Un remarquable Projet éducatif sur la Shoah

e gauche à droite: Davy Trop, survivant de la Shoah, Sonia Sarah Lipsyc, Directrice du Centre d’Études juives contemporaines ALEPH et et co-auteure du spectacle “Sauver un être, sauver un monde”, l'écrivaine Montréalaise Catherine Shvets, auteure du livre “Hitler et la fillette” et co-auteure du spectacle “Sauver un être, sauver un monde”, et le comédien Québécois Marc-André Thibault

Un silence de plomb régnait dans l’Amphithéâtre de l’École Joseph-François-Perrault de la Commission Scolaire de Montréal (C.S.D.M.). Des élèves de Secondaire 5 écoutaient, captivés, les réflexions égrenées par Davy Trop, survivant de la Shoah. Né en Belgique, Davy Trop a survécu à cette effroyable et indicible tragédie grâce au grand courage des prélats des Institutions religieuses catho­liques où il trouva refuge pendant l’Occupation de son pays natal par les nazis.

Quand un élève de cette École publique multiethnique, située au coeur d’un des quartiers les plus défavorisés de Mont­réal, demanda à Davy Trop s’il éprouvait du ressentiment et de la colère à l’endroit des Allemands pour les épreuves morbides que ces derniers ont fait subir aux Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce Médecin anesthésiste, aujourd’hui à la retraite, répondit candidement: “Quand on me pose cette question, je cite toujours un vers de Victor Hugo: “J’ai cessé d’accuser, j’ai cessé de maudir, laissez-moi pleurer””.

Davy Trop participait à un débat-discussion avec les élèves du Secondaire 5 de l’École Joseph-François-Perrault sur les conséquences dé­lé­tères de ne pas porter secours à des Communautés et à des personnes menacées de mort par des régimes politiques dictatoriaux.

Cette discussion a eu lieu après la présentation du spectacle théâtral “Sauver un être, sauver un monde”, composé à partir d’un choix de textes du livre de Catherine Shvets, Hitler et la fillette, publié en 2010 aux Éditions Flammarion Québec. Catherine Shvets n’avait que 15 ans lorsqu’elle a écrit ce livre de nouvelles inspirées des souvenirs que sa grand-mère, une Juive Russe ayant vécu les atrocités de la Seconde Guerre mondiale, lui a relatés. Dans ce livre très poignant, Catherine Shvets, aujourd’hui âgée de 18 ans et étudiante au Cégep André-Laurendeau, raconte, par le biais de quinze récits, comment une petite fille Juive fut sauvée par une paysanne roumaine, un soldat Allemand, un Juif fuyant les persécutions nazies…

Sonia Sarah Lipsyc, fondatrice et Directrice du Centre d’Études juives contemporaines ALEPH, affilié à la Communauté sépharade unifiée du Québec, a été tellement séduite par le livre de Catherine Shvets qu’elle a proposé à cette dernière de co-écrire un spectacle basé sur plusieurs des récits consignés dans Hitler et la fillette. Fruit de ce partenariat: un spectacle théâtral original et percutant, soigneusement mis en scène, interprété avec brio par Catherine Shvets et un jeune comédien Québécois très prometteur, Marc-André Thibault, 23 ans, Diplômé du Conservatoire d’Art dramatique de Québec.

Ce spectacle sera présenté au cours des prochaines semaines dans des Écoles non-juives et juives de Mont­réal.

“La présentation de ce spectacle dans des Écoles a pour objectif de travailler sur la transmission d’une Mémoire commune à l’humanité, de combattre l’intolérance et le racisme, de faire connaître la Communauté juive dans sa diversité et son Histoire, de promouvoir une meilleure compréhension entre les Communautés et de faire la promotion de l’écriture, de l’initiative et de la création auprès des jeunes à travers l’expérience de la jeune auteure Montréalaise Catherine Shvets”, explique Sonia Sarah Lipsyc.

Les concepteurs de ce Projet éducatif ont élaboré un Livret pé­da­go­gique afin que chaque enseignant puisse préparer ses élèves avant qu’ils n’assistent à la représentation du spectacle. Ce Livret pédagogique comporte des termes et des ré­fé­rences bibliographiques et cinématographiques relatifs au Judaïsme, à la vie des Communautés juives en Europe avant la Grande Guerre de 1939-1945, à la Shoah… de même que des pistes d’approfondissement sous forme de débats.

“En se basant sur ce Livret pédagogique, les enseignants sont invités à effectuer un retour sur ce spectacle avec leurs élèves environ une semaine après la représentation. Tant ce post-mortem que la préparation deux semaines auparavant sont des moments importants, généralement très appréciés des élèves. Ils permettent d’augmenter considérablement l’impact pédagogique de la représentation chez les spectateurs”, précise Sonia  Sarah Lipsyc.

Catherine Shvets est ravie de partager cette “expérience scénique très enrichissante” avec des jeunes Montréalais issus de différents milieux ethniques.

“Ce spectacle théâtral met principalement en valeur des gestes d’humanité et de solidarité. Il rappelle aux jeunes d’aujourd’hui à quel point la Shoah est une tragédie non seulement juive mais aussi très universelle. Les élèves qui ont assisté à notre spectacle semblent avoir saisi cette dimension fondamentale de la Shoah. Ce spectacle nous rappelle que les notions capitales de fraternité, de soli­da­rité et de partage ont toujours été omniprésentes dans l’esprit des hommes et des femmes de bonne volonté, même pendant les périodes les plus noires de l’Histoire de l’humanité.”

Marc-André Thibault a été dès le début très emballé par ce Projet théâtral à finalité pédagogique.

“Je remercie Sonia Sarah Lipsyc et Catherine Shvets de m’avoir donné l’opportunité de m’impliquer dans ce Projet théâtral qui sort des sentiers battus. Les échanges avec les élèves à la fin de la représentation du spectacle sont fort stimulants. Ces discussions mettent en charpie le mythe très tenace selon lequel les jeunes Québécois ne s’intéressent qu’aux Jeux Vidéos et à la Musique Techno et sont très allergiques à l’Histoire, à la Culture et aux Arts.”

Survivant de la Shoah, Davy Trop loue l’“excellente initiative” de Sonia Sarah Lipsyc du Centre ALEPH et de Catherine Shvets d’avoir conçu un spectacle théâtral qui “réactualise avec un grand doigté une tragédie malheureusement toujours très contemporaine en cette deuxième décade du XXIème siècle, où des massacres horribles continuent à être perpétrés dans les quatre coins du monde”.

Bianca Cozzolieno, 17 ans, étudiante en Secondaire 5 à l’École Joseph-François-Perrault, a beaucoup apprécié cette représentation théâtrale ayant comme toile de fond la Shoah.

“L’Holocauste est un sujet qui m’intéresse beaucoup. L’Histoire me passionne. C’est pourquoi j’ai décidé d’entreprendre des études en Histoire à l’Université. Ce spectacle très accrocheur nous rappelle que l’innommable se produit encore aujourd’hui. La plus grande des vigilances doit être toujours de mise car une bonne partie de l’humanité a tendance à oublier les tragédies du passé. Or, on ne peut pas comprendre le présent si on fait table rase du passé. Nous devons lutter contre cette amnésie historique très malsaine.”

Jean-Paul Bonnel, 17 ans, étudiant en Secondaire V à l’École Joseph-François-Perrault, avait jusque-là vaguement entendu parler de l’exter­mi­na­tion sciemment planifiée par les nazis de 6 millions de Juifs européens pendant la Deuxième Guerre mondiale.

“Il faudrait que les élèves Québécois apprennent plus sur cette horrible tragédie dans leurs cours d’Histoire. Le principal message que j’ai retenu de ce beau spectacle est que malgré les horreurs auxquelles il peut être confronté, un être humain a toujours la possiblité d’aller chercher à l’intérieur de lui-même la force, le courage et la volonté dont on a besoin pour sauver de la mort des populations persécutées et en détresse. C’est une belle leçon de vie et d’humanité.”

Le spectacle théâtral “Sauver un être, sauver un monde” est produit par le Centre d’Études juives contemporaines ALEPH de la Communauté sépharade unifiée du Québec en partenariat avec Les Productions Pas de Panique, chargées de la diffusion de ce spectacle dans les Écoles de Mont­réal et du Québec. Ce Projet a bénéficié du soutien de la Fondation Communautaire Juive de Montréal, du Centre Segal des Arts de la Scène et du Centre Commémoratif de l’Holocauste de Montréal.

 

A production titled Sauver un être, sauver un monde, written by Sonia Sarah Lipsyc, director of Centre Alef, and 18-year-old Catherine Shvets, based on stories told to Shvets by her grandmother, a Holocaust survivor, will be shown in  Montreal schools as part of a program about the Holocaust and helping others.