Neev au Festival Juste pour rire de Montréal

Neev Bensimhon

La carrière artistique de l’humoriste Neev Bensimhon a démarré à l’automne 2009 au Théâtre Saint-Denis.

Ce soir-là, en première partie du spectacle de Gad Elmaleh au Festival Séfarad de Montréal, Neev y était allé d’un sketch hilarant, et fort perspicace, sur les accommodements raisonnables au Québec.

Sa superbe performance scénique avait fait rire aux larmes quelque 3000 spectateurs séduits.

L’humoriste le plus célèbre de France et de la Francophonie, Gad Elmaleh, nous avait alors confié ses impressions sur les débuts artistiques de ce jeune sépharade —entrevue publiée dans l’édition du 25 février 2010 du Canadian Jewish News.

“Lorsque Neev a fait son entrée sur la scène du Théâtre Saint-Denis, il s’est présenté au public avec une belle prestance. Dès les premiers éclats de rire, je me suis dit: voici un vrai humoriste. Neev a beaucoup de choses à dire sur scène. Dès qu’il apparaît, on a envie de l’aimer. Il propage de la tendresse et a une observation aiguë des réalités de la vie. Sa grande qualité artistique est sa capacité à entrer immédiatement en contact avec le public. Je lui souhaite le succès qu’il mérite. Je garderai toujours un œil sur lui. Je veux lui donner un conseil très amical: “Neev, tout ça est superbe, mais c’est un minimum pour faire ce métier. Allez mon ami, maintenant mets-toi au boulot! C’est le plus important!”.”

Neev a suivi au pied de la lettre ce conseil avisé de Gad Elmaleh.

Depuis, il a fait un sacré bout de chemin.

Neev est indéniablement l’un des humoristes les plus talentueux et les plus prometteurs issus de la diversité culturelle québécoise.

Né il y a 32 ans à Montréal de parents sépharades natifs du Maroc, Neev aborde, avec brio et intelligence, dans ses sketchs hilarants ses thèmes de prédilection: les vicissitudes de la vie, le grand défi de vivre en couple, l’intégration des immigrants, les accommodements religieux “plus que raisonnables”, le bilinguisme au Québec, le malaise identitaire des Québécois, l’avenir de la langue française à l’heure incontournable de la mondialisation…

Dans ses one man shows, Neev campe avec une aisance époustouflante un aréopage de personnages excentriques, à la verve fortement colorée —il imite avec maestria leurs accents pointus: québécois “pure laine”, haïtien, noir africain, juif marocain, maghrébin musulman…

Neev se produira deux soirs consécutifs au Festival Juste pour rire.

Le 21 juillet, il présentera, à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts, un one man show d’une heure qui s’inscrit dans la programmation de la série “Têtes d’affiche – 35 ans, 35 humoristes” soulignant autant d’années de vie du Festival Juste pour rire.

Le 22 juillet, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, il sera l’un des humoristes invités du Gala “Juste Raconteurs”, animé par Philippe Laprise.

Trois fois par mois, Neev livre un “billet d’humour” à l’émission Gravel le matin de la radio de Radio-Canada.

Est-il plus difficile pour un humoriste issu d’une communauté culturelle de se frayer une place honorable dans l’univers fort concurrentiel de l’humour québécois?

“Au Québec, l’humour des humoristes issus de la diversité culturelle est beaucoup mieux accepté aujourd’hui qu’il y a vingt ou dix ans. Cette acceptation est le reflet inéluctable de l’évolution culturelle importante que les sociétés montréalaise et québécoise ont connue depuis le début des années 90. Nous vivons aujourd’hui dans un Montréal et un Québec de plus en plus multiethniques. Ce n’est pas une faveur qu’on fait aux humoristes issus de la diversité culturelle que de leur faire une place dans le monde de l’humour québécois. Ce n’est certainement pas un cadeau! L’humour de ces derniers est mieux accepté par les Québécois parce que celui-ci reflète désormais la riche diversité culturelle du Québec d’aujourd’hui”, explique Neev en entrevue.

Anthony Kavanagh, Rachid Badouri… ont ouvert la voie à la nouvelle génération d’humoristes québécois issus de la diversité culturelle, rappelle Neev.

“Sugar Sammy a été le premier humoriste québécois à avoir osé assumer pleinement le bilinguisme montréalais. Il a brisé un tabou qui paraissait jusqu’ici indéboulonnable. Il y a quelques années, les blagues indigestes sur le “blackface”, tout le monde trouvait ça “cool”. Aujourd’hui, ce type d’humour, totalement déplacé, met beaucoup de Québécois mal à l’aise. Chose certaine, en 2017, la diversité culturelle est mieux comprise et acceptée par les Québécois. Il y a quelques années, à Saint-Jérôme, on ne me comprenait pas! Pourtant, ce n’est qu’à une vingtaine de minutes de Montréal! Aujourd’hui, je fais des shows bilingues, en français et en anglais, à Rivière-du-Loup. Tout le monde me suit. Un ami humoriste originaire de Jonquière me disait dernièrement: “Neev, au Saguenay, on a aussi Internet et tout le monde voit Netflix!” Aujourd’hui, l’humour québécois aux sauces marocaine, maghrébine, haïtienne, latino-américaine… est mieux compris et accepté.”

La culture sépharade occupe-t-elle une place importante dans le travail artistique de Neev?

“Je suis un Sépharade marocain “pure laine” à 100%. Le Séphardisme fait partie intégrante de ma vie quotidienne. C’est un grand atout pour moi. Cette riche culture, à laquelle je suis viscéralement attaché, nourrit, sans aucun doute, mon imaginaire artistique. Mon humour est le résultat d’une mixité de cultures: juive, francophone, montréalaise, québécoise…”, nous a dit Neev.