautés Ashkénazes et Sépharades.

Le Cycle de conférences du Département de Science politique de l’U.Q.A.M. est organisé par Vincent Romani, Professeur de Science politique de l’U.Q.A.M. et Chercheur associé à l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de la Chaire Raoul-Dandurand d’Études stratégiques de l’U.Q.A.M.

At a conference organized by the political science department of the Université du Québec à Montréal, Prof. Julien Bauer presented the article he recently published in the International Encyclopedia of Political Science.