Le combat pour l’indépendance du peuple kabyle

De gauche à droite: Rachid Bandou, Président des Amitiés Québec-Kabylie, David Bensoussan, Ferhat Mehenni, David Ouellette, Luciano Del Negro, Eta Yudin et Myriam Azogui-Halbwax du CIJA-Québec.
De gauche à droite: Rachid Bandou, Président des Amitiés Québec-Kabylie, David Bensoussan, Ferhat Mehenni, David Ouellette, Luciano Del Negro, Eta Yudin et Myriam Azogui-Halbwax du CIJA-Québec

Figure marquante du mouvement pour l’indépendance de la Kabylie -une région berbère située dans le Nord de l’Algérie-, Ferhat Mehenni a été chaleureusement accueilli récemment par les membres de l’équipe de direction de la section Québec du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).

Cette rencontre a eu lieu dans les locaux du CIJA-Québec.

Fondateur en 2001 du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) et en 2010 du Gouvernement provisoire kabyle, Ferhat Mehenni brossa à ses interlocuteurs une rétrospective historique du long et ardu combat mené par le peuple kabyle pour acquérir son indépendance et leur livra son analyse sur les perspectives politiques dans l’Algérie gouvernée d’une main de fer par Abdelaziz Bouteflika depuis 1999.

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Luciano Del Negro, vice-président du CIJAQuébec, David Ouellette, Myriam Azogui-Halbwax et Eta Yudin, directeurs associés au CIJA-Québec, David Bensoussan, universitaire et ancien président de la Communauté sépharade unifié du Québec (CSUQ), Rachid Bandou, président des Amitiés Québec-Kabylie et plusieurs membres de cette association, dont Julia Coriat, une bénévole très active dans la communauté sépharade, ont assisté à cette rencontre.

Aujourd’hui, il y a environ 11 millions de Kabyles dans le monde. Quelque 7 millions vivent en Algérie. Environ 2 millions sont établis en France. Au Québec, la communauté kabyle compte environ 40000 personnes.

D’après Ferhat Mehenni, le peuple Kabyle est soumis à “une dure répression” de la part des autorités algériennes.

“Sur le terrain, la Kabylie est un territoire surmilitarisé. Aujourd’hui, 30% des effectifs militaires de l’Algérie sont déployés en Kabylie. Une militarisation très excessive par rapport à la population et à la superficie étriquée -25000 kilomètres carrés- de la Kabylie. Pour le peuple kabyle, ce déploiement impressionnant de forces militaires est simplement une occupation et une intimidation pour le faire plier afin qu’il renonce à son combat national très légitime. Cette surprésence militaire algérienne sur le territoire de la Kabylie a deux objectifs: intimider le peuple kabyle pour qu’il ne se révolte plus et faire fuir les investisseurs économiques.”

En 2012, Ferhat Mehenni effectua un voyage officiel en Israël. Il rencontra Dany Danone, actuel Ambassadeur d’Israël à l’ONU qui assumait alors la fonction de vice-président de la Knesset, le ministre israélien de l’hydraulique et des mines, des hauts cadres du ministère des Affaires étrangères d’Israël et des personnalités du monde artistique et culturel israélien.

Ce voyage en Israël suscita l’ire du gouvernement algérien qui s’empressa, par le truchement de son ministère des Affaires étrangères, d’émettre un communiqué fustigeant Ferhat Mehenni et qualifiant son séjour en Israël d’“acte de trahison envers le peuple algérien”.

“Je suis très fier d’avoir effectué ce voyage en Israël, où mes interlocuteurs m’ont cordialement accueilli et écouté attentivement. J’espère qu’Israël reconnaîtra bientôt la nécessité du peuple kabyle d’accéder à son indépendance. Dès que ce sera fait, nous retournerons à Jérusalem pour sceller des accords d’amitié et de coopération avec le gouvernement et le peuple d’Israël”, a dit Ferhat Mehenni

En France et dans d’autres pays européens, Ferhat Mehenni a des contacts réguliers avec les leaders et des membres des communautés juives établies dans ces contrées.

Le peuple Kabyle n’est plus en quête d’une “autonomie territoriale”, mais de son “indépendance pleine et entière”, précisa Ferhat Mehenni.

“Les Kabyles ne sont plus dans la phase intermédiaire d’une revendication linguistique et identitaire. Désormais, nous voulons être totalement indépendants et avoir notre propre État pour protéger notre peuple des agressions permanentes du pouvoir algérien. Nous voulons prendre une fois pour toutes notre destinée en main, contrôler notre économie, bâtir notre propre système d’éducation. Nous souhaitons axer le développement de la Kabylie sur la recherche fondamentale et la recherche technologique. Nous ne voulons plus que la Kabylie soit amarrée au Moyen-Orient, mais qu’elle soit ouverte sur le monde.”

Comment Ferhat Mehenni envisage-t-il les perspectives politiques futures dans l’Algérie de Bouteflika?

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“Le Gouvernement provisoire kabyle se prépare à l’effondrement du système politique actuel algérien. Il n’y a à Alger aucune autre force politique susceptible de prendre le relais. Les Kabyles s’opposent  farouchement à la dynastie Bouteflika. C’est pour cette raison qu’ils ont été évincés des sphères politiques algériennes. La Kabylie doit se préparer à stabiliser et sécuriser son territoire dans la perspective très proche d’un effondrement du régime algérien.”

Le 27 octobre dernier, le Maroc a demandé officiellement à l’ONU d’inscrire à son agenda l’“examen du droit du peuple kabyle à son autodétermination”.

Cette initiative inopinée du Maroc a été accueillie avec liesse par le peuple kabyle.

“Nous saluons la sagesse du Maroc et de sa majesté le Roi Mohammed VI qui en soutenant notre combat pour l’indépendance vient de faire sauter un verrou et de nous ouvrir une porte pour élargir à d’autres nations la reconnaissance du peuple kabyle”, a dit Ferhat Mehenni

Le mouvement indépendantiste kabyle cherche des appuis en Catalogne, en Écosse et au Québec.

Depuis 2002, Ferhat Mehenni a rencontré plusieurs leaders indépendantistes québécois, dont Gilles Duceppe, Bernard Landry et récemment Pierre Karl Péladeau.