Un Montréalais au Conseil municipal de Jérusalem

Dan Illouz

Les élections municipales à Jérusalem auront lieu le 30 octobre prochain.

Conseiller municipal de cette ville, Dan Illouz se présente à ce scrutin sous la bannière du parti Hitorérout —Tous ensemble pour Jérusalem.

Né à Montréal en 1986, diplômé de l’École Maïmonide et de l’École Herzliah, Dan Illouz est détenteur d’un diplôme en droit de l’Université McGill et d’une maîtrise en politique publique de l’Université hébraïque de Jérusalem. Il a été conseiller législatif du Likoud à la Knesset, conseiller juridique du maire sortant de Jérusalem, Nir Barkat, et conseiller auprès de la division juridique du ministère israélien des Affaires étrangères, où il a supervisé le volet juridique de la rédaction de plusieurs traités internationaux.

Dan Illouz publie régulièrement ses analyses politiques dans divers journaux israéliens et canadiens : The Jerusalem Post, Yedioth Ahronoth, Israël Hayom, The Times of Israel, The Toronto Star… Il commente aussi l’actualité politique israélienne et moyen-orientale sur la chaîne d’information continue israélienne I24News. Il est actuellement vice-président de JGIVE, une firme qui développe des outils numériques et technologiques pour aider les organismes à but non lucratif à mener des campagnes de financement via le Web. Dan Illouz est l’auteur de A Free Nation in Our Land  —Une Nation libre sur notre Terre—, un recueil de ses analyses politiques. Il a fait son Aliya en 2009.

Il nous a accordé une entrevue depuis Jérusalem.

Qu’est-ce qui vous a motivé à œuvrer dans le monde de la politique municipale israélienne?

J’ai fait mon Aliya pour des raisons sionistes et idéologiques. Je tenais à faire partie du mouvement de retour du peuple juif à Sion. C’est pourquoi, dès mon arrivée en Israël, j’ai décidé de travailler dans le domaine public. Je voulais être dans “the front line”, comme on dit en anglais. C’est ce qui me motive aujourd’hui à être membre du conseil municipal de Jérusalem. Il n’existe pas une entité plus sioniste que Jérusalem. C’est une fonction que j’assume bénévolement —à Jérusalem, un conseiller municipal n’est pas rémunéré— et qui demande beaucoup d’énergie et de temps. Je suis conseiller municipal de Jérusalem depuis six mois. C’est mon parti, Hitorérout, qui m’a désigné pour remplacer l’un des élus de notre formation qui a démissionné pour des raisons personnelles. Hitorérout a quatre représentants dans l’actuel conseil municipal de Jérusalem. Je tiens à rappeler que je suis, pour l’instant, le seul conseiller municipal sioniste francophone de Jérusalem.

D’après les plus récents sondages, les élections municipales du 30 octobre prochain s’annoncent très serrées.

Oui. Quatre candidats briguent la mairie de Jérusalem. Zeev Elkin, actuel ministre dans le gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui concourra comme candidat indépendant. Il a l’appui de Netanyahou. Ofer Berkovitz, qui représente le parti Hitorérout. Yossi Deitch, candidat de la coalition ultra-orthodoxe Judaïsme Unifié de la Torah, et Moshé Leon, qui compte sur l’appui du parti ultra-orthodoxe Shass. Les derniers sondages créditent Hitorérout de 7 à 8 sièges dans le prochain conseil municipal de Jérusalem.

Présentez-nous votre parti, Hitorérout.

Hitorérout est un parti municipal rassembleur et inclusif. Son unique ligne idéologique est l’amour de Sion. Son principal objectif : constituer un front sioniste uni. En effet, le réel enjeu à Jérusalem est la division existant entre la population sioniste pluraliste et les communautés ultra-orthodoxes, dont plusieurs sont viscéralement antisionistes, et la communauté arabe. Cette dernière a le droit de vote mais boycotte les élections dans la ville. Hitorérout est un parti hétéroclite qui rassemble sous une même bannière des laïcs, des orthodoxes, des gens de droite, des gens de gauche… Moi-même je suis religieux et ouvertement de droite alors que d’autres membres du parti sont des laïcs invétérés et ouvertement de gauche. La force de Hitorérout est son pluralisme social et idéologique. Nous mettons surtout l’emphase sur des questions fondamentales au niveau municipal, telles que le vivre-ensemble quotidien, l’amélioration de la qualité de vie… Les instances municipales de Jérusalem n’ont pas une réelle influence sur les grandes questions nationales.

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Quels sont les principaux enjeux de ces élections municipales ?

 Selon moi, il y a quatre grands enjeux :

1.L’économie. Il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour que la croissance économique que Jérusalem a connue ces dernières années se poursuive. À ce chapitre-là, nous devons reconnaître que le maire sortant, Nir Barkat, a réalisé un bon travail qui a porté ses fruits. Nous devons continuer à tabler sur le développement des entreprises de high-tech et d’un nouveau quartier d’affaires qui sera implanté à l’entrée de Jérusalem.

2.L’amélioration de la qualité de vie des Hiérosolymitains. S’il est vrai que Nir Barkat a été assez performant au niveau macroéconomique, plusieurs aspects de sa politique de gestion quotidienne de la ville sont fort lacunaires : la collecte des ordures, le manque de places de stationnement —c’est un énorme casse-tête et une vraie source de stress pour les habitants de la ville—, ses stratégies de développement durable…

3.L’atténuation des divisions entre les différentes communautés qui habitent à Jérusalem. Il est impératif que Jérusalem devienne une ville plus inclusive où chaque communauté, tout en préservant son mode de vie, puisse se considérer comme une composante à part entière et importante de la ville.

4.L’instauration d’une réelle politique du logement. À Jérusalem, ces dernières années, on a assisté impavides à une flambée du coût des loyers qui pénalise fortement les familles les plus défavorisées.

En tant qu’olim francophone, défendez-vous le dossier de l’intégration des nouveaux immigrants auprès du conseil municipal de Jérusalem? Ce dossier est-il prioritaire pour les instances municipales de la ville?

Regrettablement, l’Aliya et l’intégration des nouveaux olims ne sont pas une priorité pour la ville de Jérusalem. En période d’élection, ces deux thèmes, largement négligés, occupent une place importante dans les discours martelés par les aspirants à la mairie de Jérusalem. Mais, dès le lendemain des élections, on oublie les olims et leur intégration sociale, particulièrement les olims francophones. Le budget alloué par la municipalité de Jérusalem aux différents programmes d’intégration des nouveaux olims est dérisoire: environ 700 000 shekels. C’est un montant insignifiant dans le budget global d’une grande ville comme Jérusalem. Le dossier de l’Aliya et de l’intégration des nouveaux olims n’est pas du tout pris au sérieux. C’est lamentable! Pourtant, on constate chaque année que de plus en plus d’olims, notamment francophones, s’installent à Jérusalem. L’arrivée de ces derniers est fort avantageuse pour Jérusalem. En effet, sur le plan démographique, ces olims renforcent la population sioniste de la ville. Par ailleurs, au niveau économique, les olims constituent un atout important dans la mesure où, grâce aux réseaux de contacts d’un bon nombre d’entre eux, Jérusalem est en mesure de mieux se positionner sur les marchés internationaux. Malheureusement, aujourd’hui, la ville de Jérusalem, de même que le gouvernement israélien, ne font pas assez pour les olims. Il faut absolument renverser cette tendance néfaste.

Quel impact la décision du président Donald Trump de reconnaître officiellement Jérusalem comme la capitale d’Israël a-t-elle eu sur la vie des habitants de la ville?

Jusqu’ici, cette décision historique du président Donald Trump a eu plus d’impact au niveau international que local, c’est-à-dire sur la vie quotidienne des habitants de Jérusalem. D’un point de vue international, le fait que la plus grande puissance du monde reconnaisse Jérusalem comme la capitale d’Israël, cela a indéniablement une signification très forte. D’un point de vue local, municipal, il faut rappeler que l’ambassade des États-Unis n’a pas encore totalement déménagé à Jérusalem. Elle est toujours à cheval entre Tel-Aviv et Jérusalem. Le transfert n’a pas encore été complété à 100 %. Lorsque les diplomates américains travailleront tous à partir de Jérusalem, cela aura certainement un impact économique sur la ville. J’espère que d’autres représentations diplomatiques suivront le pas de l’ambassade des États-Unis en déménageant à leur tour à Jérusalem. L’installation de ces diplomates à Jérusalem contribuera certes au développement économique de la ville.