La tragédie oubliée des Juifs des pays arabes

Sylvain Abitbol

En 1948, au lendemain de la création de l’État d’Israël, une civilisation de vingt siècles a disparu. Du Maroc à l’Iran, en passant par l’Algérie, ­l’Égypte, le Liban, l’Irak et le Yémen, les Juifs vivant dans le monde arabo-musulman ont été contraints d’emprunter l’amer chemin de l’exil. Tel fut le sombre destin de quelque 900000 Juifs Sépharades originaires de onze pays arabo-musulmans. Environ 600000 d’entre eux trouvèrent refuge dans le nouvel État juif naissant.

N’est-il pas temps de rétablir et de reconnaître officiellement cette vérité historique trop longtemps occultée?

C’est le but du Rapport que le Comité permanent des Affaires étrangères et du Développement international de la Chambre des Communes d’Ottawa vient de consacrer aux Réfugiés Juifs natifs des pays arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui furent contraints à l’exil en 1948, après la création d’Israël.

Dans le cadre des audiences qu’ils ont tenues sur cette question très névralgique, toujours éludée par les pays ­arabes, les Palestiniens et la Communauté internationale, les membres de ce Comité parlementaire, composé de Députés des différents Partis politiques fédéraux canadiens, ont écouté les analyses sur l’expé­rience historique des Réfugiés Juifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord étayées par plusieurs experts reconnus et recueilli les témoignages de plusieurs Réfugiés Juifs natifs de pays arabes du Moyen-Orient qui subirent les affres des politiques discriminatoires instituées par les gouvernants arabes à l’encontre des minorités juives vivant en Terre d’Islam après la création d’Israël.

Dans leur Rapport, les membres de ce Comité permanent de la Chambre des Communes d’Ottawa ont formulé deux recommandations très explicites au Gouvernement du Canada :

1-Que le Gouvernement canadien reconnaisse officiellement l’expérience des Réfugiés Juifs qui ont été déplacés des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord après 1948.

2-Que le Gouvernement du Canada encourage les parties directement engagées dans les négociations de paix au Moyen-Orient à tenir compte de toutes les populations de Réfugiés dans le cadre de toute résolution juste et complète des conflits israélo-palestinien et israélo-arabe.

Sylvain Abitbol, co-Président du Comité Justice for Jews from Arab Countries (J.J.A.C.) -Justice pour les Juifs originaires des Pays Arabes-, une Organisation internationale dont le siège central est établi à New York, ancien Président de la FÉDÉRATION CJA de Montréal et actuel Président de la Communauté sépharade unifiée du Québec, a accueilli très positivement les principales recommandations formulées dans le Rapport concocté par le Comité de la Chambre des Communes d’Ottawa qui s’est penché sur la tragédie omise des Juifs expulsés des pays arabo-­musulmans durant la seconde moitié du XXème siècle.

“Nous sommes très heureux que les Parlementaires canadiens se soient montrés réceptifs à cette importante cause humanitaire. La reconnaissance officielle par les Gouvernements occidentaux, dont le Canada, de cette tragédie oubliée de l’Histoire du conflit israélo-arabe est l’un des principaux objectifs de la Campagne internationale que J.J.A.C. mène depuis plusieurs années, précise-t-il. Notre deuxième grand objectif est que ce chapitre douloureux, et complètement ignoré, de l’Histoire du conflit israélo-arabe soit pris en considération lors de futures négociations visant à instaurer une Paix équitable entre Israël et le monde arabe. C’est une question de Justice.”

Shimon Koffler Fogel, Président Directeur général du Centre Consultatif des Relations Juives et Israéliennes (C.E.R.J.I.), salue aussi le dépôt de ce Rapport parlementaire sur les Ré­fu­giés Juifs natifs des pays arabes auprès des Instances gouvernementales canadiennes.

“Nous félicitons le Comité pour son Rapport innovateur et multipartisan qui appelle le Gouvernement du Canada à reconnaître officiellement l’expérience des Réfugiés Juifs dans les pays arabes du Moyen-Orient. La paix et la réconciliation ne peuvent être obtenues sans la compréhension mutuelle, y compris la reconnaissance des souffrances historiques des Réfugiés Juifs et Arabes. Alors que la politique actuelle du Canada au Moyen-Orient reconnaît le sort des Réfugiés Arabes, celle-ci ne fait aucune mention de près d’un million de Juifs qui furent forcés de quitter les pays arabes durant les années qui ont suivi la fondation d’Israël”, a déclaré Shimon Koffler Fogel.

Depuis plusieurs années, le C.E.R.J.I. et des membres de la Communauté juive canadienne n’ont cessé de rap­peler à leurs interlocuteurs à Ottawa que l’omission de l’expé­rience historique funeste vécue par les Juifs dans les pays arabo-musulmans au lendemain de la création de l’État d’Israël “constituait une lacune importante dans la politique adoptée par le Canada à l’endroit du conflit israélo-arabe”, souligne Shimon Koffler Fogel.

“Nous espérons que le Gouvernement canadien adoptera rapidement les recommandations formulées par ce Comité parlementaire et fera en sorte que la politique canadienne reflète une analyse juste, précise et complète de l’Histoire des Réfugiés du Moyen-Orient.”

Reconnaître officiellement ce Chapitre lugubre de l’Histoire des Juifs originaires des pays arabes, c’est réhabiliter la Mémoire historique bafouée et un droit fondamental nié jusque-là d’un pan important du peuple juif, rappelle Shimon Koffler Fogel. 

“Le traumatisme de la haine, de la violence et du déracinement souffert par les Juifs des pays arabes est gravée dans la Mémoire vivante des Communautés sépharades et orientales, qui forment une partie intrinsèque de la famille juive mondiale. La reconnaissance officielle de cette souffrance par le Canada contribuera non seulement à une Paix juste au Moyen-Orient, mais affirmera aussi que les Juifs qui ont fui les pays arabes ne seront plus relégués à la marge du conflit israélo-arabe.”

 

 

Sylvain Abitbol, co-chair of  Justice for Jews from Arab Countries, and Shimon Fogel, CEO of the Centre for Israel and Jewish Affairs, respond positively to the recent House of Commons’ standing committee on foreign affairs and international development’s official recognition of the plight of Jews exiled from Arab lands after the founding of the State of Israel.