Le Maroc boycotte le mensuel Israël Magazine

André Darmon, fondateur et directeur de l’excellent mensuel israélien francophone Israël Magazine, édité à Ashdod, l’un des phares culturels de la dynamique Francophonie israélienne, fulmine. Le gouvernement marocain vient d’interdire officiellement la vente de ce périodique israélien au Royaume chérifien.

“Inutile de parler d’hypocrisie tellement est criante la décision du ministère marocain de la Communication d’interdire l’entrée d’Israël Magazine au Maroc. Selon nos informations, c’est une campagne d’un journal marocain contre Israël Magazine qui a déclenché la mise au pilon de cette publication francophone israélienne. Puisque selon la presse marocaine et les réactions des particuliers, les Israéliens et les “Sionistes” seraient persona non grata au Maroc, tirons-en les conclusions et cessons, nous Juifs français, Juifs du monde entier et Israéliens, de nous rendre au Maroc afin de ne pas indisposer nos amis Marocains propalestiniens”, a déclaré André Darmon, réagissant vivement à l’annonce officielle faite par le gouvernement de Rabat de boycotter Israël Magazine (lire l’édition d’août 2009 -no.102- d’Israël Magazine).

Après avoir essuyé quelques refus, non seulement de pays arabes comme le Liban mais aussi de la Suisse, qui a invoqué des arguments spécieux de rentabilité, Israël Magazine avait reçu l’aval des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP), qui ont racheté en 2008 la totalité du capital de leur filiale marocaine, la Société chérifienne de distribution et de presse (Sochepress), la société de distribution marocaine chargée d’assurer la diffusion d’Israël Magazine au Maroc.

La direction d’Israël Magazine assure avoir reçu l’aval des NMPP pour diffuser cet organe de presse israélien au Maroc.

Selon le journal français Le Monde (édition du 12 août), le ministère marocain de la Communication a ordonné “le retrait immédiat” du marché national du mensuel Israël Magazine, dont la distribution était assurée pour la première fois par une société de presse marocaine.

“Le ministère de la Communication a ordonné ce retrait après avoir été informé qu’une société de distribution marocaine, la Sochepress, assurait de façon illégale l’importation ainsi que la commercialisation de cette publication”, a déclaré à l’Agence France Presse (A.F.P.) une source proche de ce ministère.

“D’habitude, la commercialisation d’une publication étrangère doit être préalablement soumise pour avis et accord au ministère de la Communication, choses qui n’ont pas été faites par la société de distribution concernée. La Sochepress a failli à ses engagements. Elle est pleinement responsable de ses actes et nous avons d’ailleurs convoqué au ministère ses dirigeants pour qu’ils s’expliquent sur cette affaire”, a ajouté cette source du ministère marocain de la Communication.

C’est le quotidien arabophone marocain Al Massae qui a révélé la présence et la vente dans les kiosques marocains d’Israël Magazine (cf: www.gnet.tn/revue-de-presse-internationale/un-magazine-israelien-dans-les-kiosques-marocains/id-menu-957.html).

“Désormais, pour 25 dirhams seulement, le lecteur marocain peut s’informer de la quintessence de la pensée israélienne à travers un mensuel israélien, Israël Magazine, qui a attendu dix ans depuis sa naissance pour conquérir un premier marché arabe à travers une honorable société marocaine qui se charge de sa distribution dans un pays qui a fermé le bureau d’intérêts israélien, mais qui a oublié de barrer la route à l’infiltration du discours sioniste qui, si on le fait sortir par la porte revient par la fenêtre… Peut-être que ceux qui ont donné le feu vert à ce magazine israélien au Maroc ont été subjugués par le contenu de “cet objet d’art” sioniste et séduits par ses articles en ce sens qu’ils évoquent “les progressistes arabes” qui refusent de se transformer en “terroristes”. Ce magazine sioniste dit tout le bien de ces “modérés arabes” qui ont tenté de revoir, souligne-t-il, le système éducatif national et leur approche de l’Islam en vue d’une normalisation complète et totale avec l’État hébreu. Le magazine a reconnu le courage de ces “progressistes arabes” qui mettent leur vie en péril pour Israël et a recommandé de ne ménager aucun effort pour les soutenir”, a déclaré la direction du journal Al Massae.

Pour ce journal arabophone marocain, Israël Magazine appelle à “une césarienne débouchant sur la naissance des Sionistes arabes”.

“Peut-être qu’Israël Magazine appellera dans ses prochaines éditions le gouvernement Netanyahou à créer un ministère pour appuyer et financer “le sionisme arabe” et lui ouvrir toutes les voies internationales pour favoriser sa diffusion mondiale afin que certains Arabes se transforment en porteurs de la parole et des principes de Herzl à la place du Mossad et des organisations sionistes influentes du type de l’AIPAC américaine. Le ministre marocain des Communications a ouvert la porte à ce magazine, mais sa voix sera rayée. La profonde conviction marocaine de la justice du droit palestinien saura l’étouffer, malgré les voix dissonantes qui se font entendre de temps à autre. Soyez en sûr qu’une chauve-souris sioniste ne peut faire le printemps du Sionisme dans un pays qui est suffisamment immunisé contre “les normalisateurs sans frontières””, conclut l’équipe d’Al Massae.

Une source officielle marocaine a écarté que le Maroc ait autorisé la vente ou la distribution d’Israël Magazine.

“Dès qu’il fut informé du sujet, le ministère de la Communication marocain a pris les dispositions nécessaires pour interdire l’entrée dudit magazine au Maroc et a ordonné à la société de distribution de saisir les exemplaires du numéro en question des kiosques”, selon un communiqué  publié par le journal  marocain de langue arabe Al-Qods Alarabi (cité dans le journal Le Monde du 12 août).

Cet incident sordide arrive au moment où le directeur du Bureau israélien de la lutte anti-terroriste, Nitsan Norial, vient de lancer un appel au public israélien pour qu’il évite de se rendre au Maroc. En effet, depuis le mois de décembre 2008, le Maroc fait partie de la liste de pays arabes, établie par le Bureau israélien de la lutte anti-terroriste, représentant “une sérieuse menace pour la sécurité des touristes israéliens”.

Les ministères de la Justice et du Tourisme israéliens veulent mettre en place une loi qui obligerait le personnel des agences de voyages à avertir les citoyens israéliens si la destination qu’ils ont choisie figure dans la “liste rouge” du bureau de lutte anti-terrorisme israélien.

En avertissant les voyageurs des dangers encourus en choisissant une destination “à risque”, telle que, par exemple, la péninsule du Sinaï, cette loi a pour objectif de réduire la quantité de voyages vers ces destinations incertaines. Les voyageurs tenaces devront signer une sorte de décharge qui attestera qu’ils ont été mis au courant des risques, prenant ainsi leurs responsabilités.

“Nous partons du principe que tout le monde ne regarde pas les informations et n’accède pas à Internet, a déclaré Nitsan Norial. Ainsi, la personne qui voudra, par exemple, faire un voyage au Maroc, sera avertie que ce pays présente une menace concrète pour les Israéliens” (rapporté dans les journaux Ha’aretz et The Jerusalem Post, édition du 2 juillet 2009).

The government of Morocco has banned the sale of Israël Magazine, which is published in Ashdod.