Des leaders sépharades du Canada réunis au Maroc

Yehuda Azoulay
Yehuda Azoulay

Une cinquantaine de leaders communautaires sépharades d’origine marocaine du Canada et des États-Unis participeront à une conférence nord-américaine sur le judaïsme marocain qui se tiendra au Maroc du 22 au 30 mai.

Placée sous le haut patronage du roi Mohammed VI du Maroc, cette conférence a deux grands objectifs: favoriser le dialogue entre Juifs et Musulmans et renforcer les relations interculturelles entre les Sépharades marocains vivant en Amérique du Nord et le peuple marocain.

“Le Maroc a toujours été une terre de tolérance et d’ouverture où Juifs et Musulmans ont cohabité harmonieusement pendant plusieurs siècles. Au Maroc, les Juifs et les Musulmans partagent une Histoire commune dont ils sont très fiers. Les Juifs marocains où qu’ils vivent dans le monde sont demeurés très attachés à leur pays natal, le Maroc. À notre époque nébuleuse, caractérisée par le retour en force des intégrismes religieux et les replis identitaires, le modèle de coexistence interreligieuse forgé par le Maroc au fil du temps est une source d’inspiration intarissable pour tous ceux et celles qui croient résolument au vivre ensemble entre des communautés provenant d’horizons culturels et religieux différents”, nous a dit en entrevue l’initiateur de cette première conférence nord-américaine sur le judaïsme marocain, Yehuda Azoulay.

Fondateur du Sephardic Legacy Institute Institut de l’Héritage sépharade-, une institution éducative établie à Toronto, Yehuda Azoulay est un jeune universitaire et pédagogue qui se dévoue avec entrain à perpétuer le riche héritage culturel et spirituel sépharade.

Bardé de diplômes universitaires, Yehuda Azoulay a un parcours académique très brillant. Il est l’auteur de cinq livres très remarqués et d’une trentaine d’articles scientifiques consacrés au patrimoine spirituel sépharade et aux œuvres de figures marquantes du judaïsme sépharade.

Cet ardent défenseur et promoteur du plurimillénaire Héritage sépharade regrette que ce “trésor inouï du judaïsme” soit encore largement méconnu dans le monde juif et, surtout, dans le monde non-juif.

Il déplore qu’au Canada et aux États-Unis les Sépharades aient été absents pendant très longtemps des milieux politiques et de la scène publique.

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Au début 2014, à l’occasion de son premier voyage officiel en Israël, le Premier ministre du Canada, Stephen Harper, convia une quarantaine de leaders de la communauté juive à l’accompagner durant cette visite historique au cours de laquelle il fut le premier chef de gouvernement canadien à s’adresser aux élus de la Knesseth.

Aucun leader sépharade ne faisait partie de la délégation de la communauté juive canadienne qui a accompagné Stephen Harper en Israël.

“J’avais l’amère impression que 60 ans après leur arrivée au Canada, les Sépharades n’existaient pas aux yeux des autorités politiques canadiennes. Pourtant, force est de rappeler que l’histoire de la communauté sépharade au Canada est un grand success Story. En effet, celle-ci s’est brillamment intégrée à tous les niveaux dans la société canadienne. J’ai compris alors qu’il est impératif que les Sépharades  fassent leur propre représentation auprès des instances politiques canadiennes”, explique Yehuda Azoulay.

Début 2015, Yehuda Azoulay présida une délégation de leaders représentant les principales communautés sépharades du Canada qui se rendit au Parlement d’Ottawa pour rencontrer des députés des principaux partis politiques canadiens et des Ministres seniors du gouvernement de Stephen Harper.

Les membres de la délégation sépharade ont eu aussi l’auguste privilège de s’entretenir longuement avec le Premier ministre Stephen Harper.

Cette Mission parlementaire sépharade à Ottawa fut organisée par le Sephardic Legacy Institute en étroite collaboration avec le B’nai Brith du Canada.

Le Sephardic Legacy Institute s’escrime aussi à promouvoir activement le Séphardisme dans l’arène politique américaine.

À l’automne 2013, une délégation composée de leaders communautaires sépharades canadiens et américains se rendit au Congrès et au Sénat des États-Unis pour rencontrer un groupe de sénateurs et congressistes réputés.

La conférence nord-américaine sur le judaïsme marocain qui aura lieu prochainement au Maroc est le troisième grand événement organisé sous l’égide du Sephardic Legacy Institute.

Une autre grande conférence sur le Séphardisme marocain est prévue en Israël en 2017.

Durant leur séjour au Maroc, les membres de la délégation sépharade nord-américaine rencontreront des personnalités politiques marocaines majeures, dont le Premier ministre, Abdelilah Benikrane.

Ils assisteront à plusieurs panels-discussion consacrés à l’Héritage et à la Mémoire des Juifs du Maroc auxquels participeront des intellectuels et des personnalités publiques, Musulmans et Juifs, marocains, dont André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI, Jamaa Baida, directeur des Archives nationales du Maroc, Jacques Toledano, président de la Fondation de l’Héritage juif marocain, le Dr Omar Boum, professeur d’anthropologie à l’Université UCLA de Los Angeles, Yehuda Azoulay…

Les membres de la délégation sépharade canado-américaine visiteront Casablanca, Rabat, Ouazzane, où ils assisteront à la Hiloula d’une éminente figure du judaïsme marocain, Rabbi Amram Ben-Diwan, et Marrakech.

Plusieurs leaders de la communauté sépharade de Montréal prendront part à cette Mission au Maroc. Notamment, Salomon Oziel, président de l’École Maïmonide et ancien président de la Communauté sépharade du Québec, Serge Aflalo, président de la Congrégation Petah Tikvah de Ville Saint-Laurent…

“Cette conférence nord-américaine sur le Séphardisme marocain qui aura lieu cette année au Maroc enverra un message puissant à ceux qui ne cessent de claironner que tout dialogue entre Juifs et Musulmans est voué à l’échec et que le conflit israélo-palestinien est une fatalité éternelle. Nous allons leur prouver que des Juifs et des Musulmans marocains de bonne volonté partagent la conviction que le Maroc constitue un exemple très patent de cohabitation, la preuve que le dialogue judéo-musulman est riche de promesses, d’avenir et d’espoir”, dit Yehuda Azoulay.

Cette conférence sur le Séphardisme nord-américain marocain est organisée en étroite coopération avec l’Association Mimouna, une organisation composée de jeunes Marocains musulmans qui prônent le pluralisme identitaire au Maroc à travers la culture judéo-marocaine.