Les organisateurs de la 10ème édition de la Semaine d’Actions contre le Racisme (S.A.C.R.) brossent un bilan des plus positifs de cette manifestation qui a pour but de sensibiliser la population montréalaise, particulièrement les jeunes, à la lutte contre le racisme et la discrimination.

De gauche à droite: Maurice Chalom et Alix Laurent, cofondateurs de la Semaine d’Actions contre le Racisme de Montréal, et Daniel Amar, directeur général du Congrès Juif Canadien-Région du Québec.

Cette année, l’événement phare de la S.A.C.R. a été la présentation -une première canadienne- de la remarquable Exposition “Cartooning for Peace” -“Dessins pour la paix”-, parrainée par l’O.N.U, regroupant quelque quatre-vingts œuvres de caricaturistes de différentes nationalités.

Deux dessinateurs de presse très réputés, les caricaturistes français et israélien, Jean Plantu, du journal Le Monde et du magazine l’Express, et Michel Kichka, président de l’Association des caricaturistes d’Israël, ont été les inviteurs d’honneur de la 10ème S.A.C.R.

Nous avons rencontré Alix Laurent et Maurice Chalom, cofondateurs de la S.A.C.R., et Daniel Amar, directeur général du Congrès Juif Canadien, Région du Québec -instance représentative politique des Juifs du Québec-, un des principaux partenaires dans l’organisation de la S.A.C.R. 2009.

Le Congrès Juif Canadien, Région du Québec, qui portera très prochainement un nouvel appellatif: Congrès Juif Québécois, Section du Congrès Juif Canadien, est ravi de s’être associé cette année, comme “partenaire à part entière”, à la S.A.C.R.

“La 10ème édition de la S.A.C.R. a été un grand succès. Le bilan en termes de participation est exceptionnel. Des centaines de personnes, notamment des jeunes, ont assisté aux nombreux événements qui ont eu lieu dans le cadre de cette Semaine de sensibilisation à la lutte contre le racisme”, constate Daniel Amar.

Le bilan médiatique est également reluisant, souligne-t-il.

“Les deux invités d’honneur de cette manifestation, les célèbres caricaturistes Jean Plantu et Michel Kichka, ont accordé de nombreuses entrevues aux médias québécois.”

Sur le plan politique, “l’angle privilégié par le Congrès Juif Canadien”, ça a été aussi un “franc succès”, estime Daniel Amar.

“Cette année, la S.A.C.R. a été lancée à Outremont, une ville où il y a eu parfois des relations difficiles entre la Communauté juive et les représentants de la société majoritaire. Il y a là une symbolique très forte, dit-il. Aujourd’hui, la ville d’Outremont, par l’intermédiaire de Maurice Chalom, veut renforcer ses liens avec le Congrès Juif Canadien afin que cette institution serve de trait d’union entre la Communauté juive d’Outremont et les autorités municipales de cette ville.”

De nombreuses écoles montréalaises, dont plusieurs écoles juives, ont visité l’Exposition “Cartooning for Peace”. Le Programme Ciné Jeunesse, qui présente des films sur la problématique du racisme, a attiré 700 jeunes. Le Festival de films sur les Droits de la personne, un des Programmes les plus populaires de la S.A.C.R., a connu aussi cette année un record d’assistance…

La S.A.C.R. offre aux Montréalais et aux Montréalaises “un espace de discussion et d’échanges, un temps pour s’interroger sur une problématique lancinante, le racisme, qui fait partie de notre quotidien”, rappelle Alix Laurent

“À travers des films, des expositions, des débats, des conférences, des concerts de musique, des spectacles humoristiques… où la question épineuse du racisme est abordée sans ambages et sous divers angles, nous voulons que les Montréalais et les Montréalaises puissent s’exprimer librement sur ce sempiternel problème, dit-il. Je pense sincèrement que cela peut faire évoluer les choses. Lors de la première édition de la S.A.C.R., il y a dix ans, nous avions remarqué que les gens étaient très réticents à parler ouvertement de cette question car le racisme, c’est un mot tabou. C’est par le débat qu’on peut faire évoluer le monde. Je crois que nous avons fait un petit bon bout de chemin depuis la 1ère édition de la S.A.C.R.”

Pour Maurice Chalom, la S.A.C.R. est confrontée désormais à un grand défi: comment faire mieux l’année prochaine en prenant en considération une contrainte organisationnelle majeure: les ressources financières et logistiques très limitées dont disposent les organisateurs de la S.A.C.R. pour concocter chaque année une programmation de qualité?

“Objectivement, après dix ans, l’équipe en charge de l’organisation de la S.A.C.R. n’est plus capable de continuer à fonctionner de manière conventionnelle, en essayant d’améliorer chaque année notre produit, avec l’infrastructure actuelle. Il nous faut une vraie coordination, un outil de développement mieux structuré. N’oublions pas que la S.A.C.R est une activité grand public, qui nécessite des infrastructures, des budgets… Je souhaite qu’une Fondation ou une institution à vocation éducative ou culturelle accepte de chapeauter ce projet tout en laissant à ses organisateurs la latitude nécessaire pour travailler efficacement. Je crois qu’il est temps de repenser le modèle de la S.A.C.R. en envisageant des stratégies d’action s’étalant sur toute l’année et non sur une base ponctuelle.”

Le Congrès Juif Canadien, Région du Québec s’associera-t-il de nouveau à ce projet l’année prochaine?

“C’est un scénario très plausible, répond Daniel Amar. Le Congrès Juif Canadien veut inscrire idéalement sa participation à la S.A.C.R. dans la continuité, la durée. La Communauté juive ne veut pas être un partenaire ponctuel dans l’organisation de la S.A.C.R., mais un partenaire naturel. Une des grandes priorités du Congrès Juif Canadien est la lutte contre toutes les formes de discrimination. Pour le Congrès Juif Canadien, la S.A.C.R. et Images Interculturelles -fondée et présidée par Alix Laurent, cette institution favorisant les relations interculturelles à Montréal joue un rôle clé dans l’organisation de la S.A.C.R.- sont pour nous des partenaires privilégiés.”

D’après Daniel Amar, les perspectives d’avenir de la S.A.C.R. dans un Montréal de plus en plus interculturel sont des plus prometteuses.

“Il y a quelque chose qui m’a beaucoup touché lors du lancement à Outremont de la S.A.C.R. Dans le Livre d’Or de cette manifestation, des représentants de la Communauté maghrébine de Montréal ont signé celui-ci en émettant un seul regret: celui de ne pas avoir été cette année partenaire de la S.A.C.R. Je crois que ce regret est quelque chose de très porteur pour l’avenir. Si on est tous capables de s’associer pour dénoncer toutes les formes d’intolérance et de discrimination, on aura fait un grand pas vers ce vivre ensemble harmonieux auquel les Montréalais et les Québécois aspirent.”

Daniel Amar tient à souligner l’“appui indéfectible” que la Fondation Axel et Ruth Dworkin pour la promotion de la Tolérance, administrée par la Fondation communautaire juive de Montréal, a prodigué aux organisateurs de la 10ème S.A.C.R.

“Nous tenons à remercier Bob Kleinman, directeur de la Fondation communautaire juive de Montréal pour son soutien important et constant.”

Daniel Amar tient aussi à souligner l’implication très active du Comité Québec-Israël dans ce projet éducatif visant à endiguer le racisme.

“Je tiens à remercier Philippe Elharrar, directeur des Affaires publiques du Comité Québec-Israël, qui nous a beaucoup aidés dans le volet médiatique. Ce dernier a organisé deux événements journalistiques majeurs, avec Reporters sans Frontières, à l’occasion de la venue à Montréal des caricaturistes Jean Plantu et Michel Kichka.”

Le bilan final que Daniel Amar tire de cette expérience “très enrichissante et fructueuse” est qu’en participant à ce type de manifestations, la Communauté juive est “capable de casser les stéréotypes sur l’antisémitisme et le racisme”.

“La Communauté juive montre ainsi que les Juifs ne revendiquent pas le monopole de la souffrance ni de l’antisémitisme et sont de tous les combats pour dénoncer toutes les formes de ségrégation.”

In an interview, the organizers of this years Action Week Against Racism talk about their activities and their goals for future activities.