Marc Kakon président de la Communauté sépharade

Marc Kakon vient d’être élu président de la Communauté sépharade unifiée du Québec (C.S.U.Q.). Il succède à David Bensoussan, qui a présidé cette institution pendant quatre ans.

Leader communautaire très impliqué depuis plusieurs années dans la Communauté juive de Montréal, Marc Kakon nous a précisé au cours d’une entrevue ses principaux objectifs et priorités.

Canadian Jewish News: Quelle est votre vision de la Communauté sépharade du Québec?

Marc Kakon: Ma vision est simple. Mon principal but sera de renforcer la Communauté sépharade en poursuivant le processus de restructuration entamé, au début de l’an 2000, à la suite de la fusion entre la Communauté sépharade du Québec (C.S.Q.) et le Centre Communautaire Juif (C.C.J.). La C.S.U.Q. doit élaborer sa stratégie d’action en prenant en considération les nouvelles priorités de la Communauté sépharade. Notre principale priorité sera d’aider les familles et les personnes les plus démunies de notre Communauté. Aujourd’hui, des familles sépharades ont besoin de notre aide et de notre soutien. Beaucoup de pères de famille n’ont pas de travail, ils arrivent difficilement à joindre les deux bouts à la fin de la semaine. Nous devons être conscients de cette triste réalité, qui afflige des centaines de familles dans notre Communauté.

C.J.N.: Comment comptez-vous remplir votre fonction de président de la C.S.U.Q.?

M. Kakon: Je serais épaulé dans ma tâche par une équipe constituée de leaders communautaires remarquables et très expérimentés: David Bensoussan, président sortant de la C.S.U.Q.; Salomon Oziel, ancien président de la Communauté sépharade; Henri Elbaz, ex-directeur général de l’Hôpital Général Juif de Montréal, qui sera notre personne liaison entre la C.S.U.Q. et la FÉDÉRATION CJA; Armand Afilalo et Jean Alloul, anciens présidents de la Campagne sépharade de l’Appel Juif Unifié, et Georges Dayan. Ces leaders ont une feuille de route communautaire impressionnante. Ils siégeront dans le mini-Exécutif qui aura pour mandat de définir les grandes priorités et les orientations majeures de la C.S.U.Q.

C.J.N.: Comment envisagez-vous les relations entre la C.S.U.Q. et la FÉDÉRATION CJA?

M. Kakon: Renforcer les relations entre la C.S.U.Q. et la FÉDÉRATION CJA sera une de mes grandes priorités. Nous voulons nous rapprocher le plus possible de la FÉDÉRATION CJA afin d’éviter les dédoublements de services et de programmes. La C.S.U.Q. veut établir un partenariat solide avec la FÉDÉRATION CJA. N’oublions pas que nous sommes Juifs avant tout. Dans quinze ou vingt ans, le clivage culturel Sépharade-Ashkénaze n’aura aucun sens pour nos enfants. Nous, Sépharades, devons préserver notre culture tout en étant pleinement associés aux projets de la FÉDÉRATION CJA. Cette institution a toujours ouvert grandement ses portes aux Sépharades. Je souhaite que les Sépharades soient plus nombreux à s’impliquer dans les comités de la FÉDÉRATION CJA.

C.J.N.: Comptez-vous conférer une place aux jeunes dans les comités exécutifs de la C.S.U.Q.?

M. Kakon: Absolument. Sans nos jeunes, notre Communauté n’a pas de futur. Il est impératif que la C.S.U.Q. confère une place importante aux jeunes dans ses instances décisionnelles. Sinon, nous ne pourrons rien accomplir. Nous avons eu des enfants pour qu’un jour ils puissent assurer la pérennité de notre Communauté. Il est vrai que les leaders plus âgés ont plus d’expérience. Mais ces derniers se doivent de transmettre aux jeunes leur expérience et leur savoir-faire communautaire éprouvés. Nous voulons que nos jeunes développent un sens de l’appartenance envers leur Communauté. Pour les motiver à s’impliquer à la C.S.U.Q., nous devons leur proposer des choses intéressantes et des projets mobilisateurs. Je compte impliquer des jeunes dans tous les Départements de la C.S.U.Q. Il faut qu’ils s’expriment et nous fassent part de leurs attentes.

C.J.N.: La culture sépharade est-elle une priorité pour vous?

M. Kakon: Oui, la culture sépharade est une grande priorité pour moi et pour la C.S.U.Q. Sous ma présidence, je compte prendre les initiatives nécessaires pour que le Festival Sépharade de Montréal soit une manifestation interculturelle d’envergure, qui pourra attirer non seulement les membres de la Communauté juive mais aussi tous les autres Montréalais, notamment ceux issus des autres Communautés culturelles.

Je compte aussi donner un nouveau look à La Voix Sépharade, publication de la C.S.U.Q., et élagir son contenu rédactionnel. C’est un outil de communication extraordinaire. Il est temps d’innover. Je voudrais que ce magazine publie durant l’année des Cahiers “Mode”, “Mariage”, “Voitures”… de même que des pages en anglais, en étroite concertation avec la FÉDÉRATION CJA, et aussi, pourquoi pas, en espagnol. Pour qu’une culture prospère, elle doit constamment innover et s’ouvrir à d’autres tendances culturelles.

C.J.N.: Pour mettre en branle de nouveaux programmes, la C.S.U.Q. devra aussi relever des grands défis financiers?

M. Kakon: Pour que la C.S.U.Q. soit forte financièrement et structurellement, nous devons entreprendre des projets concrets susceptibles de générer, à moyen ou à long terme, des profits. C’est le cas de la Résidence Salomon pour les personnes âgées. Cette institution, qui appartient entièrement à la C.S.U.Q., est gérée d’une manière indépendante comme une entreprise. Mais, les surplus enregistrés par la Résidence Salomon sont intégralement remis à la C.S.U.Q., qui utilise ces fonds pour aider des familles défavorisées. Un membre de notre mini-Exécutif, Georges Dayan, a reçu le mandat de prospecter l’achat de bâtiments où nous pourrons loger les familles qui ne peuvent payer qu’un loyer modique. Des subventions seront allouées aux familles nécessiteuses après vérification faite auprès des Services sociaux à la Famille de la FÉDÉRATION CJA. Armand Afilalo et Michel Bitton coprésideront le Comité chargé d’allouer des subsides financiers aux personnes âgées souhaitant être logées à la Résidence Salomon. Ce processus d’aide financière est déjà en opération.

C.J.N.: Vous préconisez une collaboration plus étroite entre les institutions communautaires sépharades. Est-ce dans le but d’éviter les dédoublements de programmes et de services?

M. Kakon: Il est temps de mettre un terme aux dédoublements de services. Plusieurs organismes caritatifs sépharades distribuent des paniers d’aliments à la veille des fêtes juives à des familles nécessiteuses. C’est une magnifique Mitzvah que nous devons continuer à accomplir et à perpétuer. Cependant, je souhaiterais que cet important travail social soit mieux coordonné et structuré. Je tiens à ce que tout soit centralisé par la C.S.U.Q., qui est une institution qui appartient à tous les membres de la Communauté sépharade.

J’ai rencontré dernièrement Léon Bitton, président de la Caisse Beth Yossef -un organisme prodiguant de l’aide à des familles juives montréalaises pauvres-, et le Rabbin Shalom Chriqui, qui dirige le remarquable projet de l’Escale du Nord. Ils ont été tous les deux réceptifs à ma suggestion de coordonner d’une manière plus rigoureuse les projets sociaux dans la Communauté sépharade. Je ne veux plus qu’il y ait des dédoublements dans les dons. Une meilleure centralisation des services et des programmes sociaux sera très bénéfique pour toute notre Communauté. Je ne m’attends pas à ce que les choses changent en deux semaines, mais il ne faut pas avoir peur du changement. Le modèle actuel est dépassé.

C.J.N.: L’éducation sépharade est autre grand défi pour la C.S.U.Q.?

M. Kakon: L’éducation juive sépharade est une de nos grandes priorités. Nous comptons prodiguer une aide concrète à l’École Maïmonide et à la Yéchiva Yavné, creusets de transmission de la culture sépharade. Pour aider financièrement ces deux institutions scolaires, je souhaiterais que l’on instaure une taxe scolaire, qui sera financée par le truchement des frais de membership annuels payés par les membres de notre Communauté dans les synagogues sépharades. Au lieu de payer environ 300$ de membership annuel, on leur demandera de débourser la somme de 325$. Les 25$ supplémentaires seront versés équitablement à l’École Maïmonide et à la Yéchiva Yavné. Ça représentera environ 2$ additionnels par mois. Les synagogues sépharades de Montréal comptent quelque 15000 membres. Plusieurs présidents de synagogues sépharades, que j’ai rencontrés récemment, ont été réceptifs à cette proposition.

C.J.N.: Souhaitez-vous transmettre un message aux membres de la Communauté sépharade?

M. Kakon: Je veux simplement leur dire que nous devons absolument aider les personnes et les familles les plus démunies de notre Communauté. Il y a des personnes qui sont choyées, qui ont tout eu dans la vie. Dieu ne les a pas choisies par hasard. Il faut savoir redonner ce que Dieu nous a donné. On n’a rien pour rien. Il faut aider ses frères et soeurs dans le besoin. Moi, j’ai été élevé avec cette philosophie de vie. Depuis mon jeune âge, j’ai toujours fait ça. C’est normal. Ceux qui ont des moyens financiers et ne font rien pour les autres, c’est anormal. C’est ma conception du judaïsme.

 In an interview, Marc Kakon,the new president of the Communauté sépharade unifiée du Québec, outlines his goals and priorities for the coming year.