Le Parlement du Québec commémore Yom Hashoah

Les membres de la délégation du Musée de l’Holocauste de Montréal au Parlement de Québec en compagnie de Nadine Girault (5ème à partir de la gauche), ministre des Relations internationales et de la Francophonie. (CJN photo)

Le 30 avril, Yom Hashoah, Jour du souvenir de l’Holocauste, a été souligné avec une grande solennité par la classe politique du Québec.

Une motion reconnaissant le 1er mai 2019 comme Yom Hashoah au Québec a été adoptée par tous élus de l’Assemblée nationale.

Ce fut aussi l’occasion de marquer le 20e anniversaire de la promulgation de la Loi québécoise proclamant Yom Hashoah, Jour du souvenir de l’Holocauste au Québec.

La motion a été présentée par David Birnbaum, député libéral de D’Arcy-McGee, conjointement avec Nadine Girault, ministre des Relations internationales et de la Francophonie dans le gouvernement de la CAQ (Coalition Avenir Québec), Catherine Dorion, députée solidaire de Taschereau, Pascal Bérubé, député péquiste de Matane-Matapédia et chef du troisième groupe d’opposition, Guy Ouellette, député indépendant de Chomedey, et Catherine Fournier, députée indépendante de Marie-Victorin.

Après l’adoption de la motion, les élus de l’Assemblée nationale ont observé une minute de silence à la mémoire des 6 millions de Juifs assassinés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une délégation représentant le Musée de l’Holocauste de Montréal, dirigée par la présidente de cette institution mémorielle, Dorothy Zalcman-Howard, était présente dans les tribunes du Salon bleu du Parlement de Québec.

Des survivants de la Shoah faisaient partie de cette délégation: Léon Celemenski, Elie Dawang, Georgette Brinberg, Philip Goldig, son épouse, Lorna Gerson Goldig, Yehouda Chaki et son épouse, Grace Aronoff Chaki.

Artiste peintre renommé, Yehouda Chaki a offert à l’Assemblée nationale du Québec, en 2000, à l’occasion du premier anniversaire de l’adoption de la Loi québécoise proclamant la commémoration de Yom Hashoah, une imposante œuvre picturale évoquant cette effroyable tragédie humaine au cours de laquelle une importante partie du judaïsme européen a été décimée. Ce tableau poignant trône dans l’un des salons du Parlement québécois.

Les élus de l’Assemblé nationale ont rendu un vibrant hommage à Lawrence Bergman, ancien député libéral de D’Arcy-McGee et auteur du projet de loi proclamant le jour commémoratif de la Shoah au Québec, et à André Boulerice, ancien député du Parti québécois, qui a appuyé l’adoption de cette législation. Les deux étaient présents dans les tribunes du Salon bleu.

Arborant une kippa, David Birnbaum a loué le courage et le vigoureux esprit de combativité et de résilience des survivants de la Shoah.

Il a rappelé que l’”Assemblée nationale du Québec a la distinction d’être le premier État francophone au monde à avoir adopté une loi commémorant l’Holocauste”.

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Le député de D’Arcy-McGee a conclu son intervention en déclarant que s’il avait porté une kippa en Hongrie, en Allemagne ou sous le régime de Vichy, en France, durant les années 40, il aurait signé son propre arrêt de mort.

“Il convient d’apprendre cette leçon et de se le rappeler. Gardons cela à l’esprit. En ce jour solennel de commémoration, qui de mieux placé pour nous inspirer qu’Anne Frank. “Regardez comment une seule bougie peut définir ou défier les ténèbres”, a-t-elle écrit. Ultimement, le choix appartient à chacun et à chacune d’entre nous”, dit-il.

Pour Nadine Girault, ministre des Relations internationales et de la Francophonie,”l’Holocauste, c’est la démonstration du racisme poussé à son extrême. L’horreur était quotidienne. Les camps de la mort ont été rendus possibles par une idéologie barbare et les pleins moyens du monde industriel mis à la disposition de la machine de la mort. Plus de 6 millions d’êtres humains ont été exterminés parce qu’ils étaient Juifs, une atrocité des plus absolues.”

Elle a exprimé en cette journée si particulière sa solidarité avec la communauté juive.

“74 ans plus tard, nous nous souvenons, notamment grâce à la Loi proclamant le Jour commémoratif de l’Holocauste-Yom Hashoah au Québec. J’aimerais saluer les nombreux représentants de la communauté juive dans les tribunes, une communauté qui est présente et très dynamique au Québec. De nombreux survivants et descendants de survivants ont choisi le Québec au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.”

Pour Catherine Dorion, députée de Québec solidaire, “l’histoire de l’humanité, c’est une histoire de beauté, de civilisation, de grandeur, de joie, d’apprentissage, de questionnement, de jouissance, mais c’est aussi une histoire de haine, de violence, de racisme, d’ethnocide, de féminicide, de génocide. L’être humain a fait de grandes choses, mais il a aussi fait des horreurs inconcevables pour nous aujourd’hui. Et, à travers l’Histoire, le peuple juif a été victime plus souvent qu’à son tour de cette infamie qu’est le racisme, l’antisémitisme. Il a résisté, il s’est défendu, il a trouvé des alliés. Il a été résilient à chaque fois. Alors, je veux souligner aujourd’hui, au nom de ma formation politique, la Journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste. C’est notre devoir de ne pas oublier, et trop souvent on le fait, on oublie.”

Pascal Bérubé, député du Parti québécois, a aussi honoré la mémoire des 6 millions de victimes de la Shoah.

“C’est une page sombre et honteuse de l’histoire du monde qu’il ne faut surtout pas laisser tomber dans l’oubli par respect pour les millions de femmes, d’hommes et d’enfants qui ont été détenus et persécutés dans les camps de concentration. Plus de 6 millions de morts, 6 millions, des Juifs surtout, mais également des personnes handicapées et d’autres dont les opinions ou le mode de vie ne cadraient pas avec la philosophie nazie (…) Les horreurs auxquelles a dû faire face le peuple juif dépassent l’entendement, tout comme le courage et la résilience dont il a su faire preuve depuis. Il est à souhaiter que nous sommes collectivement désormais en mesure de tirer des leçons de ce chapitre peu glorieux de notre histoire commune. Notamment, souvenons-nous que jamais le racisme, l’intolérance, les préjugés ou la haine n’ont mené à quelque progrès que ce soit dans l’humanité. Nous devons continuer à les combattre, et ce, sous toutes leurs formes.”

Le premier ministre du Québec, François Legault, et la ministre de la Culture, Nathalie Roy, sont venus saluer les membres de la délégation du Musée de l’Holocauste de Montréal lors du déjeuner au restaurant du Parlement. Ils se sont entretenus avec les survivants de la Shoah. Des députés des différents partis ont pris part à ce repas.

David Birnbaum a remis la médaille de l’Assemblée nationale à Alice Herscovitch, ancienne directrice du Musée de l’Holocauste de Montréal.

Le président-fondateur de ce musée, Steven Cummings, et le président sortant, Daniel Rabinowicz, faisaient aussi partie de la délégation.

La visite au Parlement de Québec des dirigeants du Musée de l’Holocauste de Montréal avait aussi pour but de célébrer symboliquement les 40 ans de cette institution mémorielle, de sensibiliser les élus politiques aux défis auxquels elle fait face et d’obtenir le soutien de la classe politique québécoise au projet de nouveau Musée de l’Holocauste de Montréal.