Henri Elbaz, une brillante carrière à l’H.G.J.

Après trente-deux ans d’une brillante carrière professionnelle à l’Hôpital Général Juif de Montréal (H.G.J.), dont seize ans comme directeur général de cette institution de santé, Henri Elbaz vient de passer le flambeau à son successeur, le Dr. Hartley Stern.

Tous ceux qui ont côtoyé quotidiennement Henri Elbaz au cours de sa longue carrière à l’H.G.J., les anciens et l’actuel présidents, les membres du Conseil d’administration, le corps professionnel et médical de l’H.G.J… ont souligné unanimement, lors des hommages qu’ils lui ont rendus à la veille de quitter ses fonctions, son remarquable leadership, son grand dévouement professionnel, ses compétences éprouvées d’administrateur, son esprit visionnaire et son admirable engagement communautaire.

Henri Elbaz nous a brossé au cours d’une entrevue son bilan des trois décennies qu’il a entièrement consacrées à l’H.G.J.

“Je me sens très privilégié d’avoir dévoué ma carrière professionnelle à l’H.G.J. Ça a été pour moi une noble et extraordinaire mission. Aujourd’hui, l’H.G.J. est un établissement réputé, qui jouit du respect du gouvernement du Québec et de toute la communauté montréalaise. L’H.G.J. est une fierté pour  la communauté juive de Montréal, qui l’a supporté depuis sa fondation, au début des années 30. On ne peut que rendre hommage aux bâtisseurs visionnaires de l’H.J.G., qui souhaitaient fonder très modestement un petit hôpital doté d’une petite maternité. Leur vision et leur détermination inébranlable nous ont menés bien loin. Aujourd’hui, l’H.G.J. est un des plus importants hôpitaux et Centre universitaires du Québec et du Canada. C’est une très belle réalisation”, dit Henri Elbaz.

L’H.G.J. ce n’est pas une personne, c’est avant tout une équipe, insiste-t-il.

“L’H.G.J., que nous avons patiemment bâti au fil des années, n’est pas le fruit du labeur de son directeur général, c’est surtout le résultat du travail acharné d’une formidable équipe de médecins, d’infirmières, de techniciens, d’administrateurs, de bénévoles… très compétents et dévoués. La force de l’H.G.J., c’est l’implication d’un grand nombre de bénévoles, qui consacrent non seulement leur temps, leur argent et leur expertise à cette institution, mais aussi toute leur passion.”

Henri Elbaz a été aux commandes de l’H.G.J. à des époques mouvementées où les systèmes de santé et hospitalier du Québec ont connu de profonds chambardements:  le changement majeur survenu en 1976 dans le système de financement du réseau de la santé -“estimant que la santé ne pouvait pas être un chèque en blanc, le gouvernement de René Lévesque décida de passer d’un budget ligne par ligne à un budget global, une enveloppe budgétaire globale”, rappelle-t-il; la crise financière de 1982, avec son lot de grandes coupures budgétaires, qui ont entraîné des fermetures de lits – “les urgences étaient fermées, les ambulances se baladaient d’un hôpital à un autre”-;  en 1985 et en 1995, les mises à la retraite de nombreux professionnels de la santé;  la politique du déficit zéro…

“Ça n’a jamais été un milieu calme et paisible. Dans le milieu hospitalier, nous sommes toujours appelés à éteindre des feux! Chaque jour est un défi important.”

Ces trois dernières décades, l’H.G.J. s’est particulièrement distingué par sa vision avant-gardiste, qui lui a permis de relever des défis de taille.

“Notre principale vision, c’est d’être avant tout un établissement de santé capable de répondre concrètement aux besoins de la population. Et, ces besoins ne cessent d’évoluer. Ces dernières années, un très grand défi pour l’H.G.J., c’était l’accès à l’urgence. Nous nous sommes attelés à relever ce défi à une époque où les urgences étaient fermées au Québec. Il y avait des centaines de patients dans les corridors des urgences qui poireautaient pendant une ou deux semaines. À l’H.G.J., cette dure réalité nous l’avons considérée comme un grand défi à surmonter. Nous avons pris les mesures nécessaires. Notre Urgence est devenue un modèle au Québec et même au Canada, en termes de performance, d’accessibilité et de formation d’urgentologues”, explique Henri Elbaz.

L’H.G.J. a été le premier hôpital au Québec à avoir pris le virage ambulatoire.

“À une période charnière où l’accès aux hôpitaux était limité à cause des fermetures d’hôpitaux et de lits, nous avons créé le premier Centre ambulatoire du Québec. Nous avons construit les Pavillons G et E, opérationnels depuis 1992,  dotés d’un espace de 275000 pieds carrés.”

Autre grand défi relevé par l’H.G.J. au cours des dernières années: le traitement du cancer.

“Pour assurer des services de qualité aux patients atteints du cancer, nous avons mis sur pied une équipe multidisciplinaire, qui prend en charge le patient dans les différentes phases de ses traitements médicaux. Ça nous a amenés a créer le Centre du cancer Segal, une institution de pointe dans la lutte contre le cancer.”

La vision de l’H.G.J. est axée sur trois champs: un champ clinique, un programme d’enseignement universitaire et un champ de recherche.

“D’abord, nous devons nous assurer que l’Hôpital a une base clinique excellente. Et, sur cette base clinique excellente et d’excellence, on a pu bâtir un programme d’enseignement. Nous sommes un Hôpital universitaire affilié à l’Université McGill. Sur une base très solide clinique et d’enseignement, on fait de la recherche. Le tout se complète. Pour avoir une médecine avant-gardiste, il faut faire de la recherche et enseigner cette médecine pour assurer une relève: nos futurs médecins.”

L’H.G.J. est affilié à l’Université McGill pour ce qui est de l’enseignement médical. En ce qui a trait à la formation des infirmières, l’H.G.J. est affilié à l’Université McGill et à l’Université de Montréal.  Pour la formation des technologues en radiologie et des technologues en laboratoire, l’Hôpital est affilié à des cégeps francophones et anglophones de Montréal.

“Nos affiliations avec des universités et des cégeps sont multiples. Chaque année, plus de 1100 étudiants des universités et des cégeps affiliés à l’H.G.J. suivent chez nous des stages et des programmes de formation.”

Henri Elbaz est très optimiste pour ce qui est de l’avenir de l’H.G.J.

“À l’H.G.J., nous sommes très visionnaires. Nous avons toujours travaillé sur des plans à court, à moyen et à long terme. Nos plans couvrent quasiment les trente prochaines années. Je quitte l’Hôpital, mais je laisse des Feuilles de route, des Road Maps, très bien identifiées et bien connues de nos équipes de professionnels. Je quitte un train qui fonce à toute vitesse. Mais, ce train va continuer à rouler avec un nouveau conducteur. Pour moi, c’est un bonheur de céder le flambeau alors que l’organisation de l’Hôpital est très solide et que son avenir est très brillant. C’est ma meilleure façon de tirer ma révérence.”

En plein développement, l’H.G.J. connaîtra au cours des prochaines années un nouvel essor très prometteur, prédit Henri Elbaz.

De nombreux projets d’expansion et de rénovation seront menés à terme au cours de la prochaine année: l’agrandissement de la Division de radio-oncologie; l’ajout d’un deuxième laboratoire de cathétérisme cardiaque; la construction d’un nouveau Centre des sciences cardiovasculaires; la relocalisation du Centre Herzl de Médecine familiale dans de nouvelles installations; l’agrandissement des secteurs cliniques de l’Hôpital…

Henri Elbaz est très fier de la “remarquable contribution de la Communauté juive de Montréal au développement de l’H.G.J.”

“L’H.G.J. est le résultat d’un projet communautaire initié par des Juifs de Montréal il y a plus de soixante-dix ans. Un projet qui est devenu aujourd’hui un des Centres académiques les plus importants du Québec. C’est le plus bel exemple de la contribution de la Communauté juive au bien-être de la population de Montréal et du Québec. C’est l’exemple par excellence de la mobilisation de forces vives communautaires bénévoles pour sauvegarder et protéger notre système public de santé.”