L’avenir de la Campagne sépharade de l’A.J.U.

Albert Mann, président de la Campagne sépharade de l’Appel Juif Unifié (A.J.U.) 2008 de la FÉDÉRATION CJA de Montréal, préconise sans ambages l’intégration complète de la Campagne sépharade dans la Campagne générale de l’A.J.U., c’est-à-dire la dissolution progressive de la Division sépharade de l’A.J.U.

Albert Mann et Renée Mahfoda, coprésidents de la Campagne sépharade de l’Appel Juif Unifié de la FÉDÉRATION CJA de Montréal 

“Sincèrement, je ne vois pas l’importance d’avoir deux Divisions séparées de l’A.J.U. Je propose plutôt qu’il y ait une seule Campagne de l’A.J.U., avec à sa tête deux coprésidents, un Ashkénaze et un Sépharade. Les deux coprésidents travailleront ensemble. On enverra ainsi un message fort d’unité et de solidarité à tous les membres de notre extraordinaire Communauté. J’aimerais que ce changement de structure, qui me paraît fondamental, soit mis en oeuvre dans quatre ou cinq ans. Au début, les deux coprésidents travailleront main dans la main pour cette magnifique et noble cause communautaire qu’est l’A.J.U. Plus tard, la Campagne de l’A.J.U. sera dirigée par un seul Chairman, Ashkénaze ou Sépharade, cela n’aura aucune importance”, nous a dit en entrevue Albert Mann.

Cet homme d’affaires, membre fondateur de la petite mais très dynamique Communauté juive libanaise de Montréal, qui jusqu’ici ne s’était jamais impliqué bénévolement à la FÉDÉRATION CJA, regrette qu’il y ait toujours une “division” entre Sépharades et Ashkénazes.

“Qu’on le veuille ou pas, il y a encore une division, une barrière assez visible, entre les deux Communautés. Les Sépharades sont sous-représentés à l’Exécutif de la FÉDÉRATION CJA, non pas parce que cette institution entrave leur accès à ses instances exécutives, mais parce que rares sont les Sépharades intéressés à participer pleinement au processus de décision de la FÉDÉRATION CJA. Il faut que ça change!”

Renée Mahfoda, présidente de la Campagne des femmes sépharades de l’A.J.U. 2008, où elle est impliquée très activement depuis cinq ans, partage le point de vue d’Albert Mann sur les perspectives futures de la Campagne sépharade de l’A.J.U., tout en émettant quelques réserves.

“Cette division entre Sépharades et Ashkénazes n’est pas le cas de figure idéal. Mais, en même temps, il faut prendre en considération une réalité ostensible, qu’on ne peut pas éluder: beaucoup de Sépharades ne parlent pas l’anglais, ils veulent qu’on s’adresse à eux en français. Le jour où il n’y aura qu’une seule Division de l’A.J.U., il faudra alors que les événements organisés et les programmes offerts soient entièrement bilingues, insiste-t-elle en entrevue. On n’est pas encore rendu là.”

Albert Mann et Renée Mahfoda reconnaissent que le plus grand défi qu’ils devront relever au cours des prochaines semaines sera de sensibiliser les Sépharades à la “mission capitale” accomplie chaque année par la Campagne de l’A.J.U. et de leur expliquer “le rôle très important” que la FÉDÉRATION CJA assume dans notre Communauté.

“Beaucoup de Sépharades ne savent toujours pas ce que fait la FÉDÉRATION CJA. Nous allons leur expliquer que les Juifs ont besoin de la FÉDÉRATION CJA car cette institution prend soin de nos personnes âgées, aide financièrement nos familles les plus démunies, accueille chaque année des centaines de nouveaux immigrants juifs, s’assure que chaque enfant juif a le droit à une éducation juive de qualité, aide à trouver un emploi à nos correligionnaires au chômage… Il faut des fonds considérables pour réaliser ce travail titanesque, qui nous permet de rester, et d’être, Juifs. Au Canada et au Québec, nous payons bien des taxes fédérales, provinciales, municipales… Notre contribution à l’A.J.U. est une espèce de taxe que chaque Juif est obligé de payer pour assurer à Montréal la pérennité du judaïsme. Cette taxe peut être de 10$ , de 1000$… ou de 100000$”, explique Albert Mann.

Ce dernier déplore que beaucoup de Sépharades s’abstiennent de contribuer financièrement à la Campagne de l’A.J.U. en invoquant comme excuse qu’ils font déjà des dons à d’autres institutions, surtout religieuses.

“Faire un don à sa Synagogue ou à une Yéchiva, c’est un geste important et très louable. Mais, c’est de la Tsédaka, que n’importe qui peut faire, lance Albert Mann. Faire un don à l’A.J.U., c’est plus que de la Tsédaka, c’est contribuer tangiblement à assurer notre avenir en tant que Juifs à Montréal.”

Albert Mann et Renée Azoulay transmettront ce message aux Rabbins sépharades, qu’ils ont conviés le 2 juillet à une rencontre d’information.

“Les Rabbins sépharades ont un rôle majeur à jouer dans la Campagne sépharade de l’A.J.U. Nous voulons les sensibiliser à cette cause cardinale. Leur appui est indispensable”, dit Renée Mahfoda.

“Plusieurs Rabbins sépharades croient que l’A.J.U. fait de la concurrence à leur Congrégation. Nous allons leur démontrer que c’est une fausse impression”, renchérit Albert Mann.

Les deux coprésidents de la Campagne sépharade de l’A.J.U. 2008 tablent énormément sur la nouvelle équipe qui dirigera la Communauté sépharade unifiée du Québec (C.S.U.Q.) à partir de la fin septembre. Marc Kakon succédera alors à David Bensoussan à la tête de la C.S.U.Q.

“Nous espérons que la nouvelle équipe dirigeante de la C.S.U.Q. travaillera étroitement avec les membres de la Campagne sépharade de l’A.J.U. Force est de reconnaître que depuis quelques années, le courant entre ces deux instances communautaires ne passe pas toujours très bien”, note Renée Azoulay.

Albert Mann souhaite que Marc Kakon et les membres de son équipe oeuvrent pour “un vrai rapprochement” entre les Communautés sépharade et ashkénaze.

“Nous devons petit à petit bâtir une seule Communauté juive, forte et unie, dit-il. La division nous affaiblit en tant que Communauté. Dans 50, 70 ou 100 ans, il n’y aura plus de clivage entre Sépharades et Ashkénazes. Il n’y aura alors que des Juifs à part entière. C’est ce vers quoi on s’achemine déjà en Israël.”

C’est la première fois qu’un leader de la Communauté juive libanaise de Montréal préside la Campagne sépharade de l’A.J.U.

“Jusqu’à maintenant, quand on parlait des Sépharades à Montréal, on ne parlait que des Marocains, ce qui est normal puisque ces derniers constituent environ 95% de la Communauté sépharade. Les Juifs libanais forment une très petite Communauté: à peine 500 personnes. Je tiens à rendre hommage aux Juifs marocains car depuis leur arrivée à Montréal, il y a une cinquantaine d’années, ils ont réalisé un travail extraordinaire et bâti des institutions communautaires remarquables. Je crois que ma nomination à la tête de la Campagne sépharade de l’A.J.U. enverra un message coriace et explicite aux membres des autres Communautés sépharades, non marocaines, de Montréal: un membre d’une Communauté minoritaire a aussi sa place dans les structures de la FÉDÉRATION CJA. C’est un signe symbolique très prometteur”, croit Albert Mann.

Renée Mahfoda tient à rendre hommage au “dynamisme” et à “l’admirable dévouement” des femmes impliquées dans la Campagne sépharade de l’A.J.U.

“Pour moi, ces femmes formidables sont une grande source de motivation, dit-elle. C’est leur enthousiasme, leur sérieux, leur rigueur et leur détermination qui m’ont encouragée à accepter la présidence de la Campagne des femmes sépharades de l’A.J.U. Je serai épaulée par une équipe de bénévoles hors pair.”

Le thème de la Campagne de l’A.J.U. de cette année sera Tikoun Olam, Réparer le monde.

“Tout un défi nous attend. Nous comptons encore une fois cette année sur l’appui indéfectible et la grande générosité des membres de notre Communauté exemplaire”, conclut Renée Mahfoda.

Combined Jewish Appeal 2008 Sephardi Campaign chairs Albert Mann and Renée Mahfouda believe there should be one campaign for Sephardim and Ashkenazim within the next few years.