Plantu et Kichka un sacré tandem!

Quand ils croquent ensemble sur le vif l’actualité, les grands dessinateurs de presse français et israélien, Plantu et Kichka, forment un sacré tandem!

Quatre grands dessinateurs de presse invités d’honneur de la Congrégation sépharade Or Hahayim. De gauche à droite: le caricaturiste israélien Michel Kichka, le très célèbre caricaturiste français Plantu, le caricaturiste québécois Bado du journal Le Droit d’Ottawa et le caricaturiste québécois Garnotte du journal Le Devoir.

Hilarants, très perspicaces et dotés d’une imagination débordante et des plus ingénieuses, ces deux brillants caricaturistes ont analysé lors de leur récent passage à Montréal, avec leurs crayons bien aiguisés, des questions sociales et politiques qui nous interpellent avec force.

Plantu, caricaturiste au journal Le Monde et au magazine L’Express, et Michel Kichka, figure de proue du dessin de presse israélien et président de l’Association des caricaturistes d’Israël, ont inauguré à Montréal la première canadienne de l’exposition “Cartooning for Peace” -”Dessins pour la Paix”-, un remarquable projet à vocation éducative parrainé par l’O.N.U.

Cette exposition, regroupant une soixantaine d’oeuvres de caricaturistes de différentes nationalités, a été présentée au Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont dans le cadre de la 10ème édition de la Semaine d’Actions contre le racisme.

Cette année, cette manifestation a été organisée par Images Interculturelles en collaboration avec le Congrès Juif Canadien, Région du Québec, la Fondation Ruth et Alex Dworkin pour la promotion de la Tolérance et d’autres grands partenaires.

Plantu et Kichka ont participé à un déjeuner-causerie avec des journalistes québécois. Cette rencontre a été organisée par le Comité Québec-Israël en collaboration avec Reporters sans Frontières Canada. Plusieurs personnalités journalistiques québécoises ont assisté à cette rencontre, notamment Richard Martineau, chroniqueur vedette du Journal de Montréal, et Carole Beaulieu, rédactrice en chef du magazine L’Actualité.

Plantu et Kichka ont été aussi les hôtes de marque de la Communauté juive de Montréal. Les deux caricaturistes ont participé avec deux grands dessinateurs de presse québécois, Garnotte du journal Le Devoir et Bado du journal Le Droit d’Ottawa, à un panel sur le rôle des caricaturistes en temps de guerre.

Cette table ronde, qui a eu lieu à la Congrégation sépharade Or Hahayim de Côte Saint-Luc, a été organisée par le Congrès Juif Canadien, Région du Québec en collaboration avec la Fondation Ruth et Alex Dworkin pour la promotion de la Tolérance, la Communauté sépharade unifiée du Québec, le Congrès Juif Canadien, Région du Québec et la Congrégation Or Hahayim.

Ce panel a été animé par Charles Barchechat, président du Comité “Conférences” de la Congrégation Or Hahayim.

Une centaine de personnes ont assisté à cet événement.

Dans son allocution de bienvenue, Joseph Gabay, ancien président du Congrès Juif Canadien, Région du Québec et actuel vice-président du Congrès Juif Canadien, National, souligna le rôle fondamental que les dessinateurs de presse jouent au niveau social.

“Vos dessins réveillent nos pensées citoyennes car ils déragent nos certitudes. Vos caricatures incarnent la liberté et la responsabilité de l’homme. Elles exposent une palette de couleurs de l’humanité et permettent de rêver à ce désir essentiel pour construire les ponts de la paix et de la tolérance”, a dit Joseph Gabay.

Pendant que Plantu livrait à l’assistance ses réflexions sur le rôle social du caricaturiste, Kichka croquait celles-ci avec son implacable crayon. Plantu prit sa revanche quand le caricaturiste israélien s’adressa à son tour à l’assistance!

Plantu, qui en 1992, un an avant la signature des Accords israélo-palestiniens d’Oslo, accomplit un tour de force: Yasser Arafat et Shimon Péres apposèrent leur signature au bas d’un de ses dessins illustrant un drapeau palestinien à côté d’un drapeau israélien -le caricaturiste du Monde convainc Arafat, alors en exil à Tunis, de dessiner une étoile de David sur le drapeau symbolisant l’État d’Israël-, étaya sa vision de la paix au Moyen-Orient.

“Je suis persuadé que le jour où la paix s’installera pour de bon au Proche-Orient, elle s’installera aussi beaucoup plus facilement un peu partout dans le monde. Il faut rêver, dit-il. Le boulot du dessinateur est de rêver. Parfois, nous, dessinateurs, avons l’impression qu’on est en train de dessiner l’avenir.”

Interrogé au cours de la période des questions par Jacques Sebbag, un membre de la Congrégation Or Hahayim, sur le projet, en bonne voie de se concrétiser, d’adoption, lors de la prochaine Conférence de Durban II, d’une résolution, qui pourrait être traduite sur le plan juridique, interdisant le “blasphème religieux”, c’est-à-dire la critique des religions, Plantu fit part de son inquiétude car, selon lui, si cette motion est adoptée, elle limitera considérablement la liberté d’expression des dessinateurs de presse.

“On risque à la Conférence de Durban II de faciliter l’adoption d’une loi qui aura des conséquences délétères pour les dessinateurs de presse du monde entier. Ainsi, dessiner un voile islamique sera considéré comme un dessin raciste. L’O.N.U. risque ainsi de faire voter une loi internationale contraire aux Droits de l’homme. Quelle sera alors dans l’avenir la latitude d’action des dessinateurs de presse si cette loi est promulguée? C’est à nous de bouger, nous qui venons de célébrer les soixante ans de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. Or, nous devons rappeler que les Droits de l’homme, ce n’est pas quelque chose de mort, de figé, qu’on doit oublier et qui fait désormais partie de l’Histoire. Au contraire, les Droits de l’homme, c’est quelque chose de très vivant C’est un combat de tous les jours!”

Michel Kichka, né en Belgique, fils de survivants de la Shoah, a fait son Aliya il y a 35 ans.

Le Projet “Cartooning for Peace” lui a donné l’occasion de rencontrer lors de ses voyages des caricaturistes palestiniens qu’il a appris à connaître avec le temps.

“Comme Israélien, je ne connaissais les Palestiniens que par les médias. Je ne les connaissais pas d’homme à homme. Au cours de mes voyages dans le cadre de “Cartooning for Peace”, j’ai eu l’opportunité de dialoguer longuement avec deux confrères caricaturistes palestiniens, Khalil Abouarafé, originaire de Jérusalem-Est, et Baha Boukhari, originaire de Ramallah.  Ce sont des personnes avec lesquelles j’ai tout à partager et à construire. J’ai beaucoup plus de choses en commun à faire dans l’avenir avec un Palestinien qu’avec un Belge!”

Au cours de ses rencontres avec ces deux caricaturistes palestiniens, Michel Kichka réalisa que ces derniers ne connaissaient rien sur la Shoah, une tragédie dont on ne leur avait jamais parlé à l’école.

“Leur méconnaissance de l’histoire de la Shoah était tellement grande à tel point que Khalil Abouarafé m’a demandé un jour très naïvement si mon père était payé pour les travaux qu’il faisait au camp de Buchenwald. Il m’a posé cette question sans aucune malice car je connais son intégrité et son sens moral. J’ai compris alors que le niveau d’ignorance des Palestiniens sur cet événement funeste, qui a décimé une grande partie du peuple juif, est tellement profond que les Israéliens et les Palestiniens ne pourront s’entendre que le jour où il y aura un enseignement du narratif de l’histoire juive aux peuples arabes et un enseignement du narratif de l’histoire palestinienne aux Israéliens. Aujourd’hui, il y a deux narratifs historiques qui s’entrechoquent.”

Les caricaturistes québécois Garnotte et Badeau commentèrent à leur tour, avec un humour décapant, des événements marquants de l’actualité internationale et canadienne. Ils exposèrent aussi, sur un ton  bidonnant, leurs vues sur le métier de caricaturiste.

C’est à l’un des principaux organisateurs de la Semaine d’Actions contre le racisme, Maurice Chalom, conseiller à la Ville de Montréal, que revint le mot de la fin. Ce spécialiste des questions interculturelles remercia les quatre caricaturistes et souligna la “remarquable implication” et “le rôle important” joué par Daniel Amar, directeur général du Congrès Juif Canadien, Région du Québec, dans l’organisation de la première canadienne à Montréal de l’exposition “Cartooning for Peace” à l’occasion de la 10ème édition de cette Semaine de sensibilisation à la lutte contre le racisme.

“Nos amis Plantu, Kichka, Garnotte et Bado sont des types bourrés d’humanité et de générosité. Ces grands caricaturistes sont vraiment des êtres pétris de ce désir de vouloir parfaire ou améliorer un petit peu notre monde, dit-il. Leur travail contribue à faire avancer chaque jour notre ardent espoir de paix. Chaque fois que je me délecte avec leurs dessins, je pense au fameux dessin de Chagall où l’on voit des musiciens les pieds sur la terre mais la tête dans les nuages.”

Political cartoonists Plantu and Michel Kichka, in Montreal for Cartooning for Peace, participated in a panel at Congrégation sépharade Or Hahayim on the role of the cartoonist in wartime.