La Campagne sépharade de l’Appel Juif Unifié

En ces temps économiques ardus, la Tsédaka à l’endroit des membres les plus nécessiteux de notre Communauté, ce n’est pas un choix mais un Devoir impératif, rappelle en entrevue Moïse Amselem, président de la Campagne sépharade 2009 de  l’Appel Juif Unifié de la FÉDÉRATION CJA de Montréal.

Moïse Amselem (2ème à partir de la gauche), président de la Campagne sépharade de l’Appel Juif Unifié 2009, en compagnie de Jean Charest, Premier ministre du Québec, et de son épouse, Michèle Dionne. À la gauche de M. Amselem, Lawrence Bergman, député libéral de D’Arcy McGee, et à l’extrême droite, Barry Kstaof. Le Premier ministre Jean Charest et son épouse ont été les hôtes de marque d’un Dîner organisé par le Congrès Juif Québécois à la Salle Gelber de la FÉDÉRATION CJA.

Depuis plusieurs semaines, ce leader communautaire très dévoué,  ancien président de la Communauté sépharade du Québec et actuellement président de la Fédération Sépharade Canadienne et membre du Comité exécutif de la Fédération Séphardie Mondiale, dont le siège est établi à Jérusalem, se rend  chaque Shabbat dans une synagogue sépharade de Montréal pour exhorter les membres du Kahal de ces institutions cultuelles à contribuer généreusement cette année, particulièrement difficile pour les Juifs montréalais les plus démunis, à la Campagne de l’Appel Juif Unifié.

Dans toutes ses interventions publiques, Moïse Amselem met particulièrement l’emphase sur le concept toranique et halakhique de la Tsédaka.

“La Tsédaka est la première Mitzva de la Torah, surtout dans une période de récession économique. J’ai appris de mes Maîtres que celui qui pratique la Tsédaka envers les nécessiteux s’associe à l’oeuvre de la Création et devient bâtisseur d’un monde spécifique. D’après l’un de nos grands Maîtres, Rabbi Akiva, en nourrissant son prochain qui est dans le besoin, on le fait renaître. Alors, on accomplit la première Mitzva, précepte de la Torah qui nous édicte de procréer (Perou Our Bou). On agit alors comme un père ou une mère qui nourrit son enfant: le bienfaiteur devient le papa ou la maman de son prochain pauvre. On est co-bâtisseur de l’humanité. C’est énorme et très beau!”, explique Moïse Amselem.

Le Judaïsme, poursuit-il, s’est perpétué à travers une Histoire tellement tourmentée qu’il s’est pérennisé par des pratiques concrètes plutôt que par le biais d’une doctrine religieuse établie ou d’une idologie à caractère temporel.

“Nous sommes le peuple de la Torah et de la Mitzva, le peuple du Tecklit -des actions concrètes. Faire ou ne pas faire… Pour cela, il faut avoir une Néchama blindée, une très forte force de caractère car les tentations négatives sont énormes. Le philosophe et talmudiste Emmanuel Levinas disait que “la Justice rendue à  l’Autre, mon prochain, me donne de Dieu une proximité indispensable. L’amour lui-même demande la Justice. Donc, la relation avec notre prochain ne saurait rester extérieure aux rapports que ce prochain entretient avec des tiers car ce tiers est aussi mon prochain”. C’est ça être Juif. Levinas nous rappelle aussi que “je n’existe que par le regard de mon prochain car l’image de  Dieu est dans ses yeux”.”

Pour Moïse Amselem, la Communauté juive de Montréal est une des “plus performantes du monde”.

“Grâce aux fonds collectés chaque année dans le cadre de la Campagne de l’Appel Juif Unifié, nous répondons tangiblement aux besoins nécessaires de nos frères et soeurs les plus nécessiteux, mais aussi nous leur donnons la dignité, la vie, la vie juive afin qu’eux aussi puissent à leur tour pratiquer la très noble Mitzva de la Tsédaka.”

Aujourd’hui, plus que jamais, ces besoins sont criants. Les dernières statistiques établies par la FÉDÉRATION CJA parlent d’elles-mêmes:

-À Montréal, plus de 17000 Juifs, dont plus de 3700 enfants, vivent sous le seuil de la pauvreté.

-Plus de 3500 Aînés juifs, dont plus de 1000 survivants de l’Holocauste, vivent sous le seuil de la pauvreté.

-Plus de 2900 enfants, soit près de la moitié des élèves du réseau scolaire juif, reçoivent une subvention pour leurs frais de scolarité.

-85% des participants au Camp B’nai Brith reçoivent une subvention communautaire.

-10% d’augmentation des demandes d’aide pour la recherche d’emploi.

– 25% d’augmentation du nombre de cadres intermédiaires sans emploi: âgés de 35 à 55 ans, ces personnes ont d’importantes responsabilités familiales et financières et sont parmi les plus difficiles à placer.

-60% d’augmentation du nombre de participants aux ateliers professionnels offerts par l’Agence OMETZ de la FÉDÉRATION CJA.

-50% d’augmentation des demandes d’assistance financière par des immigrants qui ont récemment perdu leur premier emploi.

-40% d’augmentation des demandes pour le programme “Bonne Boîte Bonne Bouffe”, qui fournit des aliments nutritifs en grande quantité et à faible coût.

-18% d’augmentation des visites au Projet Genèse, qui prodigue des conseils juridiques en matière de défense des droits des locataires.

-500 repas chauds casher servis chaque semaine au “Café” à des personnes et des familles  dans le besoin.

-Cette année, 3,6 millions de dollars de manque à gagner à cause d’une diminution des fonds amassés par la Campagne de l’Appel Juif Unifié 2008, des promesses de don non tenues et des prévisions d’une hausse des demandes de Services l’année prochaine…

Moïse Amselem souligne les “services et programmes remarquables combien humains, innovateurs et uniques” que notre Communauté offre aux personnes âgées autonomes et aux personnes handicapées.

“L’Atelier d’Emploi Juif pour des personnes handicapées est une réalisation admirable qui n’a pas d’équivalent dans le monde juif. C’est un projet merveilleux qui nous rappelle que les personnes handicapées sont aussi des Juifs à part entière qui ont droit au respect et à la dignité.”

Le soutien à Israël est prioritaire et capital dans la Campagne de l’Appel Juif Unifié, rappelle Moïse Amselem.

À Beersheva et Sdérot, la Communauté juive de Montréal finance et parraine plusieurs grands projets sociaux et médicaux. Au Centre de Traumatologie Hosen de Sdérot, un groupe de dix-neuf psychologues prodigue de l’assistance à des enfants victimes de traumatismes. Ce programme, d’un coût de 400000$,  est entièrement financé par la FÉDÉRATION CJA de Montréal. À l’Hôpital de Beersheva, les dons de la Communauté juive de Montréal ont permis de financer la création d’une unité né-natale et d’un Centre de Traumatologie neuro-chirurgicale…

L’Éducation juive est aussi une grande priorité pour la Campagne de l’Appel Juif Unifié. Plusieurs centaines de bourses sont allouées chaque année à des familles nécessiteuses, précise Moïse Amselem.

Mais ce dernier est conscient que dans une période de récession économique, de nombreuses familles juives ont beaucoup de difficulté à défrayer intégralement le coût de l’éducation de leurs enfants.

“Des familles pauvres ou de la classe moyenne ayant quatre, cinq ou six enfants sont confrontées à une situation très difficile quand arrive le moment de payer les frais de scolarité faramineux de leurs rejetons.  La Communauté juive institutionnelle doit absolument aider ces parents aujourd’hui en désarroi. Ce n’est pas normal qu’un enfant provenant d’un milieu nécessiteux ou très modeste ne puisse pas recevoir une Éducation juive parce que ses parents n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité. L’Éducation juive ne doit pas être un privilège pour les plus nantis mais un droit élémentaire pour tous les enfants juifs”, conclut Moïse Amselem.


Moïse Amselem, chair of the 2009 Combined Jewish Appeal, talks about the importance of contributing as much as we can to help others.