Une entrevue avec l’inégalable Gad Elmaleh

Gad Elmaleh (Photo: Edmond Silber)
Gad Elmaleh (Photo: Edmond Silber)

Le grand rêve américain de Gad Elmaleh bat son plein.

Le 11 février 2017, le plus célèbre humoriste de France et de la Francophonie se produira dans la salle de spectacles la plus mythique de New York, le Carnegie Hall. Il foulera alors les planches de la même scène où des figures légendaires du monde musical et artistique ont jadis connu des moments de gloire mémorables, Frank Sinatra, Jacques Brel, Edith Piaf, Charles Aznavour, Groucho Marx…

Le 8 juin dernier, au Beacon Theatre de New York, Gad Elmaleh a fait en anglais la première partie du spectacle d’une grande icône de l’humour américain, Jerry Seinfeld. Le 9 juin, il a assuré aussi la première partie du show que Jerry Seinfeld a présenté à la Place des Arts de Montréal.

L’humoriste tient à remercier ses nombreux fans francophones vivant à New York qui, durant des semaines consécutives, ont rempli la salle du célèbre Joe’s Pub, où il présente son show en anglais jusqu’à la fin juin.

“C’est grâce à ce public francophone extraordinaire que mon projet artistique américain a pris son envol”, nous a-t-il confié au cours de l’entrevue qu’il a accordée au Canadian Jewish News lors de son dernier passage à Montréal.

Nous avons rencontré l’humoriste dans un hôtel du Vieux-Montréal.

Ces dernières semaines, Gad Elmaleh a été invité sur les plateaux de télévision des late-night shows américains les plus populaires, qui ont une forte cote d’écoute, chez Conan O’brien, Trevor Noah, Seth Meyers, Larry Wilmore…

https://www.youtube.com/watch?v=zzARGm7jeDk

Gad Elmaleh sera l’un des invités de marque de l’édition 2016 du Festival Just for Laughs de Montréal, le pendant anglophone du très populaire Festival d’humour Juste pour Rire.

Il présentera dans la langue de Shakespeare son show Oh my Gad!, dont les gags sont entièrement basés sur son observation de la vie quotidienne aux États- Unis et des mœurs sociaux et politiques américains.

Ce spectacle sera à l’affiche au Théâtre Gesù de Montréal du 25 au 29 juillet prochains.

Le 3 septembre prochain, il présentera son show en anglais au prestigieux Danforth Music Hall Theatre de Toronto.

Il poursuivra ensuite sa tournée américaine à Los Angeles, Chicago, Oakland…

Conversation à bâtons rompus avec un brillant humoriste qui, en dépit de sa célébrité, s’est toujours distingué notoirement par son immense talent artistique, son humilité et sa grande générosité.

Se produire au Carnegie Hall, c’est un sacré tour de force pour un artiste.

C’est le big announcement! Je serai le premier humoriste non anglo-saxon à présenter un spectacle en anglais au Carnegie Hall. Ce rendez-vous dans cette prestigieuse salle du showbiz américain est un aboutissement. Je n’avais jamais imaginé pouvoir jouer un jour dans ce lieu culte où se sont produits des monstres sacrés de la chanson et de l’humour. Quand mon producteur américain, Christian Bernhardt, m’a annoncé cette merveilleuse nouvelle, j’ai ressenti la même sensation de joie que lorsqu’on m’a annoncé que j’allais faire l’Olympia de Paris pour la première fois.

Jouer un jour en Amérique en anglais, c’est un rêve que vous caressiez depuis longtemps?

Oui. Aujourd’hui, mon projet américain, c’est ma priorité. Ça fait quasiment un an que je présente des shows entièrement en anglais au Joe’s Pub et au Comedy Cellar, deux clubs de standup très populaires de New York. Au Comedy Cellar, je suis un des sept ou huit humoristes qui se produisent chaque soir sur cette scène new-yorkaise très prisée. Parfois, dans la même soirée, je fais trois ou quatre shows d’une durée de quinze minutes. C’est une expérience scénique exigeante mais extraordinaire.

Parlez-nous de vos liens avec le célèbre humoriste américain Jerry Seinfeld, qui vous a demandé dernièrement de faire la première partie de son nouveau spectacle.

Pour moi, Jerry Seinfeld est le grand patron de l’humour anglo-saxon. Quand il m’a proposé de faire la première partie de ses spectacles à New York et à Montréal, je lui ai répondu en rigolant: “tu feras alors aussi la première partie de mon show à New York”. Il m’a dit oui, sans hésiter une seconde. Un soir, il s’est pointé au Joe’s Pub pour assurer la première partie de mon spectacle. Il n’a pas été annoncé à l’avance. Les spectateurs présents ont halluciné quand ils l’ont vu sur scène. Certains croyaient même que c’était un sosie. Il n’y a qu’un grand comme Jerry Seinfeld qui peut faire ça!

Vous avez aussi un futur projet artistique commun avec le réputé cinéaste et humoriste Woody Allen.

Je voue une immense admiration à Woody Allen, que je considère comme l’un des grands maîtres de l’humour américain. J’ai eu l’auguste privilège de jouer dans un de ses films, Midnight in Paris. J’ai une belle relation avec Woody Allen. Nous avons un projet commun de série télé. Je croise mes doigts et touche du bois. Tu connais la superstition des Marocains! Dès que ce projet, qui me tient beaucoup à cœur, sera plus avancé, je t’en dirai plus.

Quel regard portez-vous sur votre nouvelle vie à New York, où vous avez établi vos pénates il y a plus d’un an?

À New York, je suis un grand inconnu. Pourtant, j’ai l’impression d’être né dans cette ville fascinante et majestueuse. Personne ne me connaît. Oualou -expression arabe signifiant “rien du tout”! Je n’ai pas le crédit de la notoriété dont je bénéficie en France et dans les autres pays francophones. C’est comme quand tu rencontres une nana dans un bar qui ne sait pas encore que tu es célèbre… et plein aux as!

Votre projet artistique américain est indéniablement une aventure exaltante et très audacieuse.

L’humour standup américain est basé sur l’efficacité. J’admire le sens de l’efficacité des humoristes américains. Le grand challenge d’un comique francophone qui switch à l’anglais est de traduire son humour en anglais. Pour pouvoir faire de l’improvisation en anglais, il faut posséder assez de vocabulaire pour exprimer sur le champ ses idées. Sinon, les vannes passent difficilement. Ce n’est pas un exercice évident pour un humoriste francophone. Parfois, je me moque de moi-même sur scène en rappelant à mon public américain ma maladresse quand je m’exprime en anglais. Je demande alors à mes spectateurs: “how do you said in good English…?” Ces derniers m’aident généreusement à trouver le bon mot ou l’expression adéquate. Ça donne souvent des scènes hilarantes!

Votre rapport à la langue anglaise est-il complexe?

Chaque fois qu’on me dit “tu parles bien l’anglais pour un Français”, je réponds: “je n’ai pas l’accent français quand je baragouine l’anglais parce que je suis Marocain!” Depuis un an, je suis chaque jour deux heures de cours d’anglais intensif. Mon but n’est pas d’imiter un Américain. Je veux tout simplement acquérir un niveau acceptable d’anglais et avoir un bon accent.

Écrivez-vous les textes de vos shows en anglais?

Oui. J’écris mes propres textes en anglais en accordant une attention toute particulière à chaque mot. Des copains comédiens américains m’aident en relisant ce que j’écris. Ensuite, je dois mémoriser, interpréter et improviser mes textes. Mes shows en anglais sont beaucoup plus scripted -écrits à l’avance- que mes shows en français. En français, sur scène, je peux me permettre de tourner autour d’un mot ou d’une phrase. Je ne peux pas me permettre ce luxe en anglais. Heureusement qu’on m’aide parce qu’en anglais, le wording, comme disent les Américains, c’est-à-dire le rythme d’une phrase, est moins drôle si tu mets un mot à la place d’un autre.

Vos spectacles en anglais sont-ils nourris de vos expériences de vie aux États-Unis?

La trame de mes shows en anglais est nourrie de mes observations de la vie quotidienne aux États-Unis et ma perspective sur les Américains et l’Amérique. Je n’ai jamais été trop versé dans la politique. Aux États-Unis, les débats politiques sont tellement entertaining qu’il est inimaginable pour un humoriste américain de ne pas exploiter cette foisonnante source d’inspiration. Les phrases de Donald Trump et les débats politiques fort animés qui ont cours actuellement en Amérique m’inspirent  aussi. J’en parle dans mes shows. C’est une position confortable, égoïste. Je ne suis pas citoyen américain, je ne vote pas, je débarque aux États-Unis, j’observe hébété ce grand show qu’est la politique américaine et je m’en sers de temps en temps dans mes spectacles.

En France, vous abordez rarement dans vos spectacles des thèmes sociaux ou politiques qui fâchent.

Le fait de faire des shows en anglais ça m’a un peu libéré. J’aborde dans mes spectacles en langue anglaise des sujets épineux que je n’aurais jamais abordés en français, par exemple le mariage gay, le contrôle des armes… En français, j’ai l’habitude d’aborder des sujets un peu plus consensuels. Mais dans mon prochain spectacle en français, j’aborderai des thèmes beaucoup plus délicats. Mes shows en anglais m’ont permis de me lâcher.

Aborderez-vous dans vos prochains shows en français un sujet très épineux: l’antisémitisme dans la France de 2016?

Je ne vois pas comment faire rire avec un sujet aussi grave et pathétique que l’antisémitisme. Yvan Attal vient de réaliser un film sur les clichés antisémites, Ils sont partout. Il a beaucoup de mérite de traiter un sujet aussi délicat sous la forme d’une comédie. J’ai hâte de voir ce film.

Le public américain serait donc plus indulgent que le public français lorsque vous abordez des sujets sulfureux?

J’ai découvert que les Américains ont beaucoup d’autodérision. Ils aiment beaucoup rire d’eux-mêmes.  Les Français ont un tout autre rapport avec l’humour. En France, un sketch, c’est comme une fiction. Il faut que celui-ci soit théâtralisé. Les shows humoristiques en français sont plus longs. Il y a une mise en scène, parfois de la musique. Ce n’est pas le standup direct avec le public qui existe aux États-Unis. À New York, l’humoriste monte sur scène pendant une heure, déballe joke après joke et s’en va.  Il n’y a pas des rappels du public.

Vous avez fait vos débuts artistiques à Montréal, ville où vous avez vécu et étudié pendant plusieurs années. Quels souvenirs gardez-vous de vos années québécoises?

Je disais il y a un moment à mon grand ami Carl Abitbol: “que le temps passe vite.” J’ai l’air d’un con quand je dis ça! C’est à la Quinzaine Sépharade de Montréal de 1992 que j’ai fait mes premiers vrais pas sur une scène, sous la direction d’un remarquable metteur en scène et créateur culturel, Solly Levy, qui fut le premier à me tendre la main. J’ai joué le rôle de Mozus Benonfoirus dans la pièce La Bsalade imaginaire, une adaptation magistrale de Solly Levy du grand classique de Molière Le Malade imaginaire.

Solly Levy est un metteur en scène très exigeant qui m’a initié aux rudiments du métier d’acteur. Les conseils fort judicieux qu’il m’a prodigués m’ont grandement aidé pour la suite de ma carrière professionnelle. Quand j’ai rencontré ensuite des metteurs en scène très tough, je me suis dit: ce n’est rien à côté de Solly Levy, qui a toujours exigé de ses acteurs plus que de l’excellence.

À la Quinzaine Sépharade de 1992, j’ai interprété aussi un rôle dans une pièce sur l’histoire de l’Inquisition espagnole, Les voiles de l’Espoir, mise en scène par un autre metteur en scène montréalais très talentueux, Carlo Bengio.

Les merveilleuses années que j’ai passées à Montréal m’ont profondément marqué et n’ont cessé de nourrir mon inspiration artistique. Sans l’appui indéfectible de la communauté juive québécoise et du Centre des étudiants juifs Hillel, je n’aurais jamais engrangé la confiance qui m’a permis de me frayer une voie honorable dans le très concurrentiel univers artistique. Je n’oublierai jamais que pour moi, c’est à Montréal que tout a commencé.

Votre succès fulgurant et des plus mérités semble encore vous étonner?

Quand je regarde mon parcours artistique, je me dis: chaque chose dont j’ai rêvé je l’ai réalisée. Ça veut donc dire qu’il faut que je continue à rêver. La première fois que j’ai été invité au Festival Juste Pour Rire, j’étais fou de joie. J’ai ressenti aussi la même sensation de joie et de fierté la première fois que je me suis produit à l’Olympia de Paris ou au Festival Just for Laughs de Montréal. Aujourd’hui, mon grand rêve américain commence à prendre forme. Un artiste doit toujours avoir des rêves. L’Amérique soutient mes rêves.

Vous considérez-vous comme un humoriste sépharade?

Absolument. Je me considère comme un humoriste sépharade marocain à 1000%. Je croyais qu’en présentant des shows entièrement en anglais mon identité sépharade et marocaine allait s’estomper. Au contraire, ma séphardité marocaine et mon identité juive ont rejailli avec force. Je suis profondément Sépharade, Juif et Marocain. C’est un statut identitaire, qui peut paraître complexe de prime abord, que bon nombre de Juifs et de Musulmans ont de la difficulté à saisir. Je reçois des commentaires sur les réseaux sociaux de Musulmans qui me reprochent de dire que je suis Juif. Ils veulent que je proclame haut et fort que je suis avant tout un Marocain. Des Juifs, pas très éclairés, me reprochent aussi de parler constamment du Maroc alors qu’à leurs yeux je suis avant tout un Juif. Je leur rappelle avec fierté que je suis Sépharade, Juif et Marocain. Cette culture magnifique dont nous, les Sépharades du Maroc, sommes porteurs est celle de nos prières avec des airs arabes, de nos mets exquis, de nos valeurs vigoureuses… Cette culture sépharade marocaine, c’est ma vie. Plusieurs langues parlent en moi. Je suis multiple. Je suis très fier de mes origines marocaines et de mon identité juive. Ces deux identités concomitantes me définissent.

Vous êtes foncièrement attaché à votre pays natal, le Maroc.

La nostalgie de mon terroir natal, le Maroc, est un état d’âme que je n’ai jamais éprouvé. Je n’ai jamais surfé sur le terrain de la nostalgie pour une raison très simple: il n’y a jamais eu de rupture entre moi et le Maroc. Plusieurs amis artistes me parlent fréquemment de la nostalgie qu’ils éprouvent à l’égard de leur pays d’origine. Moi, je n’ai jamais ressenti ce type de nostalgie parce que je suis resté étroitement lié au Maroc et à son peuple. Mon héritage marocain, je le porte dans mon cœur, je le relate et le célèbre dans mes spectacles.

Lors de ma dernière tournée au Maroc, je me suis produit à guichets fermés, à trois reprises consécutives, au Stade Mohammed V de Casablanca devant 16000 spectateurs chaque soir.  Les Marocains me considèrent comme un enfant du pays et un ambassadeur du Maroc. J’ai toujours assumé pleinement et avec beaucoup de fierté ma marocanité.

Retournerez-vous prochainement au Maroc?

J’ai un nouveau projet au Maroc: jouer un spectacle en darija -arabe dialectal- avec un célèbre humoriste marocain. Je tiens à jouer au Maroc en arabe et à rappeler à cette occasion à mes fans marocains que je suis Juif et aussi Marocain.

Vous vous produisez aussi souvent en Israël, un pays où vous comptez de très nombreux fans.

Je suis très attaché à Israël. À Tel Aviv, j’ai beaucoup d’amis Israéliens, notamment des artistes et des humoristes dont le sens de l’autodérision me stupéfie. J’ai joué récemment à Tel-Aviv, dans la salle Hechal Hatarbout, et à Jérusalem. Je compte y retourner pour me produire cette fois-ci en anglais dans les Comedy Clubs israéliens. Il y a à Tel-Aviv et à Jérusalem des clubs de standup   beaucoup d’humoristes américains se produisent.

Votre aventure artistique américaine vous a-t-elle contraint à délaisser la scène en France et dans les autres contrées francophones?

Il faut parfois prendre du recul. C’est sûr que je retournerai avec un nouveau projet de show en français. Mais, je veux surprendre. Je ne veux pas simplement faire une déclinaison de ce que j’ai déjà fait. J’ai envie d’arriver devant mon public francophone avec quelque chose de nouveau qui me surprendra aussi. Mon projet en anglais, c’est une parenthèse dans ma carrière. Un ami a comparé mon expérience américaine à celle d’un champion de tennis droitier qui du jour au lendemain est obligé d’apprendre à jouer avec sa main gauche. Ça va être très dur, mais l’usage de sa main gauche lui apprendra beaucoup sur les capacités et les limites de sa main droite. Lors de mon dernier spectacle en français à l’Olympia de Montréal, j’ai ressenti un immense bonheur lorsque j’ai utilisé  la technique anglo-saxonne, sharp, où on coupe les phrases afin que celles-ci soient plus percutantes. C’était la première fois que j’appliquais en français cette technique très efficace. Ça a bien fonctionné.

Quand est-ce que vous serez de retour sur une scène française?

En novembre et décembre prochains, je reviendrai sur scène en France avec un jeune humoriste et acteur Juif d’origine tunisienne, Kev Adams. Ce sera un duo entre un vieux, moi, et un jeune, Kev.

Vous verra-t-on prochainement au cinéma?

Je ne suis pas trop intéressé par le cinéma, sauf si j’ai une opportunité, mais je ne la recherche pas en ce moment. Je n’ai pas très envie ces temps-ci de faire des films.  

Ressentez-vous l’angoisse et le pessimisme qui sévissent aujourd’hui dans la communauté juive de France?

Il ne faut pas esquiver les réalités ardues qui sévissent aujourd’hui dans la société française. L’une de ces dures réalités est la recrudescence de l’antisémitisme que la France connaît depuis le début des années 2000. Aujourd’hui, bon nombre de Juifs français veulent partir. C’est une réalité bien criante, ce n’est plus un fantasme. Je constate malheureusement qu’aujourd’hui les Juifs éprouvent une vraie crainte en ce qui a trait à leur futur en France. C’est un vrai souci.

Vous avez toujours assumé avec fierté votre rôle de “trait d’union” entre les communautés juive et musulmane.

À Paris et lors de mes tournées en province, à la fin de mes spectacles, quand les lumières se rallument, je vois beaucoup de voiles musulmans et de kippas. Ce n’est pas une caricature, c’est la réalité. En dépit des nombreux écueils auxquels se heurte aujourd’hui le dialogue judéo-musulman, voir tous les soirs des Juifs et des Musulmans s’esclaffer ensemble, c’est pour moi un grand privilège et un signe très prometteur pour l’avenir. Quand je fais des grandes salles de spectacles devant 10000 ou 15000 personnes, je vois ce que signifie réellement la paix: Catholiques, Juifs, Musulmans et athées se côtoient dans l’harmonie et la bonne humeur. Mais, malheureusement, c’est dans une salle de spectacles mythique, le Bataclan, qu’est survenue la plus grande tragédie de l’histoire du showbiz en France.

Étiez-vous à Paris le 13 novembre 2015 quand la tuerie au Bataclan s’est produite?

Non, j’étais aux États-Unis. J’ai été profondément choqué et complètement bouleversé par cette tragédie indicible. D’autant plus que je me suis produit plusieurs fois au Bataclan. Je connais bien ce lieu.

Que peut-on vous souhaiter pour les prochaines années?

Terbah ! La santé avant tout. Et, la liberté de faire ce que je veux. Ce qu’il faut aussi souhaiter aux gens, c’est l’apaisement. J’ai envie que nous nous apaisions afin de renouer un dialogue franc, serein et constructif. Surtout entre les diverses communautés vivant en France. Je souhaite ardemment que les Français se parlent paisiblement. Malheureusement,  il y a aujourd’hui en France trop de crispations et de haine entre certaines communautés. Le gouvernement français doit aussi faire sa part pour instaurer ce vivre ensemble qui est plus nécessaire que jamais. Les Musulmans ou les Juifs de France ne sont pas les seuls responsables de ces rivalités et mésententes intracommunautaires. La France devrait tendre ses bras à toutes ses communautés et les célébrer ensemble.

C’est un problème social qui vous préoccupe beaucoup?

Oui. Je veux que la France prenne conscience de cette grande problématique et que le gouvernement français tende la main aux communautés juive et musulmane. Il faut qu’il fasse un travail de fond pour apaiser les tensions existant entre ces deux importantes communautés françaises. Il est vrai que nous avons tous une responsabilité dans cette affaire, mais le gouvernement français doit donner l’exemple. Il faut que les fêtes musulmanes, juives et chrétiennes soient respectées équitablement. Pourquoi dans les réseaux sociaux beaucoup de Français sont toujours embarrassés lorsqu’ils doivent souhaiter leurs voeux à leurs concitoyens Juifs ou Musulmans à l’occasion de la nouvelle année juive ou d’une fête religieuse musulmane? Moi, dans les réseaux sociaux, je souhaite Shana Tovah aux Juifs de France et bon Ramadan aux Musulmans de France. Je m’en fous complètement si mes vœux ulcèrent des extrémistes d’un côté ou de l’autre. Je voudrais que le gouvernement français en fasse autant. J’aimerais entendre François Hollande dire: Shana Tovah ou bon Ramadan !