L’Université Ben Gourion du Néguev excelle en robotique

Amir Shapiro

Dans leur laboratoire de robotique de l’Université Ben Gourion du Néguev, le Dr Amir Shapiro et les membres de son équipe de recherche s’attellent à façonner le monde hypertechnologique de demain.

Ils s’emploient à esquisser la morphologie d’un véhicule futuriste autonome et entièrement robotisé: une ambulance sans conducteur, téléguidée, dotée de bras, capable d’évacuer un soldat blessé gisant sur le champ de bataille, d’évaluer ses signes vitaux et de lui administrer les premiers soins.

“Des scénarios jadis de science-fiction sont en train de se réaliser concrètement. Nous vivons désormais dans un monde de tous les possibles. L’apprentissage automatique, champ fondamental de l’intelligence artificielle (IA), est en train de révolutionner le monde de la robotique. Les algorithmes, de plus en plus intelligents, permettent de concevoir des outils robotisés chaque jour plus performants. Dans le créneau de la robotique, l’IA nous permet de perfectionner le niveau de perception d’un robot en l’aidant à mieux comprendre l’environnement dans lequel il évolue”, explique Amir Shapiro en entrevue.

Ce Sabra, issu d’une famille “mixte” —son père est un Ashkénaze né en Afrique du Sud et sa mère est une Sépharade native de Meknès, au Maroc—, est détenteur d’un doctorat en génie mécanique de la plus prestigieuse école d’ingénieurs d’Israël, l’Institut Technion de Haïfa. Il a ensuite poursuivi des études postdoctorales en robotique dans une institution universitaire et de recherche américaine renommée, l’Université Carnegie-Mellon de Pittsburgh. Il est actuellement le directeur du laboratoire de robotique du Département de génie mécanique de l’Université Ben Gourion du Néguev.

Amir Shapiro était de passage à Montréal, accompagné par quatre étudiants en management et en génie de l’Université Ben Gourion du Néguev qui ont participé à un concours international d’étude de cas en génie et en commerce organisé par l’Université Concordia. Il a été le coach de cette délégation israélienne, qui a remporté la médaille de bronze.

Aujourd’hui, en Israël, l’industrie militaire est le principal catalyseur de la recherche en robotique, rappelle-t-il. Mais des inventions majeures dans le champ de la robotique réalisées dans le secteur militaire sont ensuite utilisées dans une foule d’autres domaines: médical, informatique, environnemental, biotechnologique, nanotechnologique, agricole, marin…

“Israël est un pays leader en haute technologie. Les Israéliens n’avaient pas d’autre choix que de réussir dans ce domaine crucial pour l’avenir de leur pays. Aujourd’hui, le succès de l’économie israélienne repose sur son industrie high-tech, qui génère une partie substantielle des revenus économiques du pays. Depuis sa création, il y a soixante-dix ans, Israël ne peut se permettre de perdre une bataille, aussi bien militaire que technologique ou scientifique. C’est la condition de son existence”, dit Amir Shapiro.

Dans leur laboratoire de robotique, Amir Shapiro et ses collaborateurs planchent sur des projets technologiques fort avant-gardistes et des plus ambitieux. Par exemple: concevoir des robots ayant la potentialité d’escalader des murs en s’inspirant d’animaux rampeurs.

Un robot a été conçu en prenant comme modèle les serpents qui, en glissant sur leur mucus, escaladent des murs et d’autres surfaces en pente. Un autre s’inspire de la gestuelle des chats qui, grâce à leurs griffes, parviennent à se cramponner à des surfaces rugueuses. Un autre prototype a été conçu à partir de bandes adhésives 3M greffées à des roues en bois qui se meuvent aisément sur une surface de verre ou sur un tableau interactif.

Amir Shapiro est un spécialiste réputé des algorithmes de navigation pour des robots dotés de plusieurs bras, des modèles analytiques de design, de contrôle et de stabilité de robots, de la locomotion de robots ressemblant à des serpents rampeurs, de la robotique utilisée, de plus en plus, dans le domaine médical…

Fruit d’un étroit partenariat entre l’Université Ben Gourion du Néguev et la ville de Beer Sheva, le nouveau Technoparc, situé à proximité de la gare ferroviaire de la capitale du Néguev —il y a aujourd’hui une liaison express Beer Sheva-Tel-Aviv—et du campus principal de l’Université Ben Gourion, incarne la quintessence du modèle high-tech bâti par Israël depuis la fin des années 90.

Fondé sur un réseau organisationnel fort efficace, ce modèle favorise une étroite collaboration entre les universités, les instituts de recherche et les compagnies privées œuvrant dans le domaine de la haute technologie.

Plusieurs géants mondiaux du high-tech, notamment Google et Hewlett-Packard, ont implanté des laboratoires de recherche et développement dans le Technoparc de Beer Sheva.

Par ailleurs, les Forces armées d’Israël sont en train de construire, à quelques encablures de ce complexe dernier cri, un méga édifice, d’une superficie de deux millions de pieds carrés, qui abritera les départements de high-tech, de communication et de cybersécurité de Tsahal.

“Depuis quelques années, la ville de Beer Sheva et la région du Néguev ont connu un développement impressionnant. Les nombreuses entreprises œuvrant dans le créneau de la haute technologie qui se sont installées dans le Technoparc de Beer Sheva sont un grand atout pour l’Université Ben Gourion et augurent des perspectives d’avenir professionnelles des plus prometteuses pour nos étudiants en haute technologie, en robotique, en informatique, en sciences…”, souligne Amir Shapiro.

Le Département de génie mécanique de l’Université Ben Gourion du Néguev compte 800 étudiants. Chaque année, quelque 1 000 candidats aspirent à être acceptés dans ce programme d’études fortement contingenté. Seuls 170 sont sélectionnés. Une trentaine de jeunes chercheurs, diplômés ou poursuivant des études doctorales, travaillent dans le laboratoire de robotique dirigé par Amir Shapiro.