Patrick Essiminy, président de la Campagne de la philanthropie sépharade de l’AJU

Patrick Essiminy (FÉDÉRATION CJA Photo)

Patrick Essiminy, président de la Campagne de la philanthropie sépharade de l’Appel juif Unifié (AJU) 2018 de la FÉDÉRATION CJA, défend avec entrain sa “vision unificatrice” de l’AJU.

“Pour moi, il n’y a pas deux Campagnes de l’AJU, une sépharade et une autre générale, mais une seule. Je ne veux pas qu’on divise les fonds que nous collectons. C’est pourquoi j’ai insisté pour que cette année il n’y ait qu’un lancement officiel de la Campagne, qui regroupera toute notre communauté. Nous travaillons tous bénévolement dans un esprit d’unité fraternelle afin de répondre de notre mieux aux attentes et aux besoins des membres de notre communauté”, nous a dit en entrevue cet avocat, associé au sein du cabinet d’avocats Stikeman Elliott.

Patrick Essiminy a un parcours communautaire marquant.

Depuis le début des années 90, il a assumé bénévolement des fonctions majeures au sein de diverses institutions de la communauté juive de Montréal: membre fondateur de la Chambre de commerce juive, créée sous l’égide de la FÉDÉRATION CJA, président de la Congrégation Nahar Chalom, à Hampstead, président du conseil d’administration du Centre de la petite enfance (CPE) du Centre communautaire juif, président de l’École Akiva

“Mon implication au sein de la Campagne de la philantropie sépharade est l’aboutissement d’un chemin naturel. À un moment donné, tu réalises qu’il existe à Montréal un lieu où la philanthropie, le Hessed, est vraiment une valeur fondamentale: la FÉDÉRATION CJA. Dans mon parcours communautaire, j’ai constaté qu’il y avait des thèmes importants récurrents: l’éducation juive, l’identité juive, l’avenir de notre communauté, les jeunes, le leadership, la relève communautaire… À la FÉDÉRATION CJA, tous ces thèmes, regroupés sous la même houlette, sont prioritaires.”

Patrick Essiminy tient à transmettre aux membres de notre communauté un message des plus explicites:

“Nous sommes une seule communauté. Je suis profondément fier des racines et de l’héritage culturel sépharades que mes parents m’ont légués. Pour moi, préserver le séphardisme est tout à fait compatible avec le concept d’une seule communauté forte et unie. Ceux qui considèrent que le séphardisme ne pourra être maintenu qu’en s’isolant se trompent complètement. L’isolement n’est pas une option pour assurer la pérennité de l’identité et de la culture sépharades. On ne peut plus éluder une réalité incontournable: à Montréal, la communauté sépharade n’est plus à prédominance francophone. Désormais, l’équation sépharade = francophone n’est qu’un mythe tenace. L’équipe de bénévoles extraordinaires qui m’épaule est constituée de jeunes sépharades de diverses origines culturelles —nord-africaine, Mizrahi, francophone, anglophone… parfaitement bilingues, très fiers aussi de leur séphardisme. Il est tout à fait naturel pour nous que certaines de nos réunions de travail se déroulent en anglais. Nous, Sépharades, sommes les légataires d’un patrimoine d’une richesse extraordinaire que nous devons transmettre et préserver tout en nous rappelant que nous sommes membres d’une seule communauté. Le temps des divisions est révolu!”

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La Campagne de l’AJU 2018 mettra particulièrement l’emphase sur la notion de “Chai”, symbolisée dans la tradition juive par le chiffre 18.

“Un des slogans de la Campagne de cette année est “Chai”, terme hébraïque signifiant “À la vie”. Chacun de nous a une responsabilité envers l’autre, chacun de nous fait partie de la vie vibrante de notre grande et généreuse communauté”, souligne Patrick Essiminy.

Ce dernier rappelle avec insistance la mission des plus fondamentales que la FÉDÉRATION CJA remplit depuis cent ans: recueillir des fonds pour améliorer la vie des personnes et des familles les plus vulnérables de notre communauté.

Grâce aux fonds amassés par l’AJU, la FÉDÉRATION CJA est très active, par le truchement de ses diverses agences, dans de nombreux créneaux: préservation de l’identité juive, éducation, culture, soutien aux aînés, intégration des immigrants, aide à l’emploi…

“On doit se rappeler qu’un don fait à la FÉDÉRATION CJA est un don qui a la capacité de transformer la vie d’une personne. Cette institution promeut une philanthropie intelligente et très ciblée. Aujourd’hui, les jeunes veulent s’assurer que lorsqu’ils donnent de leur temps et leur argent ceux-ci auront un impact concret. C’est très important pour eux. La FÉDÉRATION CJA a toujours été un partenaire de choix pour les philanthropes.”

Cette année, un philanthrope anonyme s’est engagé à égaler, jusqu’au 30 septembre, tout nouveau don et tout montant additionnel à un don fait l’année dernière, jusqu’à concurrence de 1 million de dollars.

On a toujours reproché aux Sépharades de contribuer généreusement à des œuvres religieuses au détriment d’œuvres sociales ou éducatives. Les Sépharades seraient-ils plus sensibles aujourd’hui à la mission de l’AJU?

“Certains pensent que le don des Sépharades est trop éparpillé et que ces derniers n’accordent la priorité qu’à des œuvres ou des projets à caractère religieux. Cette perception est erronée. Il y a aujourd’hui à Montréal une culture philanthropique sépharade très importante. Il est vrai que les Sépharades sont souvent interpellés par des causes religieuses. Mais ils contribuent aussi généreusement à des causes sociales, aussi bien à Montréal qu’en Israël. Pour moi, le plus important est que la culture philanthropique soit aussi fortement ancrée dans la communauté sépharade. La fibre philanthropique des Sépharades a un grand potentiel. Nous allons continuer à sensibiliser les membres de la communauté sépharade à l’importance de contribuer avec générosité à l’AJU. Je souhaite ardemment que la FÉDÉRATION CJA soit aussi un élément central dans la philanthropie des Sépharades. Depuis cent ans, la FÉDÉRATION CJA développe une expertise dans le champ philanthropique qui lui permet d’exceller dans ce créneau. Chaque dollar investi à la FÉDÉRATION CJA a un grand impact. Pour moi, c’est une bonne nouvelle que le don des Sépharades soit éparpillé parce que cela veut dire que la culture philanthropique est aussi omniprésente dans la communauté sépharade.”

Patrick Essiminy encense l’engagement communautaire des jeunes leaders sépharades.

“J’ai pu constater au cours des dernières années, lors de mon implication à la Congrégation Nahar Chalom, à l’École Akiva, à la méga Mission en Israël organisée en 2016 par la FÉDÉRATION CJA… la motivation et l’engagement communautaire exceptionnels de leaders sépharades âgés de 45 à 50 ans. Mes prédécesseurs à la présidence de la Campagne de la philanthropie sépharade, Ariel Sabbah et Frédéric Dayan, ont accompli un travail admirable et des plus fructueux. Mon successeur l’année prochaine, Michael Dadoun, est un leader et un philanthrope remarquable. La clé pour bâtir une relève de qualité est de proposer à nos jeunes leaders des projets mobilisateurs et innovateurs qui auront un impact tangible. C’est un grand défi. Ce ne sont pas les leaders sépharades de qualité qui manquent à la FÉDÉRATION CJA. Je veux être un leader qui forme d’autres leaders qui à leur tour passeront le flambeau. J’espère que le prochain président de la Campagne de la philanthropie sépharade fera mieux que moi. Je suis très optimiste pour l’avenir.”