Les passions africaines de Ghila Sroka

Femme de raison et de passion, polémiste implacable, libre-penseur iconoclaste, Ghila Sroka, une voix bien singulière dans le paysage intellectuel québécois, ne cessera jamais de nous surprendre.

Les membres du Jury de la 6ème édition du Festival International du Film Panafricain de Cannes. De gauche à droite: Sihem Merad, réalisatrice, Nolda Di Massabra, réalisatrice, Ghila Sroka, éditrice du magazine interculturel montréalais Tribune Juive, Nasser Bakhti, président du Jury, et Alexandre Ogou, acteur. 

La fondatrice et éditrice du magazine interculturel Tribune Juive -publication qui fête cette année son 26ème anniversaire d’existence- et du magazine féministe La Parole Métèque vient de rentrer de Cannes, où elle a été conviée à siéger dans le Jury de la 6ème édition du Festival International du Film Panafricain.

Ce Festival mettant en lumière la riche création cinématographique contemporaine -fictions, documentaires,  films d’animation, longs et courts métrages…- du monde panfricain a eu lieu dans la foulée du prestigieux Festival de cinéma de Cannes.

Le cinéma africain est le grand absent de la Sélection officielle du Festival de Cannes. Ni dans la Compétition officielle, ni dans la Quinzaine des réalisateurs ni dans la Semaine de la critique, aucun film du continent panafricain n’est présenté dans ces différentes Sections du Festival de Cannes.

“Le Festival de Cannes, celui des paillettes, tourne systématiquement le dos au cinéma africain. Pourquoi les organisateurs du Festival de Cannes sont-ils indifférents au cinéma africain? La production de ce cinéma est-elle si pauvre qu’ils ne trouvent pas la perle rare? Toutes ces questions, les cinéphiles et le milieu du cinéma africain se les posent chaque année. C’est pourquoi depuis six ans, Cannes accueille aussi un autre Festival cinématographique international, celui du Film Panafricain. Le regard alerte de ce Festival sur le peuple noir et sa Diaspora s’étend de l’Afrique aux Amériques, en passant par les Caraïbes, l’Europe et le Pacifique. Le Festival International du Film Panafricain a pour objectif de faire découvrir les auteurs, scénaristes et réalisateurs du monde noir, mais est également ouvert à tous ceux dont les oeuvres cinématographiques traitent de l’africanité”, précise Ghila Sroka.

Amoureuse de l’Afrique, l’éditrice de Tribune Juive couvre depuis une trentaine d’années le cinéma africain et maghrébin.

En 2008, sous l’intitulé “Cultivons la paix”, le Festival International du Film Panafricain se voulait avant tout une pierre dans la construction de la paix et de la tolérance. Cette année, pour sa 6ème édition, ce Festival était articulé autour du thème “Un monde éthique est possible”.

“Pour les organisateurs de la 6ème édition du Festival In ternational du Film Panafricain, le thème choisi est plus qu’une affirmation, c’est un cri de coeur, celui poussé par des milliers de citoyens responsables qui croient résolument plus que jamais qu’un monde meilleur basé sur les valeurs de vie est possible”, dit Ghila Sroka.

Parmi la quarantaine de films sélectionnés cette année, une quinzaine étaient en compétition pour les Dikalo Awards (Dikalo signifie “message” en douala, langue parlée au Cameroun). Par ailleurs, le Festival International du Film Panafricain a mis de nouveau à l’honneur  le monde panafricain à travers son cinéma et ses réalisateurs, mais aussi à travers ses artistes: auteurs, musiciens, peintres, photographes… Musique, one man shows, soirées festives ont eu lieu durant les quatres jours de ce Festival.

Le Jury de la 6ème édition de cette manifestation cinématographique, présidé par le producteur et réalisateur Nasser Bakhti, était composé par: Sihem Merad, réalisatrice, Ghila Sroka, Nolda Di Massamba, productrice et réalisatrice, et l’acteur Alexandre Ogou.

Le Dikalo du meilleur film long métrage de fiction a été décerné à Izulu de Lami, oeuvre du cinéaste sud-africain Madoda Mcayiyana. The Birthday party de la cinéaste américaine Veronique Doumbé et Subira du réalisateur kényan Ravnet Chada ont été les corécipiendaires du Dikalo du meilleur film court métrage de fiction. Le Dikalo du meilleur film documentaire a été octroyé au réalisateur marocain Jawad Rhalid pour son documentaire Les damnés de la mer. Une mention spéciale a été attribuée au documentaire Les petits princes de sable de la réalisatrice française Stéphanie Gillard.

Ghila Aroka a été aussi cette année membre du Jury du  25ème Festival Vues d’Afrique de Montréal, où elle a siégé  aux côtés des cinéastes et réalisateurs québécois Virginie Dubois, Robert Favreau et Yves Langlois.

Ghila Sroka est ravie d’avoir été cette année membre des Jurys de deux Festivals promouvant les films africains.

“Par son originalité et sa vision audacieuse du monde, le cinéma africain continue à nous étonner et captiver année après année. En ces temps de globalisation économique et culturelle, où le dialogue interculturel est désormais un impératif, bouder ou ignorer les oeuvres très originales des créateurs cinématographiques et culturels africains, c’est une immense bourde!”

Quebec editor and journalist Ghila Sroka was a jury member at this year’s International Pan African Film Festival in Cannes, France, in April.