Des jeunes sépharades latinos à Montréal

“Aujourd’hui, en Argentine, les jeunes juifs envisagent avec plus d’optimisme leur avenir et celui de leur Communauté. Pourtant, la situation nationale, qui s’est quelque peu rétablie depuis le cataclysme financier qui a ravagé le pays au début de l’an 2000, n’est pas du tout rose.

L’embellie économique que l’Argentine connaît depuis deux ou trois ans camoufle des maux sociaux très profonds. Mais, la majorité des Juifs argentins ont pris conscience du revers de la médaille: l’exil n’est pas non plus une alternative facile. Beaucoup de nos coreligionnaires ayant émigré en Israël, au Canada et dans d’autres pays occidentaux triment très dur. Certains ont beaucoup de difficulté à s’intégrer dans leur nouvelle société d’accueil.”

Sebastian Azerad, 32 ans, est né et vit à Rosario, une ville située à 300 kilomètres de Buenos Aires. Cet avocat de profession nous a livré ses réflexions personnelles sur l’état du Judaïsme en Argentine au cours de la soirée d’ouverture de la première Convention du jeune Leadership sépharade.

Organisé par la Communauté sépharade unifiée du Québec en collaboration avec la Fédération Sépharade du Canada, la Fédération Sépharade Mondiale et la Fédération Sépharadie Latino-Américaine (F.E.S.E.L.A.), ce rassemblement a eu lieu récemment à Montréal.

Une trentaine de jeunes adultes, représentant les Communautés sépharades d’Argentine, du Brésil, de Colombie, du Chili, du Mexique, du Panama, du Pérou, de l’Uruguay, du Venezuela, des États-Unis et du Canada, ont participé à cette Convention. La délégation latino-américaine a pris part à ce Forum de jeunes sous la bannière de la F.E.S.E.L.A.

Ashkénaze de souche, Alejandra Kansepolsky, 29 ans, épouse de Sebastian Azerad, était ravie de prendre part à cette Convention qui, croit-elle, “contribuera, sans aucun doute, à renforcer le Séphardisme dans toutes les Amériques.”

Un point de vue partagé par une déléguée du Mexique, Julieta Levy Oved. Cette architecte de profession, âgée de 27 ans, résidant à Mexico, est très impliquée bénévolement à la F.E.S.E.L.A. depuis huit ans.

Toutes les Communautés juives d’Amérique latine n’ont pas la chance d’être “fortes, prospères, dotées d’institutions communautaires et éducatives de qualité et capables de trasmettre des valeurs communautaires juives coriaces”, comme la Communauté juive mexicaine -qui compte quelque 50000 âmes-, note Julieta.

“Aujourd’hui, en Amérique latine, il y a des petites Communautés juives qui se démènent pour assurer leur pérennité. C’est un grand défi pour elles. Cette Convention à Montréal va permettre à des jeunes leaders de petites Communautés sépharades latino-américaines de retourner chez eux avec quelques idées qu’ils pourront ensuite transposer dans leur Communauté, dit-elle. L’un des buts de ce rassemblement est de renforcer le Séphardisme en Amérique en encourageant des jeunes adultes à s’impliquer davantage au niveau communautaire.”

Jessica Seton, 20 ans, native de Colombie, croit pour sa part que les perspectives d’avenir du Judaïsme en Amérique latine sont moins prometteuses en cette première décennie du XXIe siècle.

“L’instabilité politique et sociale qui prévaut dans certains pays d’Amérique latine incite des jeunes juifs à quitter leur pays natal pour s’établir sous des cieux plus cléments. Le départ de ces jeunes affablit le Judaïsme et le Séphardisme latino-américains.”

Donc, les jeunes juifs quittent les pays d’Amérique latine plus pour des raisons socioéconomique que parce qu’ils sont victimes d’antisémitisme?

“Tout à fait, répond Jessica. Il y a très peu d’antisémitisme dans les pays latino-américains parce que les Juifs vivant dans ces contrées sont très bien intégrés socialement. C’est tout du moins le cas des membres de la petite Communauté juive de Bogota, en Colombie, qui ne compte que 300 familles. C’est une Communauté très unie et très sioniste, qui se sent entièrement colombienne.”

Alan Benjoar, 20 ans, originaire d’Argentine, où il est journaliste à Comunidades, le journal de la Communauté juive de Buenos Aires, croit que le Séphardisme n’a aucun avenir si les jeunes sépharades ne s’impliquent pas avec plus d’entrain et de conviction dans leurs Communautés respectives.

“Je suis très heureux d’être à Montréal pour rencontrer des jeunes représentant diverses Communautés sépharades d’Amérique. Il est déjà difficile de perpétuer le Judaïsme dans certains pays d’Amérique latine, où les taux d’assimilation sont effarants, alors imaginez un peu ce qui en est du Séphardisme!”

Pour que le Séphardisme soit “un vecteur de rapprochement attrayant pour les jeunes”, poursuit Alan, il faut absolument que les Communautés sépharades établissent des relations plus étroites entre elles.

“L’avenir du Séphardisme, comme du Judaïsme, réside dans l’unité du peuple juif. Seulement si nous sommes unis et solidaires, nous pourrons assurer un avenir viable au Judaïsme et au Séphardisme. Les jeunes doivent donner l’exemple. Ils doivent s’impliquer plus dans leur Communauté et se rapprocher davantage de celle-ci. La Convention à laquelle nous participons à Montréal est un bon exemple de ce que nous devons faire pour paver une voie prometteuse au Séphardisme et au Judaïsme. Soyons plus unis”, nous a dit Alan.

Some participants from Latin America talk about their experience at the first-ever convention for Sephardi young leadership, held recently in Montreal for young people from Canada the United States and Latin America.