Les grands défis de l’Agence OMETZ

La crise économique, dont on n’a pas encoré touché le fond au Canada, affecte considérablement le niveau de vie de nombreuses familles juives montréalaises.

Gail Small et Howard Berger, codirecteurs généraux de l’Agence OMETZ de la FÉDÉRATION CJA de MONTRÉAL.

Aux familles vivant déjà sous le seuil de la pauvreté -environ 20% des Juifs montréalais- s’est ajoutée une nouvelle catégorie de familles que la crise économique est en train d’appauvrir: des familles, dont le père ou la mère -parfois même les deux- a perdu son emploi, qui n’arrivent plus à honorer les paiements mensuels de leur hypothèque ou de leur voiture, qui n’ont plus les ressources financières pour défrayer les coûts de l’éducation de leurs enfants, surtout quand ils sont scolarisés dans des écoles privées…

“Ces “nouvelles familles” dans le besoin, ayant souvent un haut niveau de qualification professionnelle, sont frappées de plein fouet par la crise. Elles sont de plus en plus nombreuses à solliciter une aide matérielle, morale et psychologique à la Communauté juive institutionnelle de Montréal”, nous a dit en entrevue Gail Small, codirectrice générale de l’Agence OMETZ de la FÉDÉRATION CJA.

L’Agence OMETZ -terme hébreu signifiant “courage”-, qui a vu le jour il y a un an -le 1er avril 2008-, est la résultante d’un long processus de restructuration.

L’Agence OMETZ regroupe aujourd’hui trois anciennes grandes Agences de la FÉDÉRATION CJA: les Services à la Famille Juive -J.F.S.-, Emploi Juif Montréal -J.E.M.- et les Services d’Assistance aux Immigrants juifs -J.I.A.S.-.

“Un des défis actuels de l’Agence OMETZ est de développer de nouvelles stratégies pour aider les personnes nous demandant de l’aide à passer à travers cette dure crise économique. Nous devons être créateurs car les fonds dont dispose l’Agence OMETZ ne sont pas illimités”, dit Gail Small.

Quand la conjoncture économique se détériore sensiblement, les programmes d’aide à la recherche d’emploi sont moins efficients.

En période économique normale, quelque 900 dossiers de personnes à la recherche d’un emploi sont traités par l’Agence OMETZ. Ces trois derniers mois, on a dénoté une baisse de 20% des placements, constate Howard Berger, codirecteur général de l’Agence OMETZ.

“C’est une indication très claire que la situation économique se détériore. Nous avons plus de difficulté à placer des personnes cherchant un emploi correspondant à leurs qualifications professionnelles, dit-il. Depuis quelques mois, nous recevons des C.V. de personnes ayant des grandes qualifications professionnelles, qui dans le passé étaient capables de relancer leur carrière sans avoir recours à nos services.”

Le jour où nous avons rencontré les dirigeants de l’Agence OMETZ, la salle de conférence où sont dispensés les ateliers de Networking et d’aide à la recherche d’emploi était archicomble.

“Des personnes de 50 ans et plus ayant perdu leur travail n’avaient jamais utilisé l’Internet et l’E-mail pour chercher un emploi. Or, ces outils de haute technologie sont désormais indispensables pour prospecter le marché du travail”, explique Howard Berger.

Dans le contexte actuel marqué par la morosité économique, l’aide aux personnes et aux familles les plus démunies de notre Communauté demeure la première grande priorité de la FÉDÉRATION CJA.

Le budget de l’Agence OMETZ destiné à aider les familles les plus nécessiteuses ne sera pas affecté par les mesures édictées récemment par la FÉDÉRATION CJA à ses Agences pour qu’elles réduisent cette année leur budget d’opération,  rappelle Gail Small.

“Le pire n’est pas encore arrivé.          Beaucoup de personnes qui ont perdu leur emploi perçoivent encore leurs allocations d’assurance chômage. Quand elles ne toucheront plus ces allocations, leur situation économique se détériorera davantage. Elles feront alors appel à nos services.”

Pour composer avec cette nouvelle conjoncture économique ardue, la FÉDÉRATION CJA en partenariat avec l’Agence OMETZ, le Centre juif Cummings pour Aînés et la Communauté sépharade unifiée du Québec vient d’ouvrir Le Café. Cette cafétéria, localisée dans l’édifice abritant le Centre juif Cummings pour Aînés, servira gratuitement, deux fois par semaine, de 17h à 18h30, un repas casher chaud aux familles et aux aînés de notre Communauté les plus touchés par la présente crise économique.

150 repas ont été servis le jour de l’inauguration de ce Café.

“Ce projet est entièrement financé par de généreux donateurs. Aucun fond ne provient du budget annuel de la FÉDÉRATION CJA. Nous devons faire preuve d’initiative et d’imagination pour contrer les effets très néfastes de l’actuelle crise économique”, dit Howard Berger.

D’après Gail Small, le plus grand défi auquel l’Agence OMETZ est confrontée aujourd’hui est d’aider des personnes démunies à devenir autonomes.

“Nous essayons, par le biais d’initiatives et de programmes sociaux innovateurs, de casser le cycle de la pauvreté, qui, au fil des années, est devenu générationnel. Souvent, les Services d’aide sociale de la Communauté juive ont dispensé de l’aide aux grands-parents et aux parents d’une personne qui a recours aujourd’hui à nos services. Notre mission est d’aider cette personne à devenir autonome pour qu’elle puisse sortir du cycle récurrent et très pernicieux de la pauvreté.”

L’Agence OMETZ s’est fixé un autre objectif de taille: changer son image. Cette institution ne veut pas être seulement reconnue comme un organisme communautaire à vocation sociale dispensant ses services uniquement aux personnes et aux familles les plus démunies.

“Changer cette image, c’est un grand challenge!” reconnaît Gail Small.

En effet, l’Agence OMETZ offre une panoplie de services et de programmes dans des domaines autres que celui de la lutte contre la pauvreté.

-Un support donné aux écoles juives par le biais de services de consultation dispensés par des travailleurs sociaux et des psychologues de l’Agence OMETZ.

-Des programmes pour les parents. Des groupes de parents se réunissent régulièrement dans des maisons pour discuter de questions relatives à l’éducation de leurs enfants.

-Un programme visant à encourager l’entrepreneurship chez les jeunes adultes âgés de 18 à 40 ans. Ce programme octroie des prêts, jusqu’à un maximum de 50000$, à des taux très accessibles, à des jeunes entrepreneurs souhaitant bâtir une petite entreprise. Le degré de viabilité des projets soumis est évalué par une équipe composée d’hommes d’affaires chevronnés.

“L’Agence OMETZ n’est pas seulement en position de réaction. Cette institution fait aussi de la proaction dans différents domaines: l’éducation, les affaires, l’intégration des nouveaux immigrants…”, rappelle Howard Berger.

La nouvelle structure chapeautant l’Agence OMETZ a permis de “rationaliser et centraliser” les divers services et programmes offerts dans le passé par J.F.S., J.E.M. et J.I.A.S.

“Ce travail de rationalisation n’est pas encore terminé. Cependant, nous sommes parvenus à regrouper dans une même structure les forces vives de ces trois grandes anciennes Agences de la FÉDÉRATION CJA. Le Conseil d’Administration de l’Agence OMETZ est composé de 21 personnes, dont la moyenne d’âge se situe aux alentours de 30 ans. C’est très encourageant. Auparavant, quelque 80 personnes étaient membres des Conseils d’Administration des trois Agences fusionnées. Nos forces et nos ressources étaient très éparpillées”, note Gail Small.

D’après Howard Berger, les nouveaux immigrants sont “les grands bénéficiaires” du processus de restructuration qui a donné naissance à l’Agence OMETZ.

“Dans le passé, une famille de nouveaux immigrants devait se rendre dans trois Agences différentes, J.I.A.S., J.F.S. et J.E.M., pour solliciter leurs services. Auourd’hui, leur dossier est traité par une seule Agence, dit-il. Le processus d’intégration de ces nouveaux immigrants dans la Communauté juive et dans leur nouvelle société d’accueil est ainsi plus rapide, plus efficace et plus cohérent. Par ailleurs, les nouveaux immigrants peuvent participer à des programmes socio-récréatifs offerts par l’Agence OMETZ, auxquels prennent part aussi des membres de notre Communauté, dont beaucoup de jeunes. Ça favorise le rapprochement intercommunautaire.”


Gail Small and Howard Berger, co-directors of Agence Ometz explain the role of their agency, which helps people in the community who need assistance.