‘Des propos haineux et antijuifs intolérables’

“Brûler Israël”, “Il faut donner notre vie et notre sang pour Al-Aqsa -appellation arabe de Jérusalem- et le peuple palestinien”, “La Palestine nous appartient, les Juifs sont nos chiens”, “Il faut se battre avec toute notre âme pour qu’Israël disparaisse”, “Le martyre est le bien-aimé de Dieu”… sont quelques-uns des slogans haineux -certains sont foncièrement antisémites- martelés durant la manifestation de solidarité avec les Palestiniens organisée le 10 janvier dernier à Montréal par une coalition de syndicats et le parti politique Québec-Solidaire.

Au cours d’un point de presse tenu par le Comité Québec-Israël et le Congrès Juif Canadien, Région du Québec dans les locaux de la FÉDÉRATION CJA, on a projeté une vidéo très éloquente dans laquelle on pouvait voir des hordes de manifestants propalestiniens survoltés scandant ces propos haineux et abjects, empreints de judéophobie.

Des leaders syndicaux, dont la présidente de la C.S.N., Claudette Carbonneau, des représentants d’ONG, des politiciens, dont Amir Khadir, député élu de Québec-Solidaire et Monique Richard, présidente du Parti Québécois… et les leaders d’organisations arabes et musulmanes ont participé à ce rallye qui, officiellement, avait pour seuls buts de dénoncer l’attaque militaire israélienne contre le Hamas à Gaza et la position favorable à l’État d’Israël affichée depuis le début de ce conflit par le gouvernement de Stephen Harper.

La Communauté juive de Montréal est profondément outrée et choquée par les dérapages haineux, certains à forte teneur antisémite, qui ont eu lieu au cours de ce rassemblement anti-israélien. Une première manifestation propalestinienne avait eu lieu à Montréal le 4 janvier dernier.

“Nous venons de vous le prouver avec la vidéo qu’on vous a projetée. Ce n’était pas une manifestation propalestinienne mais un rallye en faveur du Hamas, une organisation considérée comme une entité terroriste par toutes les démocraties. Ce n’était pas une manifestation pour la paix entre Israël et les Palestiniens. La principale prémisse des organisateurs de ce rassemblement était de démoniser l’État d’Israël. On a fait appel aux sentiments des Québécois pour la paix pour aseptiser le Hamas, une organisation terroriste qui est le seul responsable du conflit qui sévit actuellement à Gaza”, a déclaré Luciano Del Negro, directeur général du Comité Québec-Israël.

Cette rencontre avec les médias avait pour but d’informer le public et les politiciens québécois d’“une sinistre réalité” éludée par les organisateurs de ce rassemblement: la haine viscérale d’Israël et le déni de son droit à l’existence exprimés sans ambages par les participants à ce rallye, expliqua Joseph Gabay, actuel vice-président du Congrès Juif Canadien.

“Je reste quand même optimiste que les images affreuses que nous venons de voir ne représentent pas l’ensemble du Québec, ni la pensée québécoise. Mais, il n’en demeure pas moins que ce sont des images qui peuvent intoxiquer. Il n’y a rien d’autre dans ces images que la démonisation et la délégitimation de l’État d’Israël. Autrement dit, si Israël n’est pas un état légitime sur le plan moral, il n’a plus de raison d’être. C’est ce que nous avons entendu au cours de ces manifestations: “Il faut brûler Israel”, “Il faut donner sa vie et son sang pour qu’Israël n’existe plus”… Des manifestants n’ont fait que répéter ce qui est écrit en grosses lettres dans la Charte du Hamas”, a dit Joseph Gabay.

Il est “très naïf de penser” que les les leaders des organisations qui ont pris part au rallye du 10 janvier dernier ne savaient pas à quoi il fallait s’attendre, ajouta Joseph Gabay.

“Plutôt que d’importer un message de haine, j’aurais aimé qu’ on exporte un message de paix. Je reste quand même optimiste parce que je fais confiance a la santé morale des Québécois. Mais, l’intoxication à laquelle nous avons assisté est très troublante.”

Luciano Del Negro déplore qu’au cours des manifestations du 4 et du 10 janvier personne n’ait, à aucun moment, dénoncé les “bombardements sauvages” par le Hamas des localités civiles des villes du Sud d’Israël.

“On n’a dénoncé et fustigé qu’Israël. La responsabilité du Hamas dans ce conflit n’a jamais été évoquée. Ainsi, les manifestants se sont alignés sur les positions des éléments les plus extrémistes dans le monde arabe.”

La Communauté juive envisage-t-elle la possibilité d’entreprendre des actions légales contre les organisateurs de ces rassemblements ou les groupes ayant tenu des propos fielleux contre Israël et les Juifs?

“Pour l’instant, nous n’excluons aucune action, a répondu Joseph Gabay. Dans un premier temps, il est important que l’information relative à ces slogans odieux à caractère antisémite soit connue du grand public et des instances gouvernementales. Il faut réaliser qu’en fin de compte ce n’étaient pas des rallyes pour la paix, mais une accusation nette et claire d’Israël. Les slogans scandés montrent bien qu’il s’agit d’une guerre sainte qui a pour objectif tout simplement l’éradication d’Israël. Les vidéos que nous vous avons projetées parlent d’elles-mêmes. On y voit même une participante à un rallye proHamas à Toronto déclarant sans la moindre gêne: “Enfants juifs prenez garde à vous, le Hamas s’en vient”. Des menaces que nous, Juifs, ne pouvons prendre à la légère.”

La Communauté juive espère qu’après avoir pris connaissance de ces vidéos montrant éloquemment la haine anti-israélienne et antijuive à son paroxysme, les personnalités publiques -chefs syndicalistes, politiciens…- qui ont participé à la manifestation du 10 janvier à Montréal se “désolidariseront” des organisateurs de ce rassemblement et y dénonceront les “dérives antijuives” qui ont eu lieu.

“Même s’ils ne s’attendaient pas à ce que ce rallye prenne une tournure aussi aigre, une fois que ces personnalités publiques prendront connaissaance de ces images choquantes,  elles devraient se désolidariser de ce sinistre événement. On leur demande de se dissocier de ces propos racistes. Pour l’instant, elles ne l’ont pas fait. Il y a un proverbe français qui dit: “Qui ne dit mot consent”. Je déduis donc que les personnalités publiques et politiques présentes à ce rallye consentent, adhèrent et endossent ce qui a été dit”, Joseph Gabay.

Pour Luciano Del Negro, les organisateurs de ces manifestations férocement anti-israéliennes ont “ manipulé cyniquement” le sentiment pacifiste des Québécois pour l’utiliser à des fins politiques.

“La Ligue des Noirs a à juste titre dénoncé l’émission Bye Bye 2008 et Radio-Canada a fait son autocritique. Alors, pourquoi tout d’un coup ce serait acceptable d’entendre dans les rues de Montréal “La Palestine nous appartient et les Juifs sont nos chiens” sans que personne ne bronche. Il y a une responsabilité morale et sociale que nous devons tous assumer en tant que citoyens responsables.”

Les organismes qui ont parrainé le rallye du 10 janvier ont fait front commun avec des organisations islamistes qui sont associées à la mouvance des Frères Musulmans, dont le Forum musulman canadien, affirme Luciano Del Negro.

D’après Joseph Gabay, les pouvoirs publics canadiens et québécois “ne devraient pas laisser passer” cette rhétorique haineuse anti-israélienne et antijuive et ce genre de manifestations qui, selon lui, “contreviennent aux lois, aux mentalités et au choix de vie des Québécois et des Canadiens.”


At a press conference last week, the Jewish community responded to anti-Israel and anti-Semitic hate messages expressed at the Jan. 10 rally, ostensibly for peace in the Middle East.