Une rencontre d’exception dans un pays d’exception, le Maroc

De gauche à droite: Michel Chokron, Jacques Saada, Avraham Elarar, le député David Birnbaum et le sénateur Marc Gold à Marrakech. (CJN photo)

Ce fut une rencontre d’exception dans un pays d’exception, le Maroc du roi Mohammed VI.

Plus de deux cents Juifs marocains provenant d’une quinzaine de pays —Israël, Canada, États-Unis, France, Espagne, Belgique, Suisse, Argentine, Brésil, Chine…— se sont réunis à Marrakech, du 12 au 18 novembre, pour réfléchir sur le sens de leur marocanité et explorer des avenues pour perpétuer leur héritage identitaire marocain dans les pays où ils résident.

Des Marocains musulmans provenant de divers pays ont aussi participé à ces journées d’échanges et de débats fort stimulantes.

Organisée à l’initiative du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), présidé par Abdellah Boussouf, en partenariat avec le Conseil des communautés israélites du Maroc, présidé par Serge Berdugo, la rencontre de Marrakech —”Judaïsme marocain: pour une marocanité en partage”— s’est déroulée sous le sceau du vivre-ensemble, du respect mutuel et de la franchise dans le cadre enchanteur de cette magnifique ancienne cité impériale de l’ouest du Maroc.

Cet événement s’est déroulé sous le haut patronage du roi Mohammed VI.

Au programme: expositions, documentaires, conférences et tables rondes sur divers thèmes relatifs au Maroc d’aujourd’hui et à la marocanité, concerts de musique arabo-andalouse.

Des personnalités de la société civile, des universitaires, des chercheurs, des leaders spirituels, des journalistes, des écrivains, des faiseurs d’opinion, des leaders du monde des affaires, des artistes… ont pris part à cette rencontre.

La délégation du Canada, forte d’une trentaine de personnes, était l’une des plus importantes. Des figures des scènes publique, politique et communautaire canadiennes en faisaient partie.

Notamment: Jacques Saada, président de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) et ancien ministre fédéral, Avraham Elarar, président de la Fédération sépharade du Canada (FSC), le Rabbin Jacob Lévy, leader spirituel de la Congrégation Beth Rambam de Côte Saint-Luc et ancien Grand Rabbin de Genève, le sénateur Marc Gold, qui a assumé, bénévolement, d’importantes fonctions dans diverses institutions communautaires juives canadiennes, David Birnbaum, député de la circonscription provinciale de D’Arcy-McGee, le Dr Émile Elfassi, ancien coprésident de l’association judéo-musulmane marocaine Mémoires & Dialogue, Joseph Gabay, ancien président de la Communauté sépharade du Québec (CSQ) et du Congrès juif canadien, région du Québec (CJC-RQ), Ralph Benatar, ancien président de la CSUQ, le Dr William Déry, ancien président de la CSQ, Esther Krauze, présidente de l’École Maïmonide, Laurent Amram, homme d’affaires et président de l’Académie Yéchiva Yavné, Michel Chokron, ancien président de l’École Maïmonide…

La délégation d’Israël comptait dans ses rangs une trentaine de personnalités de premier plan œuvrant dans divers créneaux professionnels: Yehuda Lancry, ancien ambassadeur d’Israël en France et à l’ONU, Jacques Revah, ancien ambassadeur d’Israël en Belgique, le réputé linguiste et universitaire Joseph Chetrit, considéré comme le meilleur spécialiste des proverbes judéo-arabes, Daniel Bensimon, journaliste au quotidien Haaretz et ancien député du Parti travailliste à la Knesset, Maurice Ifergan, journaliste et analyste politique à la chaîne d’information continue I24News,l’éminent chirurgien orthopédique, le Dr Michael Soudry, l’universitaire et philosophe Meir Buzaglo, fils du célèbre poète juif marocain David Buzaglo, Yehuda Mimran, directeur général de KIAH, la branche de l’Alliance israélite universelle en Israël, l’universitaire Orna Baziz…

Pour Jacques Saada, président de la CSUQ, la rencontre de Marrakech a été une expérience intercommunautaire fructueuse et riche d’enseignements pour le futur.

“Cette rencontre des plus fécondes a été pour moi un exercice d’humilité. En effet, j’ai appris beaucoup de choses au cours des deux journées et demie de discussions et de débats. Ce qui m’a fasciné c’est le message principal véhiculé par cet événement atypique. Il s’adresse en premier lieu à tous ceux et celles qui ont des doutes, ou qui sont pessimistes quant à l’avenir. Comme Juifs, nous vivons des moments très difficiles à travers le monde. On présume que l’antisémitisme, qui est un fléau bien réel, est absolument inéluctable. Mais des réunions comme celle de Marrakech nous redonnent de l’espoir.”

Avraham Elarar, président de la Fédération sépharade du Canada, tient à rendre particulièrement hommage au roi Mohammed VI pour son profond respect à l’endroit du judaïsme marocain et sa contribution majeure au chapitre du rapprochement entre Juifs et Musulmans.

“Mohammed VI a créé l’environnement favorable qui a permis la tenue du type d’événement qui nous a réunis à Marrakech. Cette rencontre nous a lancé un grand défi prometteur. À nous de retourner dans nos communautés respectives pour commencer à convertir en des faits tangibles les divers projets proposés en commun lors de cette rencontre mémorable. Il faut absolument donner une suite concrète à ces journées d’échanges fraternels. Par ailleurs, je vois cette rencontre comme un véhicule pouvant favoriser le rapprochement entre Musulmans et Juifs, qui m’est tellement cher.”

Pour le Rabbin Jacob Lévy, qui est intervenu à plusieurs reprises lors de ces journées d’échanges, le Maroc occupe une place particulière dans le cœur de tous ceux et celles qui en sont originaires.

“On ne peut que se féliciter de retisser des liens avec le peuple du Maroc et de lui montrer combien l’attachement des Juifs marocains à leur pays natal est prioritaire et important. Nous avons grandi et prospéré au Maroc. Par conséquent, c’est la moindre des choses de revenir et de rendre la monnaie de la pièce. C’est un principe fondamental du judaïsme que d’exprimer notre reconnaissance à celui qui nous a reçus et hébergés avec hospitalité. Ce qui me paraît important, c’est que chacun de nous, présent à Marrakech, puisse faire tache d’huile et répercuter autour de lui ce qu’il a vécu au Maroc. Ainsi, nous encouragerons des gens à venir dans ce pays somme toute fabuleux et à en profiter pleinement.”

David Birnbaum, qui a participé à la rencontre de Marrakech à titre privé et non en tant que député de l’Assemblée nationale du Québec, loue le Maroc pour cette initiative audacieuse qui sort des sentiers battus.

“Dans ma vie professionnelle et communautaire, j’ai toujours été très proche de la communauté sépharade, à l’égard de laquelle j’ai beaucoup d’affection. J’ai participé à cette conférence comme observateur. Ça a été pour moi une expérience profonde et porteuse d’un message d’espoir pour l’avenir. J’ai découvert aussi le niveau de solidité des relations qui unissent les Juifs marocains de la diaspora et d’Israël au Maroc. Une relation des plus singulières.”

Un bon nombre de participants à cet événement, remarquablement bien organisé, ont passé le Shabbat à Marrakech. Samedi après-midi, s’est tenu un débat fort animé sur l’avenir de l’identité sépharade, auquel a participé l’écrivain français Pierre Assouline, né à Casablanca, membre de l’Académie Goncourt.

Lors de la séance de clôture, le Dr William Déry a brossé avec brio un rapport de synthèse des débats et interventions ainsi que des propositions et recommandations formulées.