“Oslo” une pièce de théâtre percutante

Ariel Ifergan (Francois Legault photo)

Les négociations secrètes des accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo constituent la trame centrale de la pièce Oslo, présentée au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts du 5 septembre au 13 octobre prochains.

Mise en scène par Édith Patenaude, cette œuvre théâtrale est une adaptation de la pièce éponyme de l’écrivain américain J.T. Rogers, primée plusieurs fois depuis qu’elle a pris l’affiche à New York en 2016 et récipiendaire du prestigieux prix Tony Award de la meilleure pièce.

Oslo relate l’histoire d’une aventure audacieuse et des plus incertaines: la rencontre en catimini dans une demeure située au fin fond de la campagne norvégienne d’universitaires et d’intellectuels israéliens et palestiniens résolus à mettre un terme au cycle de confrontations dans lequel leurs deux peuples sont empêtrés depuis la fin du XIXe siècle.

Un immense défi que des hommes et des femmes sont parvenus à relever en semant les germes d’une dynamique de négociation entre l’État d’Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui jusque-là paraissait totalement chimérique.

Le grand acquis de ces négociations secrètes: après des décennies de déni mutuel, pour la première fois des représentants de l’État d’Israël et de l’OLP entreprenaient un dialogue face à face.

Les initiateurs de cette rencontre secrète: un couple de diplomates norvégiens tablant sur des méthodes de négociation peu conventionnelles.

La direction artistique du Théâtre Jean-Duceppe présente cette pièce comme un “thriller humaniste absolument captivant, drôle et intelligent témoignant du parcours véridique et hors du commun d’un groupe d’hommes et de femmes qui, dans le plus grand des secrets, ont tout risqué pour la paix”.

La distribution réunit une brochette d’acteurs et d’actrices québécois talentueux: Emmanuel Bilodeau, Isabelle Blais, Félix Beaulieu-Duchesneau, Luc Bourgeois, Jean-François Casabonne, Steve Gagnon, Reda Guerinik, Ariel Ifergan, Marie-France Lambert, Justin Laramée, Jean-Moïse Martin, Manuel Tadros.

Le comédien Ariel Ifergan interprète le rôle d’un des principaux négociateurs israéliens, Yossi Beilin, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Yitzhak Rabin.

“Je suis très heureux de faire partie de la distribution de la pièce Oslo. Celle-ci est la radioscopie des relations psychologiques entre des hommes et des femmes appartenant à deux camps ennemis déterminés à sortir du cercle vicieux dans lequel leurs peuples respectifs sont prisonniers. Ils cherchent une façon de changer de perspective. La pièce ne relate pas que les enjeux des négociations entre Israéliens et Palestiniens, elle met aussi en lumière les dures réalités avec lesquelles le gouvernement d’Israël et l’OLP devaient composer. Quand on regarde l’Histoire avec du recul, on sent chez les personnages la pression exercée sur eux par les peuples israélien et palestinien, dont les attentes étaient grandes. On évoque aussi la rivalité politique qui existait entre les architectes israéliens de ces accords de paix, feus Yitzhak Rabin et Shimon Peres”, explique Ariel Ifergan en entrevue.

Ariel Ifergan (Alexandre Frenette photo)

Édith Patenaude a opté pour un décor singulier et fortement symbolique. Tous les personnages sont sur scène, installés sur des estrades. Ils se retrouvent ainsi face à face. Jamais ils ne quittent le plateau, précise Ariel Ifergan.

Si on ne lui avait pas confié le rôle de Yossi Beilin, Ariel Ifergan aurait-il pu interpréter le personnage d’un négociateur palestinien?

“J’étais très ouvert à toute proposition. Je n’aurais pas hésité à entrer dans la peau d’un négociateur palestinien. Le plus important pour moi c’était qu’il y ait de la matière dans le rôle qu’on me confiait. Le personnage de Yossi Beilin est exigeant mais fascinant.”

D’après Ariel Ifergan, cette pièce véhicule un message humaniste très fort: l’audace d’hommes et de femmes peut changer radicalement le cours de l’Histoire.

“Les efforts et l’ingéniosité qu’il faut pour asseoir des ennemis à la même table est la grande qualité de cette pièce. On pourrait même, à la limite, oublier que celle-ci parle d’Israéliens et de Palestiniens et mettre à la place le gouvernement de Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ou d’autres groupes se faisant la guerre. Oslo est une pièce dont la portée est universelle. Elle nous rappelle que des gens audacieux peuvent débloquer les situations les plus désespérantes.”

Mais force est d’admettre que vingt-cinq ans après leur signature les accords d’Oslo se sont avérés un échec patent.

“Il est vrai que ces accords, qui avaient suscité un immense espoir en Israël et en Palestine, n’ont pas engendré tous leurs fruits. Le chemin vers la paix est encore semé d’embûches. Mais ces accords ont contribué à changer radicalement la dynamique des rapports entre Israël et les Palestiniens”, estime Ariel Ifergan.

Né à Montréal dans une famille sépharade, Ariel Ifergan a débuté sa carrière artistique en 1999.

Il a joué dans une vingtaine de productions théâtrales montréalaises.

En 2003, il a cofondé avec Alexandre Frenette une boîte de production artistique: Pas de Panique (www.pasdepanique.ca), qui a remporté plusieurs prix.

De 2007 à 2011, il a joué dans Z comme Zadig, une adaptation de Zadig de Voltaire, pièce qu’il a coécrite avec la metteure en scène de celle-ci, Anne Millaire, et dans laquelle il joue tous les personnages.

En 2013, il a signé la mise en scène de L’Augmentation de Georges Perec, qui a été présentée au Centre Segal des arts de la scène de Montréal.

Ariel Ifergan a joué aussi dans plusieurs téléséries québécoises très populaires: Délirium, Watatatow, Tout sur moi, Bienvenue aux dames, Trauma, Jeunes loups, Virginie, dans laquelle il a incarné le personnage d’un concierge d’école palestinien.

Le vendredi 7 septembre, à 17h, au Théâtre Jean-Duceppe, avant la présentartion de la pièce, se tiendra une discussion publique pour souligner le 25e anniversaire de la signature des accords d’Oslo. Panélistes invités: Sami Aoun, directeur de l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, Jacques Saada, président de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) et ancien ministre fédéral, et Manon Globensky, journaliste à Radio-Canada.La discussion sera animée par Brian Myles, directeur du journal Le Devoir. Le public est invité à assister à cet événement gratuitement, en réservant une place sur: duceppe.com/entretiens-Oslo