300 raisons d’aimer La Havane, selon Heidi Hollinger

Heidi Hollinger à l’entrée de la synagogue Beth-Shalom (El Patronato) de La Havane. (H. Hollinger photo)

Heidi Hollinger a été complètement subjuguée par La Havane la première fois qu’elle a foulé le sol de cette ville regorgeant d’histoire et riche d’un patrimoine architectural somptueux. C’était il y a trente ans.

Depuis, la photographe, écrivaine et animatrice de télévision déambule régulièrement avec le même enthousiasme à travers les ruelles et les lieux les plus emblématiques de la capitale de Cuba.

Elle nous propose un tour enivrant de La Havane dans un livre magnifiquement illustré de photos en couleurs qu’elle a prises durant ses séjours dans cette cité fascinante à l’architecture coloniale espagnole —300 raisons d’aimer La Havane (Éditions de l’Homme, Montréal, 2018).

Née à Montréal, Heidi Hollinger est une photographe de renommée internationale. Elle est aussi l’auteure de cinq livres remarqués. Ses portraits de dirigeants politiques, dont Fidel Castro, Vladimir Poutine, Mikhaïl Gorbatchev et Justin Trudeau, ont été exposés dans le monde entier. Elle est l’animatrice de Ports d’attache, une émission diffusée sur TV5 Québec Canada et Arte, où elle nous fait découvrir l’architecture, l’histoire, la culture et le mode de vie des habitants de villes portuaires.

“Je suis tombée follement amoureuse de La Havane dès que j’ai mis les pieds dans cette ville. Depuis, elle n’a cessé de me donner le tournis. La majorité des touristes qui débarquent à La Havane pour une ou deux journées ne visitent que la Vieille Havane, qui fêtera cette année son 500e anniversaire. Mon livre a pour but de faire découvrir les alentours de cette ville passionnante, où sont nichés des quartiers magnifiques, ainsi que de nombreuses facettes méconnues de celle-ci. Je vous propose 300 raisons de tomber amoureux de La Havane. Je vous convie à rencontrer des Havanais d’exception qui aiment leur ville et la rendent si singulière”, explique Heidi Hollinger en entrevue.

La photographe explore avec passion La Havane sous tous ses angles: histoire, architecture, musique, culture, gastronomie, arts, musées, spiritualité, villégiature, sports…

Elle adore la “grande hospitalité” et la “générosité d’âme” des Havanais.

Heidi Hollinger à l’entrée de la synagogue orthodoxe Adath Israël de La Havane. (H. Hollinger photo)

“Les Havanais sont les êtres les plus accueillants et les plus affables de la terre. Je peux vous l’assurer car mon métier de photographe et de journaliste m’a donné l’opportunité de visiter de nombreuses villes des quatre coins du monde, dit-elle. Les Havanais sont sincères et porteurs d’une grande humanité. La Havane est une ville fraternelle recelant une vraie dimension humaine.”

Heidi Hollinger consacre un chapitre à La Havane juive.

Quelque 20 000 Juifs vivaient à Cuba avant la révolution castriste de 1959. Aujourd’hui, la communauté juive ne compte que 1 500 personnes, dont la majorité habitent à La Havane.

La communauté juive cubaine connaît un renouveau depuis 1992, année où la liberté de religion a été inscrite officiellement dans la Constitution de Cuba.

Aujourd’hui, Cuba compte cinq synagogues: trois à La Havane —une ashkénaze, une sépharade et une orthodoxe— une à Santiago et la plus récente, construite en 1998, à Camagüey, précise Heidi Hollinger

La communauté juive de La Havane n’a pas un Rabbin attitré, mais des Rabbins venus d’autres pays d’Amérique latine dirigent régulièrement les offices lors des grandes fêtes du calendrier hébraïque et célèbrent des mariages, des Brit Milot et des Bar Mitzvot. Dix mariages ont eu lieu dernièrement dans le cadre d’une même cérémonie.

Heidi Hollinger (à droite) en compagnie d’Adela Dworin, présidente de la synagogue Beth-Shalom (El Patronato) de La Havane. (H. Hollinger photo)

À chacun de ses séjours dans l’Île, Heidi Hollinger rend visite à la communauté juive de La Havane. L’année dernière, elle a célébré la fête de Pessah avec ses membres.

“Aujourd’hui, les Juifs cubains jouissent pleinement de la liberté de culte. Ils forment une communauté qui se sent foncièrement cubaine. Ils partagent la destinée et les espoirs du peuple cubain. L’an dernier, à Pessah, j’ai rencontré beaucoup de jeunes juifs. C’est une communauté très soudée.”

Par le biais d’une entrevue avec Leonardo Padura, l’écrivain cubain le plus célèbre et le plus traduit dans le monde, dont les livres sont toujours interdits à Cuba, Heidi Hollinger effleure subtilement la situation politique et sociale ardue qui prévaut à Cuba.

Leonardo Padura est le récipiendaire du prestigieux prix espagnol Prince des Asturies, la plus haute récompense littéraire décernée à un auteur hispanophone.

Il égrène avec une grande finesse ses réflexions sur la situation qui sévit dans l’Île et les perspectives d’avenir du peuple cubain.

“La situation à Cuba est difficile. À l’instar de l’écrivain Leonardo Padura, le sentiment d’appartenance des Havanais à leur ville est très fort. Les Cubains ont toujours été un peuple très résilient. Ils sont les rois de la débrouillardise”, dit Heidi Hollinger.