Des professionnels juifs marocains visitent le Maroc

Cinq des huit participants montréalais à la Mission au Maroc à laquelle ont pris part des jeunes professionnels juifs marocains d’Israël, du Canada et de France. De gauche à droite: Raphaël Amram, Dan Hadad, Elana Minz, Audrey Sasson et Elya Chalom.

C’est certainement une première dans les annales du Maroc.

Dix-sept jeunes professionnels juifs d’origine sépharade marocaine, huit Canadiens, quatre Israéliens et cinq Français, ont visité dernièrement le Maroc à l’invitation du gouvernement marocain.

Le projet de cette visite est né à l’initiative d’Anis Birrou, ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires ayant trait à la migration.

Objectif de ce voyage: donner l’opportunité à des jeunes juifs d’origine marocaine de mieux connaître le Maroc contemporain, un pays confronté aux défis de la modernité politique, économique, sociale et culturelle.

“Cette visite avait pour objet de présenter à un groupe restreint, mais représentatif, de jeunes juifs d’origine marocaine les réalités du Maroc d’aujourd’hui afin qu’ils puissent juger par eux-mêmes et débattre de ces réalités avec les représentants des différents organismes publics et privés marocains qu’ils ont rencontrés lors de leur séjour dans le Royaume chérifien. Cette visite s’inscrit aussi dans le cadre de l’approfondissement des relations entre les Juifs d’origine marocaine et le pays de leurs ancêtres. C’est l’une des missions premières du Ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger”, explique Mohammed Elmedlaoui, président de l’Association des Amis du Musée du judaïsme marocain (AAMJM), l’un des organismes qui ont parrainé cette Mission de jeunes professionnels juifs au Maroc.

La délégation montréalaise était composée par: Dan Hadad, chef d’entreprise; Elya Chalom, gestionnaire de projets chez CGI,  entreprise spécialisée en technologie de l’information; Elana Minz, ex-directrice de la Chambre de Commerce juive de Montréal et actuelle directrice de la Network Division de la Campagne de l’Appel Juif Unifié de la FÉDÉRATION CJA; Emmanuel Suissa, Docteur en médecine dentaire et ingénieur chercheur spécialisé en matériaux nouveaux; Steve Dahan, responsable des banquets dans une entreprise spécialisée dans l’événementiel; Audrey Sasson, Comptable agréée; Dan Dery, notaire; et Raphaël Amram, avocat associé au Cabinet Osler, Hoskin & Harcourt.

Les participants à ce voyage ont séjourné à Casablanca, Tanger, Rabat, Meknés et Fès.

Ils ont visité les principaux sites historiques et touristiques ainsi que les institutions communautaires juives de ces villes. Ils ont rencontré des personnalités politiques et de la société civile marocaines et des leaders de la communauté juive du Maroc,  assisté à des conférences-débats, visité des entreprises, des complexes agro-alimentaires…

“Le Maroc que nous avons visité est un pays très dynamique qui fait face aujourd’hui à de grands défis, mais qui est beaucoup plus en avance sur ses voisins limitrophes africains dans des domaines fondamentaux: l’économie, la technologie, les avancées sociales, particulièrement pour les femmes musulmanes… Le principal but de ce voyage, remarquablement bien organisé, était de renforcer les liens entre le Maroc et les communautés juives marocaines de la Diaspora et d’Israël”, nous a dit l’un des membres de la délégation canadienne, Elya Chalom.

Elana Minz est une Montréalaise née dans une famille culturellement mixte -son père est Ashkénaze et sa mère est une Sépharade native du Maroc-.

Ce voyage, qu’elle qualifie de “très enrichissant et fort instructif”, a été pour elle une opportunité de découvrir des “facettes méconnues d’un Maroc en pleine mutation”.

“Aujourd’hui, le Maroc est l’unique pays arabo-musulman qui accueille chaleureusement des visiteurs Israéliens et qui abrite le seul Musée juif en terre d’islam. La présence de quatre participants Israéliens à ce voyage est une preuve patente de l’exception marocaine. Celle-ci est portée par un modèle valorisant la coexistence judéo-arabe qui devrait être une source d’inspiration pour les sociétés occidentales qui se démènent pour instaurer le vivre ensemble”, dit Elana Minz.

Si ce voyage a lieu de nouveau l’année prochaine, Elya Chalom compte suggérer aux organisateurs de celui-ci de modifier sensiblement la formule.

“L’année prochaine, l’invitation à ce voyage au Maroc devrait être adressée à des jeunes professionnels juifs et musulmans d’origine marocaine. Je crois que ce serait une expérience inédite et des plus prometteuses, particulièrement ces temps-ci où les relations entre Juifs et Arabes stagnent à cause du conflit israélo-palestinien. À mon avis, c’est une formule qui mériterait d’être explorée sérieusement. Une Mission mixte judéo-arabe au Maroc enverrait un signal très fort à tous ceux qui aujourd’hui désespèrent face aux drames quotidiens qui ensanglantent le Moyen-Orient. L’association montréalaise judéo-marocaine Mémoires & Dialogue devrait être associée à ce  projet.”