Déboulonner les préjugés sur les Juifs hassidiques

Les auteurs du livre « Les Juifs hassidiques de Montréal ». Première rangée, de gauche à droite : Steven Lapidus, Valentina Gaddi, Chantal Ringuet, Chritine Brabant et Shauna Van Praagh. Derrière, de gauche à droite : Simon-Pierre Lacasse, Pierre Anctil et Ira Robinson (CJN photo)

Les Juifs hassidiques de Montréal, qui vient de paraître aux Presses de l’Université de Montréal, est un ouvrage qui contribuera certes à mieux faire connaître ces communautés juives ultra-orthodoxes et, surtout, à déboulonner la kyrielle de stéréotypes colportés à leur sujet.

Cet ouvrage collectif a été codirigé par l’historien Pierre Anctil, professeur titulaire au Département d’histoire de l’Université d’Ottawa, et Ira Robinson, titulaire de la Chaire en études juives québécoises et canadiennes et directeur de l’Institut d’études juives canadiennes de l’Université Concordia.

Fort instructif et éclairant, ce livre est le fruit des réflexions étayées au cours d’un colloque consacré aux communautés hassidiques de Montréal qui s’est tenu, en mai 2017 à l’Université McGill, lors du 85e Congrès de l’ACFAS (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences).

Le lancement de ce livre collectif a eu lieu à la Librairie du Square, sise sur la rue Bernard à Outremont.

Les auteurs dressent un portrait inédit des communautés hassidiques de Montréal et analysent exhaustivement diverses questions et problématiques relatives à celles-ci.

“Ce livre propose un tour d’horizon très large. Nous avons fait un effort pour que les enjeux d’aujourd’hui soient analysés en profondeur. Ce livre est destiné à un public éclairé, à des gestionnaires, à des décideurs, à des journalistes, à des citoyens intéressés à avoir de l’information rationnelle scientifique et non biaisée. Nous espérons qu’il aidera à mieux comprendre le positionnement de ces communautés juives ultra-orthodoxes qui vivent parmi nous, dont les membres sont nos voisins, que nous connaissons mal. C’est un travail de vulgarisation et non pas un livre spécialisé truffé de termes compliqués. Plusieurs des chercheurs qui ont collaboré à cet ouvrage nous livrent les résultats du travail d’enquête qu’ils ont mené sur le terrain”, nous a dit Pierre Anctil.

Données et statistiques à l’appui, Pierre Anctil brosse dans ce livre un vaste tableau sociologique des communautés hassidiques de Montréal.

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Pour Ira Robinson, cet ouvrage est “le triomphe d’une idée collective” qui s’est cristallisée lors d’un colloque de l’ACFAS organisé à l’Université McGill en 2017.

“Ma contribution à ce livre: tenir compte du développement historique du hassidisme à partir de ses origines au XVIIIe siècle. Dans mon texte, j’analyse quelques défis de la communauté hassidique québécoise contemporaine dans la perspective de la longue histoire communautaire hassidique qui s’étend sur environ deux cent cinquante ans. Vous constaterez à la lecture de mon texte que les enjeux et les problématiques auxquels les communautés hassidiques étaient confrontées dans le passé s’apparentent beaucoup à ceux auxquels elles font face aujourd’hui à Montréal et dans d’autres sociétés modernes. Plus ça change, plus c’est la même chose!”, a dit Ira Robinson lors de la brève allocution qu’il a prononcée à l’occasion du lancement du livre.

Huit autres universitaires et chercheurs ont contribué à cet ouvrage:

– Christine Brabant, professeure agrégée au Département d’administration et fondements de l’éducation de l’Université de Montréal, et Christiane Caneva, spécialiste en éducation, cosignent un texte sur l’encadrement de la scolarisation des jeunes hassidiques.

– Valentina Gaddi, candidate au doctorat au Département de sociologie de l’Université de Montréal, s’est intéressée à la présence des Juifs hassidiques dans l’espace public, à Outremont.

– Simon-Pierre Lacasse, candidat au doctorat en histoire à l’Université d’Ottawa, s’est penché sur l’implantation des communautés hassidiques durant l’après-guerre.

– Steven Lapidus, spécialiste des judaïsmes orthodoxes et hassidique et enseignant à l’Université Concordia, et William Shaffir, professeur émérite au Département de sociologie de l’Université McMaster, à Hamilton, Ontario, examinent le rôle des institutions hassidiques dans la vie de ces communautés juives ultra-orthodoxes et dans leurs rapports avec les pouvoirs publics.

– Chantal Ringuet, écrivaine, chercheuse et traductrice, signe un texte intitulé: “Traduire le Montréal yiddish aujourd’hui”.

– Jessica Roda, anthropologue et ethnomusicologue, professeure adjointe de civilisation juive à la Walsh School of Foreign Service et à la Georgetown University-North America, à Washington, examine la vie hassidique au-delà de la sphère religieuse.

– Shauna Van Praagh, professeure titulaire à la Faculté de droit de l’Université McGill, analyse quelques angles d’approche à travers lesquels les juristes pourraient appréhender la situation des enfants hassidiques, notamment en ce qui a trait à leur scolarisation.

Mindy Pollak, la première femme juive hassidique à assumer des fonctions politiques à Montréal, élue en 2013 conseillère municipale d’Outremont, a assisté au lancement du livre Les Juifs hassidiques de Montréal à la Librairie du Square.

En 2011, après la tenue d’un référendum sur un projet de rénovation d’une synagogue située sur la rue Hutchinson, Mindy Pollak a cofondé les Amis de la rue Hutchinson, avec Leila Marshy, une résidente d’Outremont d’origine palestinienne très sensible aux revendications formulées par la communauté hassidique. Cette association de voisins s’est fixé comme mission de bâtir des ponts entre les membres de la communauté juive hassidique et les résidents non juifs d’Outremont et de favoriser un dialogue interculturel constructif.

“Je tiens à remercier les auteurs de ce livre important parce qu’ils nous fournissent beaucoup d’informations sur les communautés hassidiques de Montréal. Il n’y a pas beaucoup de ressources précises sur ce sujet. Ce livre vient combler une grande lacune. Vos recherches et cet ouvrage sont précieux pour promouvoir le bon voisinage à Outremont. Plus on connaît l’autre, plus on se parle, le mieux les choses iront. J’ai assisté en 2017 à votre colloque organisé à l’Université McGill à l’occasion de l’ACFAS. C’était une rencontre fascinante. Je suis heureuse que votre travail de réflexion ait abouti à ce livre qui s’adresse à l’ensemble des citoyens et aux décideurs politiques”, a dit Mindy Pollak en s’exprimant dans un français impeccable.