“Israël s’est bien mérité son appellation de “start-up nation””

Les étudiants de l’Université McGill lors d’une randonnée en bateau sur la mer de Galilée. (Michael Avedesian photo)
Alesandro Persechino à Haïfa.

Alesandro Persechino, 24 ans, fraîchement diplômé en génie mécanique, a été l’un des 14 étudiants non juifs de l’Université McGill à participer à un programme académique en Israël. Il nous a livré, au cours d’une entrevue, ses impressions sur ce périple d’études et touristique en Terre sainte.

Présentez-nous le programme académique auquel vous avez pris part dernièrement en Israël.

Ce programme est parrainé par la Fondation Gerald Schwartz & Heather Reisman, établie à Toronto. Son but principal est de faire découvrir à des étudiants canadiens non juifs les diverses facettes — histoire, culture, société, économie, haute technologie… — d’Israël. Dans le cadre du cours FACC 501 — “Bâtir un plan d’affaires gagnant” —, dispensé à la Faculté d’ingénierie de l’Université McGill par le professeur Michael Avedesian, 14 étudiants, en ingénierie et en management, ont collaboré étroitement pendant 13 semaines avec 6 étudiants de l’Université Ben Gourion du Néguev à l’élaboration d’un plan d’affaires visant à commercialiser avec succès une innovation technologique. Au total, 5 projets (dont 4 concoctés par les étudiants participant au programme) ont été soumis. Le cours FACC 501 a été accepté et inclu dans le curriculum de la Faculté d’ingénierie de l’Université Ben Gourion. Les superviseurs de notre projet ont été les professeurs Michael Avedesian de l’Université McGill et Yuval Bitan de l’Université Ben Gourion. Les étudiants de cette université israélienne qui ont participé à ce programme académique sont venus ce printemps à Montréal pour finaliser notre projet conjoint. Ils ont ensuite accompagné en Israël, début mai, le groupe d’étudiants canadiens. À Montréal, notre projet a été présenté à la firme de capital-risque Venture et en Israël à une firme homologue, Jerusalem Venture Partners (JVP).

Les étudiants de McGill au sommet de la forteresse de Massada. (Michael Avedesian photo)

Ce voyage académique vous a donc permis de découvrir Israël sous divers angles.

Oui. Pendant notre séjour de deux semaines en Israël, nous avons eu l’occasion de nous familiariser avec la culture, l’histoire et les us et coutumes de ce pays. Le 1er mai, jour de notre arrivée, c’était la Journée du souvenir de l’Holocauste. Un moment de commémoration très solennel pour le peuple d’Israël dédié à la mémoire des 6 millions de Juifs exterminés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 8 mai, nous avons vécu aux côtés des Israéliens l’expérience fort poignante de la Journée du souvenir dédiée aux soldats de l’armée d’Israël qui, depuis la création de leur pays, en 1948, ont sacrifié leur vie pour le défendre. Le lendemain, 9 mai, c’était la Journée d’indépendance d’Israël, fête nationale. Les célébrations ont débuté la veille au soir. Nous étions à Haïfa. Un très beau moment de liesse nationale. Au programme: feux d’artifice, danses dans les rues, concerts de musique en plein air, de la bonne nourriture et des boissons à profusion… Une ambiance festive exceptionnelle. À Tel-Aviv, nous avons été aussi témoins de l’atmosphère effervescente qui s’est emparée de cette ville quelques jours avant la tenue du prestigieux concours musical européen Eurovision.

Les étudiants de McGill dans un restaurant de Tel-Aviv la veille de leur retour à Montréal. (Michael Avedesian photo)

Vous vous êtes aussi familiarisés avec le modèle de haute technologie bâti par Israël.

Israël s’est bien mérité son appellation de “start-up nation”. Les Israéliens ont créé un modèle de haute technologie innovateur et des plus performants encensé aujourd’hui dans le monde entier. Les centres de recherche des universités et des instituts scientifiques israéliens sont devenus des pépinières d’entreprises de démarrage et des usines de dépôts de brevets. Nous avons eu l’occasion de voir de près comment ce modèle fonctionne. Ça a été une expérience éducative des plus enrichissantes. Les Israéliens excellent dans le domaine de l’innovation technologique. Le contexte d’insécurité et de guerre dans lequel ils vivent depuis 71 ans les motive à se distinguer particulièrement dans ce créneau fondamental. Le capital humain est certainement l’un des grands atouts d’Israël et de son économie. Ce petit pays, qui compte déjà plusieurs prix Nobel dans des disciplines scientifiques, a forgé un modèle de haute technologie fort avant-gardiste qui est une source d’inspiration pour de nombreux pays.

Avez-vous visité les principaux centres de recherche en haute technologie d’Israël?

À Beer-Sheva, nous avons visité le Parc technologique Gav-Yam Negev, qui abrite des incubateurs et des accélérateurs pour des entreprises en démarrage. On y retrouve aussi le plus grand nombre de centres de recherche et de développement au monde. En Israël, le Parc technologique de Beer-Sheva est considéré comme le centre d’excellence de recherche en cybersécurité et en robotique. Il est situé à proximité du campus principal de l’Université Ben Gourion, qui est aujourd’hui un centre majeur du développement technologique en Israël. Nous avons visité plusieurs centres de recherche de pointe affiliés à l’Université Ben Gourion.

Près de la Mer morte, nous avons visité les installations de la compagnie Dead Sea Works, le principal producteur et exportateur mondial de potassium, un engrais agricole fondamental. Cette firme a mis au point un processus d’extraction et de traitement du potassium très sophistiqué.

À Jérusalem, nous avons rencontré les dirigeants de Jerusalem Venture Partners (JVP), firme israélienne leader dans le créneau du capital-risque. Ses actifs sont impressionnants: 1,2 milliard de dollars américains recueillis par le truchement de 8 fonds et un large réseau de partenariats d’affaires stratégiques forgés à travers le monde.

Ce voyage comportait aussi un volet touristique important.

Les paysages d’Israël sont d’une beauté à couper le souffle. Nous avons sillonné le majestueux désert du Néguev, où nous avons visité Sde Boker, le kibboutz où a vécu le père fondateur d’Israël, David Ben Gourion. Nous avons fait un arrêt dans un camp bédouin où un Sheikh, l’un des leaders de la communauté bédouine israélienne, nous a relaté l’histoire passionnante de celle-ci. Nous sommes allés à la Mer morte et avons gravi à pied le sommet de la forteresse de Massada, bâtie par le roi Hérode en 43 avant J.-C., d’où la vue sur la Mer morte et ses environs est spectaculaire. Nous avons découvert la beauté enivrante d’une ville somptueuse, Jérusalem, berceau des trois grandes religions monothéistes: le judaïsme, le christianisme et l’islam. La visite de Yad Vashem, le Mémorial de l’Holocauste, a été très émouvante. Nous avons visité le Kibboutz Degania et fait une randonnée en bateau sur la mer de Galilée. Nous avons aussi parcouru Tel-Aviv, la ville qui ne dort jamais, Haïfa, Netanya…

Quelle sont vos impressions générales sur votre séjour en Israël?

J’ai adoré ce voyage d’études et de découvertes. Il a été une expérience des plus enrichissantes sur tous les plans: humain, académique, culturel, touristique. Ce voyage m’a permis d’avoir désormais un regard plus objectif sur Israël et ses réalités. J’y ai découvert une société moderne, multiculturelle et des plus dynamiques, où se côtoient le poids d’une Histoire plusieurs fois millénaire et les inventions technologiques les plus avant-gardistes; des Juifs et des Arabes cohabitant et travaillant ensemble, comme à Haïfa; un peuple inventif et innovateur; des universités et des centres de recherche de renommée mondiale… Quand on est exposé aux diverses facettes d’Israël, les préjugés qu’on peut avoir sur ce pays s’estompent rapidement.

Vous sentiez-vous en sécurité en Israël?

Sincèrement, avant de visiter Israël, je ne pensais pas que ce pays était aussi sécuritaire. Le cadre dans lequel s’est déroulée notre visite l’a certainement été. L’obsession sécuritaire des Israéliens est compréhensible et des plus légitimes, en dépit du fait qu’elle peut être parfois une épreuve irritante pour les visiteurs de l’étranger non juifs qui sont soumis à une batterie de questions et à des fouilles très pointilleuses. Israël est un pays où on se sent en sécurité. Nous avons par contre vécu un épisode qui nous a alarmés. Quelques heures après notre départ de Beer-Sheva, une roquette, lancée par le Hamas depuis Gaza, est tombée sur cette ville du sud d’Israël. Les Israéliens résidant dans cette région du pays sont largement habitués à ces moments d’effroi.